Seuls les blocages et la violence paient. Telle pourrait être la conclusion (temporaire) de ces semaines de mobilisation de Gilets jaunes à travers toute la France, qui ont amené le Gouvernement a proposé des mesurettes (gel de la hausse des taxes durant six mois), avant d’éventuelles réformes en profondeur.
Quelques mois après l’abandon du projet d’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes en raison des manifestations, des blocages et des violences sur la ZAD et à Nantes, voici une nouvelle confirmation qu’en France, pays paralysé à cause de ses institutions d’un autre temps, on n’obtient rien si on se tait ou si on proteste en silence.
Les banlieues françaises s’embrasent suite à un contrôle d’identité qui tourne mal ? Le Gouvernement (celui-ci, comme ceux qui l’ont précédé) évoque ou même lance un énième « grand plan banlieue », à coups de milliards d’euros.
Les agriculteurs incendient une sous-préfecture ou mènent des actions coup de poing dans toute une Région ? Le Gouvernement invite les corporations à la table des négociations et sort le chéquier.
Les Gilets jaunes manifestent, bloquent, ralentissent l’économie, et pour certains, cassent ? Le Gouvernement fait d’abord la sourde oreille avant de prendre conscience que les choses peuvent réellement déraper.
Des exemples comme ceux-ci, il y’en a pléthore en France, signe d’un véritable malaise qui monte, qui monte, telle une vague qu’on ne peut plus arrêter. A contrario, ceux qui manifestent plutôt en silence n’obtiennent rien : avez-vous vu La Manif pour tous obtenir la moindre concession sur le mariage homosexuel alors que des millions de manifestants sont allés calmement dans la rue voici quelques années ? Non, bien sûr que non.
Avez-vous vu les retraités obtenir des garanties sur leur avenir, suite aux manifestations gentillettes pour défendre leur pouvoir d’achat ? Non.
Pourquoi s’accrocher absolument à une institution qui ne fonctionne plus ?
Ces exemples récents — on pourrait en trouver d’autres — montrent l’impasse totale dans laquelle se trouve la Vème République en France, qu’ils ne sont malheureusement que très peu à vouloir stopper. Car pourquoi s’accrocher absolument à une institution qui ne fonctionne plus, qui n’est plus à même de répondre aux défis du 21e siècle ? Pourquoi vouloir s’accrocher à des traités, à des pactes, à des conventions, qui datent d’un autre temps, d’un autre siècle ?
Voyez-vous des scènes comme il se passe actuellement en France, dans un pays comme la Suisse ? Non, bien sûr que non. Car la Suisse, notre petit voisin, est une démocratie apaisée. Avec ses faiblesses sans doute, mais apaisée, où les gens semblent plus heureux de vivre ensemble, de partager les mêmes valeurs au sein d’un pays décentralisé, mais unifié, où les citoyens sont des acteurs de leur avenir, tandis qu’en France ils le remettent entre les mains d’une petite minorité planquée derrière l’appellation de « démocratie parlementaire ».
Ces messieurs de la haute n’ont pas compris qu’avant la Révolution française, c’est le Roi qui maintenait l’unité relative d’un pays qui garantissait encore la liberté et la diversité de ses régions. La Révolution française a érigé ensuite l’égalité comme principe fondamental, sans pour autant parvenir à unifier (si ce n’est pas la guerre et l’opposition à d’autres) des peuples divers et aux horizons bien différents. La suite n’a été qu’une succession de changements de régime, jusqu’à cette Vème République née des cendres d’une guerre civile européenne qui aura traumatisé plusieurs générations.
Il est temps de tourner la page. Il est temps de permettre aux citoyens qui le souhaitent — certains n’aspirent nullement à cela — à se mêler à la vie de la cité, c’est-à-dire à la politique. C’est le principe de la démocratie directe et de la subsidiarité. Il ne s’agit pas d’une utopie, mais bien d’un système qui a fait ses preuves chez nos voisins, qui peut s’améliorer, et qui est parfaitement vivable.
