J.J. Urvoas : « Un gouvernement resserré est une chimère »

01/04/2014 – 14H00 Quimper (Breizh-info.com) – Considéré comme « ministrable » – on parle de lui pour l’Intérieur ou la Justice -, le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas estime qu’un gouvernement resserré est une « chimère ». En contradiction avec la volonté exprimée par François Hollande dans son allocution d’hier soir. Pour le président de la République, en effet, le futur gouvernement « sera une équipe resserrée, cohérente et soudée. » Cela dissuadera-t-il le président de la prestigieuse commission des lois à l’Assemblée Nationale d’entrer dans le gouvernement Valls ? On peut en douter.

« Avec une constance qui défie les Républiques, le refrain de la nécessité d’un « gouvernement resserré » réapparaît dans les éditoriaux et les commentaires politiques. Pourtant, il ne verra pas plus le jour demain qu’il n’a pu hier exister », écrit sur son blog ce proche de Valls qui est aussi président de la prestigieuse commission des lois à l’Assemblée Nationale.

Rappelant au passage l’étymologie du mot « ministre » – « de minus, le minister est celui qui est moins qu’un autre, le serviteur d’un autre, le contraire du magister, celui qui est plus, le maître -, le député breton estime que cette  fonction « reste centrale dans l’architecture gouvernementale et son importance numériquement conséquente en dépit des proclamations initiales. »

Pour justifier son argumentation, J.J. Urvoas rappelle que « les sollicitations qui découlent de la fonction ministérielle sont telles qu’il est matériellement impossible de l’assumer pour un seul individu. J’observe par exemple la lourde servitude que représente pour l’emploi du temps des ministres les demandes hebdomadaires des 8 commissions de l’Assemblée tout autant que la durée de nos débats dans l’hémicycle ! ».

Selon lui, « un gouvernement resserré aboutirait concrètement à laisser une très grande marge de manœuvre aux cabinets qui épaulent les ministres voire aux administrations centrales placées sous leur autorité. Comment en effet chaque jour écouter, travailler, arbitrer, concilier, présenter et défendre des politiques publiques sans déléguer largement ? Et dans ces cas là ne vaut-il pas mieux s’en remettre à un ministre délégué ou à un secrétaire d’Etat plutôt qu’à un collaborateur ou un haut fonctionnaire ? »

Et l’élu finistérien de conclure : «  Voilà pourquoi, je ne crois pas à cette rengaine. Au mieux, demain, le Président rétractera le nombre de ministres de plein exercice (…) mais il ne pourra se passer de ministres délégués et de secrétaires d’Etat. Cela pourra modifier la présentation médiatique mais ne masquera pas la réalité gouvernementale. »

Cette analyse, émanant d’un fin connaisseur de la pratique gouvernementale, ne devrait toutefois pas dissuader Jean-Jacques Urvoas d’entrer, si on le sollicite, dans le gouvernement de Manuel Valls, même si celui-ci est « resserré ». Un poste de minus – pardon, de ministre – ça ne se refuse pas.

Crédit photo : Parti socialiste/Flickr (cc)
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