27/02/2014 – 08H00 Rezé (Breizh-info.com) – Rezé a longtemps été la banlieue moche de Nantes, une commune sans centre, sans identité, sans culture. Pour situer ce néant, d’ailleurs, on l’appelait Rezé-les-Nantes. La ville du Sud-Loire a réussi depuis quelques années à revaloriser nettement son image. Et le Centre d’interprétation et d’animation du patrimoine (CIAP), dont le chantier vient de démarrer, devrait dès l’an prochain mettre en valeur son passé prestigieux.
On le sait depuis le 19ème siècle, Rezé est un terrain archéologique très riche. Plusieurs chantiers de fouilles menés depuis un siècle et demi ont révélé la présence souterraine d’importants vestiges gallo-romains(1). Mais leurs découvertes sont longtemps restées confinées à un public érudit. Il en va autrement depuis la création en 2004 d’un service municipal d’archéologie. Dirigé par une professionnelle, Ophélie de Peretti, il veille à faire connaître au public les fouilles importantes entreprises avec l’université de Nantes autour de la chapelle Saint-Lupien, toute proche de la voie Nantes-Pornic.
Ce site a été celui d’un grand port fluvial créé par les Ratiates, branche des Pictes, peuple celte qui a donné son nom au Poitou (les Ratiates, eux, ont donné Rezé, bien sûr, mais aussi Retz). Ce territoire leur aurait été attribué par Jules César en récompense de leur intervention à ses côtés dans la guerre contre les Vénètes – ce qui pourrait avoir nourri une longue inimitié entre Rezéens et Nantais puisque les Namnètes, eux, avaient pris le parti des Vénètes. Les fouilles ont mis en évidence des aménagements colossaux (quais, magasins…). Cependant, les sautes d’humeur de la Loire, dont le cours se serait déplacé vers le Nord, auraient entraîné un déclin assez rapide de la vie portuaire.
Le CIAP aura une fonction de conservation et de restauration, mais surtout d’information et de promotion, et d’abord en direction des Rezéens eux-mêmes, afin de favoriser « l’appropriation de leur patrimoine », antique aussi bien que contemporain. Il devrait aussi contribuer à attirer le tourisme patrimonial. Le projet se veut réaliste. La superficie du nouveau bâtiment sera de 700 m² seulement, et le budget global est de l’ordre de 5 millions d’euros. Soit dix fois moins que le projet avorté du musée Dobrée, dont le conseil général de Loire-Atlantique voulait faire un grand musée archéologique.
Gilles Retière, maire de Rezé, savoure le succès de sa démarche pragmatique. Et comme il ne sera pas candidat à sa succession aux municipales, il n’a plus besoin de ménager ses amis socialistes. « Aujourd’hui, que va faire le conseil général, je n’en sais rien, ils n’en savent rien non plus, en tout cas ils n’en disent rien, on ne sait plus où on va », a-t-il déclaré à Presse Océan (24 février 2014). L’inimitié séculaire entre Rezé et Nantes n’est pas totalement éteinte !
(1) Voir par exemple l’article publié par Alain Plouhinec dans les Annales de Bretagne, 1964, n° 71-1.
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