Choisiriez-vous pour conjoint une personne d’une autre origine ethnique ou sociale que la vôtre ? Des enquêteurs d’Ipsos ont creusé le sujet.
Sites de rencontres : marqueurs ethniques malgré eux
Fruits de notre époque, les sites de rencontres font désormais partie intégrante du quotidien d’un nombre non négligeable de personnes. Mais, paradoxe de l’histoire, ces purs produits du monde moderne (avec ses avantages et inconvénients) font aussi ressortir une certaine tendance « naturelle » chez leurs utilisateurs : celle qui consiste à sélectionner un(e) partenaire potentiel(le) en fonction de ses aspirations et de ses goûts les plus personnels. Se pose alors l’inévitable question de l’apparence physique. Et avec elle, celle de la couleur de peau. C’est ici que les choses se compliquent !
Une étude réalisée par l’Ifop (institut de sondages) et rendue publique le 18 décembre a porté sur « le poids des origines et du lieu de résidence dans le choix du conjoint des Parisiens ». Menée par le département « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop, l’enquête a pris en compte les réponses d’un échantillon de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus.
Les actes ne suivent pas les paroles
Quels sont les enseignements de cette étude de l’Ifop ? La première chose à souligner est que, si le discours consistant à valoriser « la mixité sociale et ethnique sur le plan sexuel » est dominant dans cette enquête parisienne, la réalité est bien différente en ce qui concerne les choix conjugaux concrets.
Ainsi, les parisiens interrogés ne sont que 26 % à considérer que la religion à une importance dans le choix du partenaire. Ils ne sont par ailleurs que 23 % à indiquer tenir compte des origines ethniques du potentiel conjoint. Un discours qui semble toutefois peu mis en pratique par ces mêmes personnes au regard des résultats suivants :
Les Parisiens en couple au moment du sondage affirment, pour 69 % d’entre eux, que leur conjoint résidait dans Paris intra-muros au moment où ils l’ont rencontré. Une endogamie géographique qui est particulièrement présente dans les quartiers les plus aisés de la capitale française. À savoir 75 % dans le 15e arrondissement et 74 % dans les 7e, 8e, 16e et 17e arrondissements. De plus, si près d’un quart (23 %) des Parisiens est en couple avec quelqu’un résidant en banlieue au moment de leur rencontre, ces partenaires provenaient beaucoup plus souvent des départements les plus « riches » de l’Île-de-France. En l’occurence les Hauts-de-Seine (6 %). Dans le même temps, seulement 3 % vivaient en Seine-Saint-Denis…
Féminisme VS couples mixtes ?
Le contraste entre les paroles et les actes se renforce davantage lorsque se présente la question ethnique. Sur le panel interrogé, les Parisiennes sont 62 % à exprimer leur refus de s’unir avec « des gens correspondant à l’image qu’elles ont des hommes originaires d’Afrique sub-saharienne ». Elles répondent par la négative à 57 % concernant le Maghreb/Moyen-Orient. L’une des principales pistes d’explications avancées par Ipsos pour tenter de comprendre cette réticence est la « trop grande distance sociale, ethnique ou culturelle » avec ces extra-européens. Qu’il s’agisse d’Africains sub-sahariens ou de Maghrebins et de Moyen-orientaux, ils apparaîtraient comme « porteurs d’une culture conservatrice peu respectueuse des principes d’égalité entre les sexes », toujours selon les termes d’Ipsos.
Quant aux hommes asiatiques, ils ne sont pas plus en odeur de sainteté auprès des Parisiennes interrogées qui refusent à 54 % d’avoir une relation avec quelqu’un venant d’Asie du Sud-Est.
Incontournable endogamie
Enfin, autre conclusion et non des moindres, l’étude montre que le critère ethnique est moins présent dans l’optique d’une relation non pas sérieuse mais purement sexuelle. Les femmes de l’échantillon Ipsos ne rejettent alors les habitants de Seine-Saint-Denis qu’à hauteur de 27 % et les individus originaires d’Afrique sub-saharienne à 52 %. Un rejet qui atteint 57 % lorsque la question d’une relation sentimentale se présente.
Un dernier point qui explique en partie la propension de certaines femmes à « s’amuser » et à « découvrir de nouvelles expériences » durant la vingtaine avant de se tourner, à l’approche des trente ans, vers des hommes moins exotiques mais plus sécurisant sur le plan social comme culturel. La nature et l’instinct de conservation reprendraient alors vite leurs droits. Les sites de rencontres où abondent ces profils de « secondes mains » désormais en quête de « stabilité » en sont les meilleurs preuves. À Paris comme ailleurs.
Crédit photo : Pixabay (CC0/StockSnap)
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