Toute sa vie l’abbé Yann Vari Perrot aura été à l’initiative de nouveaux projets ; l’une des plus grandes réussites étant bien entendu les « Fêtes de la bruyère ». En 1903, après un passage comme auxiliaire à la Forêt‑Landerneau, l’abbé Perrot se retrouve finalement vicaire à Saint-Vougay.
Maintenir la foi bretonne
Encouragé par son cardinal, il rencontre très rapidement le comte de Coatgoureden et expose son projet : maintenir et défendre les essentielles traditions bretonnes ; aider le renouveau de la littérature bretonne ; maintenir la foi Bretonne :
« Si notre mission est culturelle et spirituelle, elle est aussi sociale. Nous avons de bonnes raisons d’être inquiets, mais notre inquiétude trouvera son apaisement qu’en nous mettant au travail.* »
Le comte et la comtesse conquis vont donc offrir la cour du château, son parc et les allées du domaine de Kerjean pour la première édition des festivités. C’est le lancement des « Gouel ar Bleun-Brug », comprenez « Fête de la bruyère ». Référence à ces petites fleurs mauves de nos landes qui s’accrochent au sol breton.
Trois mots qualifient au mieux les Bleun-Brug : vérité, sacré et beauté. Le programme s’établissant en trois parties : une journée excursion où l’on visite le domaine ainsi que les environs, une journée de réflexions et de conférences comprenant bien entendu de la théologie chrétienne, des leçons sur l’histoire de la Bretagne, et une journée de fête composée de danse et nombreuses pièces de théâtres.
« Les plus nobles instincts de sa race »
« Voyez ! Ce peuple qui se rend à Saint‑Vougay, non pas pour y vaquer à ses habituelles transactions foraines mais pour y communier avec les plus nobles instincts de sa race dans les joies désintéressées de l’art, de la poésie, de la beauté et du sacré.* »
Mais attention, l’abbé Perrot ne voulait pas tomber dans le piège du « folklore breton ». Il s’y oppose clairement. D’ailleurs, il prend l’exemple de la « Fête des Filets bleus » à Concarneau. Elle se trouve à l’opposé de l’esprit Bleun-Brug, et représente la pieuvre parisienne
avec l’élection d’une « miss », des danses à la mode de Paris, fanfare municipale et patronages. Autrement dit, une fête consumériste qui ne proposait plus rien jusqu’à la suivante et où il manquait deux choses essentielles, à savoir une dimension culturelle et spirituelle.
Hormis une trêve durant la première guerre mondiale, les festivités auront lieu chaque année jusqu’en 1942, l’évêché considérant que, par les temps de guerre d’alors, il était inapproprié de faire la fête. De plus, il n’est pas impossible que l’hostilité contre les Bleun-Brug, affichée par la « Résistance », convainquit l’évêché d’arrêter les festivités. La mort de l’abbé y met le coup d’arrêt, mais certains de ses héritiers reprendront le flambeau, et ce, malgré les multiples campagnes de calomnies portées par la Résistance envers le prêtre. Le Bleun-Brug reprend donc en 1948 avec l’aval de l’évêché, jusqu’en 1955, et rassemblera jusqu’à 60 000 personnes à Landivisiau.
L’abbé Perrot trahi par les marxistes
Il faut reconnaître que ces derniers évènements furent très réussis, l’entourage de l’abbé Perrot et notamment Herry Caouissin, oeuvrant dans l’ombre. L’année 1956 est l’année charnière où des divergences vont ressortir et où nous assistons donc à la création de néo‑Bleun-Brug, totalement dépourvus de spiritualité. Les nouveaux dirigeants se démarquent complètement de l’abbé Perrot. Ils ne cacheront pas
d’ailleurs, dans leurs « Cahiers du Bleun-Brug », leur rejet de l’héritage de « Feiz ha Breiz », au profit des idéologies progressistes et marxistes, et ce jusqu’à sa disparition en 1979.
Pour se donner bonne conscience, certains diront que les Bleun-Brug n’étaient pas adaptés à notre époque. Aujourd’hui, on peut considérer le Puy Du Fou comme un héritier le plus proche de l’esprit du Bleun‑Brug dans la mesure où il puise sa sève dans l’histoire de la Vendée, de la France, et de l’Europe.
*Source : J’ai tant pleuré sur la Bretagne, Vie de l’abbé Yann-Vari Perrot par Youenn Caouissin.
Yoann PH
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