La langue bretonne compterait environ 207 000 locuteurs en Bretagne, tandis que le gallo totaliserait 191 000 locuteurs. Au delà de ces chiffres, qui ne sont que des chiffres difficiles à faire parler, on peut également s’interroger sur un désintérêt croissant de la population en Bretagne, pour le breton comme pour le gallo. Mais également, si l’on se fie aux résultats d’une enquête commanditée par la Région à l’institut TMO Régions, à une baisse du sentiment identitaire exclusivement breton, notamment chez les plus jeunes.
« Du 7 juin au 3 juillet derniers, plus de 8 000 personnes des cinq départements de la Bretagne historique (Finistère, Morbihan, Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique), âgées de 15 ans et plus, ont été sondées par téléphone : une enquête d’une telle ampleur et portant à la fois sur le breton et le gallo n’avait encore jamais été réalisée.
Quels sont les taux de locuteurs en Bretagne historique ? Quelle est leur répartition selon les territoires ? Quels sont les modes d’apprentissage des langues de Bretagne en fonction de l’âge ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles répond cette enquête très attendue : elle permet de mesurer le nombre de locuteurs, mais aussi leur niveau, leur usage des langues au quotidien et leurs attentes.
Première collectivité à mettre en place, en décembre 2004, une politique linguistique pour revitaliser et promouvoir l’usage des langues de Bretagne, la Région Bretagne souhaite aujourd’hui renforcer encore son action pour développer les langues de Bretagne. Elle s’appuiera sur l’enquête sociolinguistique approfondie confiée à l’institut TMO Régions pour définir une nouvelle politique linguistique. » expliquent les responsables à la Région Bretagne.
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Les chiffres principaux de l’enquête sur les langues de Bretagne :
Le breton : environ 207 000 locuteurs
- 5,5 % de la population parle breton, soit environ 213 000 personnes dans les 5 départements de la Bretagne historique (qui compte environ 4,6 millions d’habitants).
L’âge moyen des locuteurs est de 70 ans : il a augmenté de 7 ans 1/2 depuis l’enquête de 2007. - 3,5 % de la population déclare comprendre très bien ou assez bien le breton sans le parler.
- 31 % maîtrise quelques mots ou expressions.
- Au total, 40 % de la population possède des connaissances en langue bretonne.
Le gallo : 191 000 locuteurs
- 5 % de la population parle gallo, soit environ 196 000 personnes.
- 4 % de la population déclare comprendre très bien ou assez bien le gallo sans le parler.
- 15 % maîtrise quelques mots ou expressions.
- Au total, 24 % de la population possède des connaissances en gallo.
Les différences entre Haute-Bretagne et Basse-Bretagne
Il y a bien deux Bretagnes, la haute, et la basse, comme en témoigne cette étude.
Ainsi, 33 % des habitants de Basse Bretagne déclare entendre parler Breton autour d’eux, contre 10 % en Haute Bretagne (à l’inverse, 6 % et 15 % le Gallo). A noter que c’est dans le Finistère, et notamment dans le secteur que Carhaix, que la langue bretonne s’entend le plus. Pour le gallo, c’est dans le centre Bretagne.
Au total, 9 % de la population comprend assez bien le breton, 9% assez bien le gallo (pour le Breton, 20 % en Basse Bretagne, 2 % en Haute Bretagne, pour le Gallo, 4 % et 13 %)
Lorsque l’on parle de locuteurs toutefois, il faut noter que cela exclut par ailleurs ceux qui ont déclaré ne connaitre que quelques mots ou expressions (20 % des sondés) . Parmi ces locuteurs (qui maitrisent bien ou très bien la langue bretonne), 42 % emploient le breton au moins une fois par semaine, 22 % tous les jours ou presque. Les chiffres sont sensiblement les mêmes pour le gallo.
A noter également que 72 % des locuteurs bretons sont des retraités (53 % des locuteurs gallo) et que 90 % des locuteurs bretons ne communiquent en breton ni par Internet ni par smartphone (mails, sms, réseaux sociaux… 91 % pour le gallo).
Autre mauvaise nouvelle pour la langue bretonne, 64 % des gens qui se déclarent non locuteurs (c’est-à-dire 94 % de la population de Bretagne historique) ne souhaitent pas l’apprendre ou n’auraient pas souhaité l’apprendre (34 % oui). Pour le gallo, 42 % ne savent pas ce que c’est, 45 % ne souhaitent pas l’apprendre.
Le sentiment identitaire en baisse
L’affirmation identitaire, difficile à chiffrer également, semble en baisse. Seuls 18 % des sondés se déclarent ou bien seulement breton (4 %) ou bien plus breton que français (14 %), tandis que 38 % se considèrent autant français que breton, 17 % plus français que breton, et 22 % seulement français. Il y a donc 5 fois et demi plus d’habitants, parmi la population bretonne, à se sentir seulement français, qu’à se sentir seulement breton.
A noter que plus l’âge est faible, plus le sentiment identitaire exclusivement breton diminue (15 % pour les 15-24 ans, contre 22 % chez les 60-69 ans).
Dans une ville comme Nantes, 59 % des sondés se déclarent « Seulement français ou plus français que breton » (40 % à Rennes, 35 % à Brest), tandis que l’on constate une plus grande force du sentiment identitaire dans les communes de moins de 2 000 habitants.
Même parmi les locuteurs bretons (c’est-à-dire 5 % de la population), ils ne sont que 29 % à se sentir seulement breton ou plus breton que français (28 % chez les locuteurs Gallo).
Conclusion sur les Langues de Bretagne et l’identité
La langue bretonne affiche une stabilité apparente du nombre de locuteurs, mais il y a pourtant une baisse des locuteurs effectifs et, surtout, un vieillissement important de la population parlant breton. Le Gallo quant à lui, malgré son déficit de notoriété, tient en partie la dragée haute à la langue bretonne et la surpasse largement en Haute-Bretagne.
Par ailleurs, l’étude révèle qu’une majorité des habitants de Bretagne (59 % des 95 % de non locuteurs bretons) ne souhaite pas que les enfants apprennent le Breton, ce qui n’est pas non plus un très bon signe…
En terme identitaire, une très large majorité des Bretons se sentent également tout aussi Français, voir plus, ce qui témoigne d’un changement progressif si l’on se souvient des sondages, notamment en faveur de l’indépendance de la Bretagne.
Difficile de trouver matière, pour les défenseurs des langues de Bretagne, à se réjouir de cette étude. La Région Bretagne a du pain sur la planche…
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