Front national. Samuel Potier, nouveau patron du FN 44 (interview)

15/10/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Dans une relative discrétion, le bureau national du Front national a nommé fin septembre un nouveau secrétaire départemental pour le Front national de Loire-Atlantique. Il s’agit d’un homme au profil atypique, Samuel Potier. Âgé de 42 ans, père de huit enfants et catholique convaincu, ce chef d’entreprise du Vignoble ouvre une nouvelle page de l’histoire départementale du Front national, puisqu’il sera aussi tête de liste départementale pour les régionales.

Exit donc Marguerite Lussaud, en poste depuis 5 ans. L’élue paimblotine, âgée de 74 ans, voulait passer la main. Le Nantais Christian Bouchet – qui gérait en réalité le FN local – se retrouve lui aussi au second plan, même si on le retrouve avec Mme Lussaud sur l’une des cinq places éligibles pour le parti aux régionales. Enfin, cette nomination est aussi une défaite pour l’aile gauche du FN, dont le chef de file local était Alain Avello. Jacobin assumé et ex-national bolchévique  puis ex-chevênementiste, ce professeur de philosophie se présentera finalement en Vendée, où il sera second sur la liste départementale.

Soutenu par une grande partie des troupes locales – contrairement à Avello –  Samuel Potier, « a été nommé car il est capable de faire travailler tout le monde ensemble », estime un militant bien informé. Qui mieux en effet qu’un habitué de la messe en latin pour appliquer la devise « in medio stat virtus » ? Entretien.

Breizh Info (BI) : Samuel Potier, pouvez vous vous présenter ?

Samuel Potier (SP) : Nantais d’origine, je vis à la Chapelle-Heulin où je suis marié depuis 1998 et père de huit enfants. Nous attendons le neuvième en février prochain. Ma famille est issue du Vignoble. J’ai milité au FNJ à partir de 1991 et j’en ai été  le responsable départemental en 1993-94. En 1994 toujours, je m’étais présenté dans le canton de Vallet. Ensuite je suis parti au MNR en 1998, où je suis resté jusqu’en 2002, puis je suis allé au MPF où je suis resté un an de plus. Enfin j’ai tout arrêté. Je suis revenu au FN il y a un an et je me suis présenté à nouveau dans le canton de Vallet [sa candidature était soutenue par le FN et positionnée parmi les divers droite ; il a recueilli 21.38% des voix]. Je suis patron d’une petite entreprise.

BI : Que pensez-vous de la réunification de la Bretagne ?

SP : Du point de vue historique et culturel, on peut difficilement s’y opposer. En revanche du point de vue économique, il faut que cela ait du sens. Et toute la problématique du 44, c’est qu’il y a une grande partie – en gros le nord Loire et une partie du pays de Retz – qui s’identifie à la Bretagne, et des marges sud et est tournées vers l’Anjou et le Poitou. Il faut donc que les partisans de la réunification prouvent l’intérêt économique, et le fait que la réunification ne risque pas de déstabiliser Rennes, par exemple.

BI : Quelle est votre position quant à l’aéroport de Notre-Dame des Landes ?

SP : Je suis clairement contre. Ce projet d’aéroport, présenté comme pierre angulaire du grand ouest formé de la Bretagne et des Pays de Loire regroupés, ça n’a aucun sens. Même si Vinci prétend se tenir à un budget de 600 millions d’euros, il y a plusieurs milliards d’euros d’infrastructures publiques – de voirie, une ligne LGV etc. – qui devront être construits avec de l’argent public. Or, la saturation de l’aéroport existant n’est pas du tout établie, et il peut être facilement relié au centre ville de Nantes avec une liaison ferroviaire. Nous sommes donc contre ce gaspillage phénoménal d’argent public. D’ailleurs, je trouve que la position de Retailleau [tête de liste LR-UDI aux régionales en Pays de Loire] est intenable sur ce sujet. Il est totalement écartelé entre ses soutiens naturels, la droite de Vendée et du sud-Loire qui est contre Notre-Dame des Landes car l’actuel aéroport est plus facile d’accès, et la droite de Loire-Atlantique qui est à fond pour le projet.

Cependant, nous ne soutenons pas pour autant la ZAD. Je suis pour le ni-ni. La ZAD, qui n’a pas de légitimité juridique, doit partir. Mais Vinci ne doit pas en profiter pour autant pour pouvoir commencer les travaux. Du reste, Valls est complètement coincé dans ce piège politique que lui a laissé son prédécesseur.

BI : Depuis quelques semaines, plusieurs dizaines de communes en Bretagne – dont certaines en Loire-Atlantique – se sont portées volontaires pour accueillir des migrants. A votre avis, le département doit-il accueillir plus de réfugiés ?

