01/10/2013 – 15h00 – Paris (Breizh-info.com) – Dans un entretien accordé à la gazette le10sport, Yannick Noah, supporteur du PSG version Qatarie a déclaré que la nationalité des joueurs composant l’équipe lui importait peu, car « Aujourd’hui, c’est la mondialisation. On se mélange, arrêtons de freiner. On a une chance incroyable. ».
Effectivement, les dirigeants qataris à la tête du club n’ont pas ménagé leurs efforts depuis leur arrivée, afin d’épurer l’équipe de la plupart de ses joueurs « du cru » pour la mettre « aux normes » des grands clubs de football européen. Depuis l’arrêt Bosman de 1995 et la fin des quotas sportifs communautaires, les équipes ne sont plus limitées dans le nombre de joueurs étrangers qu’elles utilisent sur le terrain. On ne trouve par exemple quasiment plus de joueurs anglais en PremierLeague anglaise, ce qui explique sans doute les désillusions de l’équipe nationale dans les compétitions internationales.
Rien de choquant à cela pour Yannick Noah, car selon lui, « Il n’y a pas de raison qu’on n’ait pas le droit à du spectacle ». Et du spectacle, Yannick Noah sait en donner, que ce soit en dansant partout dans le monde à la gloire de l’Afrique sur « Saga Africa », ou pour faire plaisir à François Hollande et à SOS Racisme (mais aussi pour gagner beaucoup d’argent).
Il aime tellement « le spectacle », qu’il pourrait en oublier ses enfants et ses employés : une ancienne « nounou » salariée chez lui se plaint d’avoir travaillé plusieurs semaines jours et nuits, sans que son salaire ne lui soit correctement versé. La famille Noah contre-attaque judiciairement pour atteinte à l’honneur, mais le tribunal se prononcera prochainement dans cette affaire. Si le jugement confirmait la version de la nounou, on pourrait alors comprendre que Yannick Noah se sente aussi « comme chez lui » au milieu des émirs du Qatar, à la fois dirigeants du PSG et ambassadeurs d’un des Émirats du Golfe les plus riches et les plus conquérants sur la scène économique européenne, mais aussi l’un des pays aux pratiques des plus rétrogrades.
Le pays organisateur de la Coupe du monde 2022 est en effet fortement soupçonné d’esclavage, notamment en ce qui concerne la construction des infrastructures nécessaires à l’accueil du mondial sportif. Le coordinateur de la communauté népalaise au Moyen-Orient, Narinra Bad, a affirmé qu’en 2013, 151 Népalais étaient décédés au Qatar, « dont 15 sur leur lieu de travail ». Les autres, selon lui, sont décédés de mort naturelle ou de mort accidentelle. « Pour toute l’année 2012, le nombre de morts parmi les Népalais au Qatar était de 276, dont 55, soit 20 %, sont décédés sur leur lieu de travail », a-t-il ajouté.
L’attribution de l’organisation de la Coupe du monde à ce pays islamique, totalement insignifiant géographiquement, démographiquement et footbalistiquement parlant, amène là aussi un lot d’interrogations, que Sepp Blatter, président de la FIFA, a publiquement révélées, déclarant même : « Il y a eu des influences politiques directes. Des chefs de gouvernement européens ont conseillé à leurs membres qui pouvaient voter de se prononcer pour le Qatar, parce qu’ils étaient liés à ce pays par des intérêts économiques importants. »
Le football professionnel est aujourd’hui devenu un espace de guerre économique et d’influence, où les droits TV – le « spectacle » si cher à Yannick Noah – et les produits dérivés ont désormais plus d’importance que l’attachement d’un joueur à une ville, à une région ou que l’amour et la fierté des supporteurs pour le club de leur enfance ou de leur quartier. Les pouvoirs publics français et européens, en refusant de prendre des mesures restrictives, en refusant de protéger le football européen, en cautionnant les pratiques scandaleuses du Qatar, se font complices de cette guerre économique menée à l’Europe via le football par ces nouvelles puissances pétrolières.
À contre-courant de ce football mondialisé et déshumanisé, il existe encore, le dimanche après-midi, sur les terrains de football de Dinan, de Quimper, d’Hennebont ou de Saint-Guinoux, des jeunes et moins jeunes footballeurs qui jouent pour le plaisir, dans la ville où ils vivent, où ils travaillent.
Pour eux, l’espoir d’être repéré par des recruteurs du Stade Rennais, du FC Nantes ou du FC Lorient est désormais quasi nul, la politique des clubs étant désormais d’aller recruter en banlieue parisienne, lyonnaise, en Afrique ou en Amérique du Sud. Quand « Saga Africa » rencontre « BeinSport » et « Al Jazeera », c’est la messe du football européen qui est dite.
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