25/02/2014 – 12H00 Nantes (Breizh-info.com) – Au fait, pourquoi le gouvernement Ayrault s’entête-t-il à vouloir un démarrage rapide des travaux de construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Il a suscité sur le terrain un abcès de fixation qui attire des marginaux de tout poil, au détriment quotidien des habitants des environs et au détriment occasionnel de ceux de Nantes, comme on vient de le voir. Pourquoi ne pas se donner un peu de temps pour laisser retomber les tensions ?
Une partie de la réponse se trouve peut-être dans l’indicateur mensuel du trafic aérien commercial TendanCiel n° 5 publié hier par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Il révèle que le nombre de passagers a augmenté de 5,4 % à Nantes Atlantique en janvier 2014 par rapport à janvier 2013. C’est beaucoup moins positif qu’il n’y paraît, car ce nombre avait augmenté de 8,2 % sur l’ensemble de l’année 2013. En comparaison janvier/janvier, il avait augmenté de 6,5 % en 2011, de 8,1 % en 2012, de 10,3 % en 2013.
Nantes Atlantique avait affiché ces dernières années les plus forts taux de progression des grands aéroports français. En janvier, il est à égalité avec Roissy, derrière Beauvais, Orly et Bâle-Mulhouse. La décélération est donc sensible.
Et plus encore qu’il n’y paraît. La DGAC affiche des statistiques en nombre de passagers. Mais que se passe-t-il en nombre de mouvements d’aéronefs ? En 2013, pour un nombre de passagers en hausse de 8,2 %, il a en réalité baissé de 2 % grâce à un meilleur remplissage des appareils. On imagine les communiqués de victoire du gouvernement si le chômage avait baissé de 2 % ! Il est probable que l’augmentation de 5,4 % du nombre de passagers en janvier 2014 cache une baisse des atterrissages/décollages encore supérieure en janvier 2014.
Lutte contre la montre
À Nantes Atlantique, ainsi qu’on l’a déjà signalé, l’augmentation du trafic passagers ces dernières années est la conséquence des gros efforts accomplis pour attirer les compagnies low-cost. Mais si ces compagnies multiplient volontiers les liaisons, elles ne tardent pas à fermer ou espacer celles dont les remplissages sont insuffisants. À Nantes, des lignes vers Toulon, Biarritz, Metz ont disparu, tandis que beaucoup de destinations affichées comme « régulières » sont en réalité saisonnières (Ajaccio, Bastia, Calvi, Figari, Florence, Ibiza, Munich, Olbia, etc.). C’est ainsi que le nombre de passagers peut augmenter quand le nombre de mouvements d’appareils baisse.
Ainsi, les perspectives de saturation invoquées pour justifier la création d’un nouvel aéroport commencent à s’éloigner au lieu de se rapprocher. Le principal argument économique évoqué par les partisans du projet est en train de flancher. D’où leur espoir de lancer les travaux avant que les statistiques dopées par l’arrivée des low-cost ne se dégonflent.
Les compagnies low-cost suivraient-elles l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Rien n’est moins sûr. Obligé de rentabiliser ses investissements, Vinci devrait probablement augmenter ses tarifs et se débarrasser du trafic déficitaire, ainsi que pourraient bien l’être une partie des vols low-cost. Dans cette optique, l’ouverture d’une ligne Rennes-Porto par Ryanair ressemble assez à un ballon d’essai lancé par la compagnie irlandaise. Notre-Dame-des-Landes pourrait être une très mauvaise affaire pour les Nantais amateurs de voyages pas chers. Mais une bonne affaire pour les Rennais…
Une réponse à “Notre-Dame-des-Landes : pourquoi tant de hâte ?”
Excellente mise au point.