SP : Non. Nous avons déjà bien assez de l’immigration permanente ou rémanente. Surtout que pour 80% d’entre eux, les migrants viennent pour des raisons économiques, alors qu’on a déjà assez de chômeurs dans notre pays. Ils n’ont rien à faire et nous n’avons pas à accepter cette submersion.
La politique de l’Allemagne – qui suit les besoins des patrons allemands en main d’œuvre  encore moins chère et plus corvéable – est totalement irresponsable. Quand ils estimeront en avoir assez et arrêteront d’en accueillir, ils auront créé les conditions de l’appel d’air et ce sont les autres pays européens qui seront forcés d’accueillir les immigrés, que leur situation économique, sociale et démographique le leur permette ou pas.

BI : Vous vivez dans le Vignoble, que pensez-vous des projets de communes nouvelles qui fleurissent particulièrement dans le pays de Retz, mais qui échouent dans le Vignoble, où justement votre commune, la Chapelle-Heulin, a torpillé le projet de commune nouvelle autour de Vallet ?

SP : Je suis totalement contre ces communes nouvelles, qui posent des problèmes de visibilité fiscale à moyen terme et d’identité à très court terme. En plus, elles ne permettent aucune économie de fonctionnaires, on ne fait que rajouter une strate administrative de plus, en enterrant au passage l’identité des populations. En l’occurrence, le projet de commune nouvelle a été mené à l’initiative du maire de Vallet, et les populations n’ont pas été consultées, comme dans d’autres projets de fusions intercommunales dans le coin. A la Chapelle-Heulin où la mairie a lancé une étude auprès de la population, celle-ci a permis de mettre en évidence une forte opposition.
Il y a déjà la commune, l’EPCI – une communauté de communes – puis les divers syndicats intercommunaux de gestion (piscine, eau, ordures, cours d’eau etc.) et là, c’est encore une couche de plus. Qu’il faudra financer : la pression fiscale va encore augmenter. Bref, on crée encore des usines à gaz, des sortes de métropoles à l’échelle rurale. Au niveau de l’identité c’est un non-sens total. Par ailleurs dans le Vignoble, où le terroir importe beaucoup pour promouvoir notre vin – par exemple à Gorges – qui peut être très différent d’un village à l’autre, les communes nouvelles qui effacent l’identification des vins posent aussi un problème économique important.

BI : Vous qui venez du Vignoble, que pensez-vous de la contestation des viticulteurs contre le comité des vins du Val de Loire et l’aspiration de certains pour le fait que le Muscadet soit reconnu comme un vin breton ?

SP : C’est une contestation aux forts enjeux économiques que je comprends très bien. La révolte contre le comité de l’interprofession des vins du Val de Loire, auquel l’adhésion est obligatoire est très chère – jusqu’à 10.000 € par an et exploitation – est parfaitement légitime. C’est l’exemple même d’une suprastructure dont la seule utilité est de collecter des cotisations pour engraisser des personnes qui sont déjà très riches.
En plus, les vins du Val de Loire vont du Cher à la Loire-Atlantique, cela englobe une foule de terroirs et de vins parfois nettement plus reconnus à l’international que le muscadet, c’est donc aussi un problème identitaire, comme les communes nouvelles. Nous soutiendrons la fronde des viticulteurs, ainsi que leur volonté que leur vin ait une identité visible et qui colle au terroir. Un label breton pour le vin, personnellement, j’estime que ce serait une bonne idée.

BI : Dans une grande discrétion, les parlementaires sont en train de discuter d’un projet de loi qui pourrait introduire le suicide assisté. Ledit projet de loi, très ambigu, suscite un début de contestation parmi les médecins. Quelle est votre opinion sur le sujet ?

SP : En tant que chrétien, j’estime que la vie est sacrée de sa conception à sa mort naturelle. Et en tant que père de famille, je ne conçois tout simplement pas qu’on puisse porter volontairement atteinte à la vie. Par ailleurs, cette volonté publique de faire contourner au médecin le serment qu’ils ont fait de protéger la vie est très inquiétante.

BI : Vous avez eu des responsabilités au sein de La Manif pour Tous. Comment expliquez-vous qu’une grande partie des cadres du mouvement regardent vers la droite parlementaire classique, notamment l’association Sens Commun dont les responsables font partie de l’UMP/LR ?

SP : J’ai effectivement fait partie de la Manif pour Tous, et je ne regrette rien. C’est un point fondamental : le mariage n’est un aboutissement que si c’est l’union de deux personnes de sexes différents pour donner la vie.
Je trouve assez choquant que Sens Commun se soit rapproché de l’UMP dont nombre de responsables nationaux étaient ouvertement favorables au « mariage » homosexuel. Le message de la Manif pour Tous est corrompu. Cela dit, là encore la position de Retailleau est intenable, surtout ici, dans le département de Sébastien Pilard, le responsable national du mouvement, qui est nantais : comment va-t-il pouvoir tenir sur une même liste des gens, du Modem à Sens Commun en passant par UMP/LR ou l’UDI dont la vision des enjeux de société est radicalement différente ?

