Un lecteur de Marianne (5 octobre 2018) rappelle que « la IIIème République s’est acharnée à éradiquer les cultures régionales, traitant de patois des langues comme le catalan, le breton ou le basque. Il fallait par ce moyen garantir l’unité de la France. C’est ainsi que des populations importantes de la France ont été déracinées de leur propre culture dans leur propre pays. »
Mais ce n’est pas tout : « Aujourd’hui, l’État français, tous gouvernements confondus, refuse avec constance d’intégrer dans le droit national la directive européenne sur les langues régionales, en opposant l’article 2 de la Constitution. Aussi, cette attention à la culture et à la langue arabes (Que Jack Lang trouve merveilleuse), après avoir éradiqué et marginalisé les langues catalane, occitane, bretonne et basque, est profondément injuste. Au nom de l’unité de la nation, on devrait faire subir le même sort à la langue arabe que celui subi par les langues autochtones de l’État français ».
Président de l’Institut du monde arabe, Jack Lang ne partage pas du tout cet avis. Il milite évidemment en faveur du développement des cours d’arabe dans les écoles. Pour différentes raisons qu’il explique dans une tribune publiée par Le Monde (jeudi 20 septembre 2018). Pour ce faire, il n’hésite pas à remonter à François 1er… A le lire, « le combat pour l’apprentissage de l’arabe est en réalité une des facettes d’un combat plus vaste, celui du plurilinguisme, heureusement engagé par le président de la République ». Car « l’enjeu est précisément de maintenir la langue arabe dans le cadre des nos institutions républicaines ». De ce fait, « développer l’enseignement de l’arabe dans nos écoles est une urgence pour nos élèves, une urgence pour notre société, une urgence pour la République ». Pas moins.
Effectivement, la revendication de Jack Lang apparaît fondée dans les zones où la population musulmane est majoritaire : Seine-Saint-Denis, quartiers nord de Marseille, banlieues dites « sensibles ». Enseigner l’arabe à ces populations constitue certainement le meilleur moyen de leur éviter le déracinement. Et peut-être de leur montrer que leur monde se situe ailleurs. Dans la même logique majoritaire, on pourrait faire bénéficier les jeunes Bretons – majoritaires dans la jeunesse de nos cinq départements, jusqu’à nouvel ordre – de l’enseignement du breton et du gallo. En effet, ce qui deviendrait valable pour les Arabes doit l’être également pour les Bretons. Sinon il n’y a plus de démocratie et de respect de l’égalité des droits. Et, pour parler comme Jack Lang, « le combat pour l’apprentissage du breton et du gallo est en réalité une des facettes d’un combat plus vaste, celui du plurilinguisme ».
Louis Redon
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