Pour Jean-Luc Michaud, président du CIE, le Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h une première conclusion s’impose selon les données actuellement disponibles : « L’abaissement de la vitesse à 80 km/h ne permettra malheureusement pas la réalisation de l’objectif gouvernemental d’une baisse de 400 tués sur les routes concernées. De plus, l’étude montre que cet échec prévisible sera aggravé par 200 000 années perdues sur les routes, ce qui représente un coût final net de 3,8 milliards d’euros par an, qui pénalisera principalement les habitants et l’économie des régions les plus fragiles ».
L’étude estime en effet le temps perdu induit par la baisse de la vitesse moyenne de -4 km/h sur ces routes à 300 millions d’heures (l’équivalent de 200 000 années de travail ou de loisirs), soit un coût conventionnel de 4,4 milliards d’euros par an. D’autre part, les calculs montrent que, sur les 530 personnes au total décédées en 2017 dans des accidents de la route dus partiellement ou principalement à la vitesse, moins d’une centaine de décès sont susceptibles d’être « évités » sur le réseau à 80 km/h, équivalant par convention à 600 millions d’euros épargnés. Le coût final net de la mesure des 80 km/h avoisinerait ainsi les 3,8 milliards d’euros par an, compte non tenu des surcoûts liés par exemple aux multiples modifications de la signalisation routière, également à la charge des contribuables.
Cette analyse est provisoire et fera l’objet de précisions et d’améliorations au cours des prochains mois et en fonction des données complémentaires auxquelles le Comité, qui attend des pouvoirs publics la plus grande transparence sur ce sujet sensible, pourra accéder à l’avenir (linéaire et trafic des routes concernées, relevés des vitesses pratiquées sur ce réseau, accidentalité routière constatée, part du facteur ‘vitesse’ dans la survenue des accidents de la route…).
Le Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h (CIE) s’est donné pour mission d’évaluer la pertinence de la mesure d’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes du réseau secondaire dépourvues de séparateur central. Depuis 2009, la loi française impose en effet que tous les grands projets d’investissement public fassent l’objet d’une étude d’impact chiffrée des effets bénéfiques et néfastes (exprimés par convention en valeur monétaire) induits par leur mise en œuvre. Cette évaluation doit déterminer si le projet est opportun du point de vue de l’intérêt général.
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