BI : Par le fait que la droite semble favorite pour gagner ?

SP : C’est faire bien peu de cas des électeurs. Alors que nous au FN, nous n’avons aucune ambiguïté : nous avons promis que l’on reviendra sur la loi Taubira si on arrive au pouvoir et nous le ferons.

BI : Quels sont vos principaux projets pour la région ?

SP : Notre programme n’est pas encore finalisé, mais je peux vous dévoiler les grands axes. Du côté de l’économie, on va remettre en cause certaines politiques régionales pour venir en aide plus efficacement aux petites et moyennes entreprises, qui représentent la moitié des emplois français et supportent le plus durement la crise. On va aussi gérer les lycées plus efficacement. Pour la culture, nous sommes contre le fait qu’elle soit réservée à une élite mais financée avec l’argent de tous : nous allons la réorienter vers le Beau et le Vrai. Par ailleurs, il est évidemment hors de question que des crédits régionaux servent à accueillir les migrants.
Enfin, nous nous fixons un objectif de réduction de l’énorme budget régional de 1% par an, sans remettre en cause les investissements d’avenir. En revanche, les ambassades des Pays de Loire en Chine et en Inde, je ne suis pas sûr qu’elles soient utiles à nos entreprises qui y exportent. Et évidemment, nous diminuerons fortement le budget de la communication de la région : il faut enfin assumer que les Pays de Loire sont un conglomérat d’identités culturelles différentes.
Pour les transports, nous ne ferons pas l’aéroport de Notre-Dame des Landes, et nous allons rationaliser la desserte de l’axe Nantes – Rennes via Châteaubriant. Nous allons examiner aussi les lignes régionales existantes et nous transférerons sur la route celles qui ne sont pas empruntées, sauf si elles ont une importance pour lutter contre la désertification des territoires. De la même façon, nous allons veiller à ce qu’un matériel adapté circule sur les lignes régionales : j’emprunte souvent la ligne de Nantes à Vertou, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de ces aberrations dans le matériel fourni par la SNCF !

BI : quels sont vos objectifs pour ces élections ?

SP : On va faire campagne, et nous espérons faire 20 à 25% des voix. Ce qui devrait nous assurer entre 15 et 20 élus, dont 5 à 7 en Loire-Atlantique, 3 en Anjou, 3 en Vendée, entre 1 et 2 en Mayenne et entre 2 et 3 en Sarthe. Je peux vous donner les cinq premiers en Loire-Atlantique, les deux suivants ne sont pas encore décidés : en première place, moi, ensuite Brigitte Nédellec, puis le nazairien Jean-Claude Blanchard, puis Maguy Lussaud, puis Christian Bouchet.

Photo : DR
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7 réponses à “Front national. Samuel Potier, nouveau patron du FN 44 (interview)”

  1. Marie Martin dit :

    Il a bien appris sa leçon le petit gars.
    Pourquoi allez-vous voter puisqu’ils connaissent déjà les résultats !
    Un salaire d’assuré pendant quelques années !
    Marguerite, 74 ans, mise sur la liste pour bons et loyaux services. Raclage des fonds de tiroir.
    Elle n’est pas belle la vie des politiques ? C’est ce que l’on appelle le Système.

  2. frankizbreizh dit :

    Catholique et républicain : pas compatible

  3. foutaise dit :

    Il aurait été musulmans ses 8 enfants vous aurez beaucoup moins gêné…

    Garder votre fiel vous n’avez à l’évidence rien a dire, vous ne savez que cracher votre haine

    • Gaëtan dit :

      Pas du tout j’aurais écris la même chose, musulmans et catholiques se rejoignent sur de très nombreux sujets au passage.
      Dois-je en conclure que de votre point de vue un homme qui fait 8 enfants et se gave d’allocations familiales ne vous pose aucun problème ? Que cet homme soit catholique ou musulman évidemment.

      • Marie Martin dit :

        Pour assurer le renouvellement des générations, oui il faut faire des enfants ! et tant qu’à faire éviter les migrants.
        « se gaver » ! non, c’est la politique familiale en France !

  4. Marie Martin dit :

    Est-il préférable d’avoir les 8 enfants par le biais des allochtones qui déferlent sur notre territoire ?

  5. Marie Martin dit :

    Marguerite à peut-être autre chose à faire à 74 ans, vous ne croyez pas ?
    Et encore, on a échappé aux centenaires.

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