Pas de démocratie, pas de méritocratie, bienvenue chez les Insoumis. Après une collaboration de près de 10 ans avec Jean-Luc Mélenchon, le spécialiste des questions internationales Djordje Kusmanovic a annoncé son départ de la France Insoumise mercredi dans une tribune publiée par Marianne.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Son éviction pure et simple des listes pour les élections européennes, des listes intégralement chapeautées de A à Z par Manuel Bompard, à la tête du comité électoral alors qu’il est également tête de liste et huissier dans la mesure où il était responsable du décompte des voix.
En réalité, Kusmanovic était dans le collimateur d’une partie des cadres du mouvement depuis un certain temps. Accusé d’être à l’origine des positions de Jean-Luc plus sceptiques sur l’immigration de Jean-Luc Mélenchon, cet ancien militaire d’origine serbe était devenu la bête noire des sans-frontiéristes. L’ancien coordinateur du livret sur la politique internationale de l’Avenir en Commun, le manifeste des Insoumis pour la présidentielle, explique avoir subi une cabale lorsqu’il soutenait l’initiative allemande de Sarah Wagenknecht, le mouvement « Debout », résolument de gauche et résolument contre les vagues migratoires accueillies par l’Allemagne sans discernement. Kusmanovic va même jusqu’à expliciter que la négation des problèmes dus à l’islamisme ainsi que la cécité à l’égard des défis posés par l’immigration sont responsables de ravages chez leurs potentiels électeurs. D’ailleurs, le groupe d’action Hébert du 18earrondissement de la Capitale a été évacué du mouvement des Insoumis pour avoir organisé un débat sur le communautarisme islamiste au sein du syndicalisme. En réalité, une partie des cadres du mouvement ont voulu conquérir une importante par de l’électorat d’origine étrangère… Une stratégie qui ne paie pas sur le long terme, pourtant, Mélenchon continue de choisir presque systématiquement les zones où la population d’origine immigrée est la plus présente pour faire ses meetings…
Problème selon Kusmanovic : cet angélisme multiculturaliste résolument ancré à gauche qui néglige les préoccupations du plus grand nombre et fait apparaître LFI comme une vieille gauche parée de nouveaux habits.
A ce titre, l’alliance avec les déçus du PS, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann a renforcé l’impression d’avoir à faire à un parti hors sol, comme les autres.
Dans sa tribune, l’homme n’y va pas par quatre chemins. Il estime que la France Insoumise est dans l’impasse, aux antipodes de l’élan insufflé pendant la campagne présidentielle de 2017. Il évoque une organisation chaotique rythmée par le mépris de certains apparatchiks, jouissant d’un flou généralisé au vu de l’absence d’instances officielles. En somme, Kusmanovic explique combien, derrière cette image de démocratie participative généralisée au sein du mouvement, seule un petit groupe a une réelle influence sur la structure et surtout le leader.
Une influence mue par l’obsession gauchiste selon ce proche déçu de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, Kusmanovic semble convaincu que la ligne « rassemblement de la gauche » est une ligne perdante dans la mesure où elle élime le mouvement sur des questions secondaires. En guise d’exemple, l’égalité homme-femme qui devrait passer davantage par la lutte pour l’égalité salariale que pour l’écriture inclusive…
Le démissionnaire déplore donc cette idéologie dépourvue de pragmatisme politique qui devrait pousser à se concentrer sur les aspects sociaux et non sociétaux comme c’est trop souvent le cas.
Djordje Kusmanovic déplore évidemment en toile de fond l’abandon ou la mise à l’écart de la thématique de la souveraineté au profit d’une ligne molle et d’un flou sur les divers accords internationaux et européens.
Face à ces désaccords désormais majeurs entre la ligne défendue par Djordje Kusmanovic et celle suivie par la France Insoumise, difficile de savoir si le lieutenant de Jean-Luc Mélenchon claque la porte pour être finalement rattrapé in extremis par le leader lui-même après une prise de conscience… Une prise de conscience qui sera toutefois difficile il est entouré d’un groupe aux idées internationalistes peu porteuses. Il semble toutefois que le patron insoumis se laisse isoler de ses fidèles lieutenant petit à petit. Avant Kusmanovic, Charlotte Girard avait abandonné l’idée de se lancer dans les listes européennes… Jean-Luc Mélenchon n’avait pas non plus bougé malgré la proximité presque fusionnelle qu’il entretenait avec François Delapierre, le défunt mari de Charlotte Girard.
Il semble donc qu’une faction gauchiste œuvre pour isoler Jean-Luc Mélenchon de toute influence qui infléchirait la ligne… A qui le tour ?
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Une réponse à “La France Insoumise : les gauchistes mènent la danse”
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