Conseiller régional est un petit boulot qui nourrit mal son homme lorsqu’on ne pratique pas le cumul avec un autre mandat (conseiller départemental, maire, président de communauté de commune…) ? C’est le cas de Christophe Clergeau, aujourd’hui leader du groupe de gauche au conseil régional des Pays de la Loire ; il connut son heure de gloire lors du mandat précédent en tant que premier vice-président et dauphin désigné du président de l’époque, Jacques Auxiette (PS).
Malheureusement pour Clergeau, la liste qu’il dirigeait aux dernières élections régionales (décembre 2015) fut battue. Au second tour, elle n’obtint que 35,56% des suffrages, alors que celle de droite (Bruneau Retailleau) enlevait la première place avec 42,70%. Notons qu’en Loire-Atlantique – c’est-à-dire dans la partie bretonne des Pays de la Loire – Christophe Clergeau arrivait en tête avec 45,23%, alors que Bruno Retailleau se contentait de 39,16% des suffrages. Essentiellement grâce à Nantes et à Saint-Nazaire où la liste de gauche faisait la course en tête avec, respectivement, 18 000 et 7 000 voix d’avance. Clergeau avait eu alors cette phrase historique : « Je crois que Bruno Retailleau a un projet dangereux pour la cohésion, les valeurs d’ouverture et de justice des Pays de la Loire, le tissu social, culturel et associatif » (Presse Océan, lundi 14 décembre 2015).
Un professionnel de la politique
A 50 ans, Le Nantais Clergeau entendait succéder à Jacques Auxiette comme président du conseil régional des Pays de la Loire. A coup sûr, c’est un professionnel de la politique, même s’il se présentait, en 2015, comme « chargé d’enseignement à l’université de Nantes », tout en demeurant discret sur son itinéraire. Il prend la tête des Jeunes rocardiens, à la suite de Manuel Valls, dans les années 1990. Il travaille au cabinet du ministère de l’Agriculture de 1997 à 1999, avant de se faire élire pour la première fois à la Région en 2004. Mais surtout, il est le fils de Marie-Françoise Clergeau (PS), qui fut député de la circonscription Nantes – centre jusqu’en 2017.
Le dire dans la misère serait excessif car notre homme s’est recyclé à Bruxelles, quelques relations aidant. C’est ainsi qu’il a été désigné rapporteur du programme « Horizon Europe » qui sera examiné par le Parlement européen. On le trouve également au comité européen des régions en tant que membre du bureau (Presse Océan, vendredi 27 juillet 2018). Tout cela doit bien valoir quelques indemnités…
Se recaser comme député européen
Mais place, aujourd’hui, aux choses sérieuses. Petite main à Nantes et à Bruxelles, cela doit sembler insuffisant à Clergeau ; il souhaite donc se recaser comme député européen. Pour l’instant, il est candidat à la candidature pour figurer sur la liste présentée par le PS. Mais Clergeau ne fait pas dans l’abnégation : « Je suis candidat pour figurer dans les dix premiers. Je serai déçu, oui, de ne pas en être. Avec cette règle à la plus forte moyenne et compte tenu des petits partis, on peut considérer qu’on obtiendra un siège avec 1% des voix » (Presse Océan, mercredi 17 octobre 2018).
Or, le dernier sondage portant sur les intentions de vote pour les élections européennes de mai 2019 crédite la liste du PS de 4,5% des voix (Odoxa, Le Figaro, vendredi 14 septembre 2018). Une semaine plus tôt, l’IFOP accordait 6% à la liste socialiste (Paris Match, 6 septembre 2018). Dans ces conditions, pour être certain d’être élu, Clergeau devra figurer dans les quatre ou cinq premiers de la liste… D’où la nécessité de manœuvrer finement lorsqu’il lui faudra choisir son camp. Car, d’après Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, « sur l’Europe, deux textes vont être soumis au vote des adhérents : le premier (celui de la direction du PS) explique que la commission Juncker est le bras armé de la mondialisation libérale et le deuxième (celui de l’aile gauche) propose de sortir du PSE » (Le Monde, vendredi 5 octobre 2018).
Les adhérents du PS attendent des explications de Christophe Clergeau. Dans quel groupe se situe-t-il ? Parmi les « critiques » vis-à-vis de la Commission européenne ou bien parmi ceux qui veulent rompre avec le Parti socialiste européen – c’est-à-dire avec le groupe des socialistes et des sociaux-démocrates du Parlement européen – En résumé, la contestation où la rupture…
Bernard Morvan
Photo : Ouest Médias/Flickr (cc)
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