Une observation s’impose à propos du conflit qui oppose la direction du groupe Ouest-France et les journalistes à propos du « plan de réorganisation ». Les lecteurs attendent toujours que le trio Guiraud – Echelard – Lefranc leur explique le pourquoi et le comment du remue-ménage actuel. Bref, en quoi consiste la « réorganisation » ? Demande logique puisque Ouest-France est censé vendre de l’information. Manifestement, les gens de Chantepie ne font pas leur travail : ils remplacent la transparence par la censure. Pourtant le client – lecteur apprécierait une page de débats direction – journalistes afin de mieux connaître les positions des uns et des autres.
Il faut donc chercher ailleurs – du côté de la presse parisienne qui fournit quelques explications. Dans la Sarthe et le Maine-et-Loire, Ouest-France se vend de deux à quatre fois moins que ses concurrents, le Courrier de l’Ouest et Le Maine libre. Or ces titres appartiennent depuis 2006 au groupe Ouest-France. La direction propose donc de supprimer plusieurs bureaux de Ouest-France dans ces départements, tout en maintenant la parution du journal : les pages locales seront nourries par les articles écrits par le courrier de l’Ouest et le Maine libre.
La réorganisation touche également la Bretagne. « En Loire-Atlantique, c’est Presse Océan qui sera nourri par les articles locaux de Ouest-France. Dans le Finistère, neuf postes seront supprimés » (Le Figaro Économie, 15-16 septembre 2018). Par conséquent, « Les contenus des quatre titres de SIPA Ouest-France (Ouest-France, Courrier de l’Ouest, Le Maine libre, Presse Océan) seront à l’avenir « mutualisés ». Avec, à la clé, 56 emplois supprimés et cinq rédactions locales fermées. » Formule miracle avec laquelle « la direction du groupe espère ainsi économiser 3,5 millions par an » (Le Monde, vendredi 21 septembre 2018).
Parallèlement, la direction entend renforcer la présence d’Ouest-France sur Internet, renforcer 27 agences locales, créer deux postes à Paris, développer un pôle d’investigation à Rennes et créer une antenne à Bruxelles pour « traiter des questions majeures pour nos régions, comme l’agriculture ou la pêche », assure François-Xavier Lefranc (Le Monde, vendredi 21 septembre 2018).
Une fois cette épisode achevé, François-Xavier Lefranc devrait donner un cours à l’école de journalisme de la rue de Lille. Il pourrait, en connaissance de cause, expliquer à ses élèves ce qui semble constituer une règle d’or pour Ouest-France : on a le droit de traiter les sujets qui gênent les autres – sauf si ce sont des grands élus ou des annonceurs – mais on oublie tous les tracas et difficultés internes à la maison. Silence radio !
B. Morvan
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