Référendum : La France doit-elle adhérer au pacte de Marrakech sur les migrations ?
En Bretagne, quelle est l’utilité des départements et des communautés de communes ou d’agglomération, si ce n’est d’engraisser quelques barons locaux, de donner un surpouvoir aux métropoles, de créer une bureaucratie et des dépenses incontrôlables ? Pourquoi ne pas revenir aux échelons villes, pays (c’est-à-dire les pays historiques), région, nation, continent ? Pourquoi ne pas permettre à chaque citoyen, en fonction des pouvoirs confiés à son échelon, de soumettre au vote des siens, s’il obtient les signatures suffisantes (5 % de l’échelon concerné ?), son projet, sa revendication ? Le tout conjugué avec l’élection, à la proportionnelle, de citoyens-élus (et non pas de professionnels de la politique) dans les assemblées locales, régionales, nationales, continentales (uniques) qui veilleraient au bon déroulement de cette démocratie directe. Imaginez les économies, imaginez les changements….
En Suisse, on vote par courrier, par correspondance, par Internet ! Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’est pas possible en France d’instaurer la même chose, ce qui limiterait le bordel gigantesque — et dans certaines localités suspectes — que l’on retrouve lors de chaque élection (bureaux de vote, assesseurs…). Oui, rien n’empêche à ce que chaque mois ou chaque trimestre, le citoyen connecté (puisqu’on peut également imaginer un grand chantier continental pour équiper chaque foyer avec une connexion Internet sécurisée) se connecte durant quelques minutes, quelques heures, et se prononce sur les sujets qui le concernent, ou s’abstienne s’il ne souhaite pas participer à tel ou tel vote.
Imaginez, la société apaisée qui naitrait de ce changement total de paradigme, de comportement. Plus besoin d’aller bloquer, plus besoin de manifester, plus de violences. La France doit-elle adhérer au pacte de Marrakech sur les migrations ? Vote national du jeudi 6 au dimanche 9 décembre, verdict le 10 au matin, à charge ensuite au président élu pour faire respecter la volonté du peuple à l’international d’appliquer sa décision (ou d’être démis de ses fonctions s’il refuse). Faut-il fermer les centrales nucléaires en France ? Débat public sur une année, partout en France. Vote dans un an. Décision irrévocable ensuite.
Faut-il rétablir l’impôt sur la fortune ? La Loire-Atlantique doit-elle revenir en Bretagne ? Quid des taxes sur l’électricité ou le gaz ? L’aéroport de Notre-Dame des Landes doit-il se construire ? Faut-il hausser le SMIC ? Doit-on détaxer la proximité et favoriser la production locale ? Le Code pénal doit-il être réécrit et simplifié ? L’intelligence artificielle peut-elle remplacer, aux côtés d’un jury populaire, le rôle des magistrats pour une Justice plus impartiale ? Faut-il sanctuariser le domicile privé ? Droit du sol ou droit du sang ? Abrogation ou maintien des lois encadrant la liberté d’expression en France ? Des questions posées au peuple, il pourrait y en avoir des millions….Charge ensuite aux élus et aux spécialistes de tel ou tel domaine, de faire appliquer la volonté populaire.
Tout est une question de volonté. Et si nos gouvernants s’accrochent aujourd’hui à leur vieux monde, car ils sont dépassés par la situation, il faut faire en sorte de les décramponner, de renverser la table, de les faire redescendre sur terre.
C’est le prix à payer pour une société vraiment apaisée. Tel est le prix à payer de notre liberté et de celle des générations à venir ! Ce ne sont ni les décideurs politiques, ni ceux qui ont conduit au marasme dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui qui sauveront votre commune, votre Bretagne, votre France, votre Europe, votre Monde. C’est la démocratie directe, réelle, totale, et immédiate ! Le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple !
Julien Dir
« Princes, entendez-bien ….»
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