07/08/2015 – 12H00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – Le pitoyable feuilleton des Mistral aura laissé bien des traces. En plus de montrer à la face du monde que la politique étrangère de la France ne se faisait pas à Paris, mais à Bruxelles ou à Washington, il commence à entraîner d’importants revers commerciaux pour la France. Il n’est pas sûr que les commandes des pétromonarchies amies – si on les laisse librement investir dans le sport, et promouvoir l’islamisme – suffiront à faire croire à l’opinion française que tout va bien dans le meilleur des mondes.
C’est officiel, l’Inde a décidé d’en finir avec le super-contrat des Rafale, en discussions depuis trois ans. En annulant l’appel d’offres à l’origine du super-contrat selon lequel Dassault devait fournir 126 avions pour 22 milliards d’euros, l’Inde recommence tout. Et cette fois, ce sont les Russes qui très logiquement devraient l’emporter avec leur Mig-35. Des discussions ont lieu actuellement entre ces derniers et New Delhi pour organiser sur le territoire indien la production de ces avions – un enjeu de politique intérieure pour le premier-ministre Narendra Modi, mis en difficulté par un nouveau scandale de corruption.
Il est difficile de ne pas voir dans la décision indienne une coïncidence avec la décision définitive de la France de ne pas livrer les Mistral à la Russie – l’accord à l’amiable a été rendu public il y a quelques jours. La décision indienne est un coup dur pour les sites industriels français impliqués, et même pour le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, qui n’aura pas de bonnes nouvelles à aller annoncer au site breton d’Etrelles impliqué – via Thalès – dans la fabrication du Rafale. Cela aurait pourtant été de bon augure pour sa campagne des régionales, qui s’annonce difficile dans une région où le ressentiment de nombreuses catégories professionnelles est fort suite aux difficultés conjoncturelles, mais aussi aux décisions parfois hâtives ou mal préparées du gouvernement, comme l’écotaxe ou la réforme territoriale.
En même temps, l’Inde a signé un contrat-cadre décennal de coopération militaire avec les Etats-Unis : il prévoit notamment la fourniture d’armements américains et la possibilité de leur production partielle sur le territoire indien. Dans sa politique de défense, l’Inde a toujours essayé de varier les fournisseurs (France, Etats-Unis, Israël, Russie notamment) et ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Du reste, encore en mai les Russes gagnaient un contrat de fourniture de 200 hélicoptères Kamov Ka-226 qui seront eux aussi en partie produits en Inde. Parmi les armements occidentaux acquis très récemment par l’Inde figurent des canons M-777 (460 millions de $), des systèmes de défense pour les Boeing de la flotte d’Etat et des avions de transports Casa-C295 produits par Airbus en Espagne (1,9 milliards de $).
Cela dit, actuellement l’Inde penche vers la Russie et la Chine. Elle devrait notamment être intégrée – avec son ennemi historique le Pakistan – comme membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghaï dont elle n’est pour l’instant que membre observateur. Dans le même sens, l’Inde a investi près de 15 milliards de roupies (230 millions de $) dans la conception d’un avion de chasse de cinquième génération qui sera produit au sein d’un programme commun avec la Russie. Ce sera un Sukhoï, le T-50 PAK FA ; 11 milliards de $ ont été prévus pour la conception et la production de l’avion, dont l’Inde devrait acheter 144 unités.
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6 réponses à “L’Inde tourne la page des Rafale”
@BrunoL66 http://t.co/kleIkwoFj4 pas de reprise tant que mollande le mollard sera là !
Votre approche très subjective du sujet vous fait dire des bêtises. D’une, ça fait longtemps maintenant que l’on sait que le MMRCA est annulé. De deux, si les indiens signent le contrat de gouvernement à gouvernement de 36 Rafale, d’autres suivront probablement.
Si le « contrat du siècle » est passé à la trappe, c’est à cause de l’incapacité de l’industrie aéronautique indienne de fournir des garanties sur la qualité et surtout le prix.
Rien à voir avec les Mistral. Faut arrêter avec cette argumentation. Et oui ne vous déplaise, la France se porte très très buoen sur le marché des armes. La Russie ne sera pas cliente? Tant mieux pour un pays quo s’ affiche clairement et volontairement comme un concurrent stratégique, voir un ennemi.
Tiens, tiens, la Russie devrait-elle abdiquer son industrie d’armements (très performante, entre parenthèses, et pas seulement pour développer des armements ex-soviétiques, voyez le nouveau char Armata ou les plateformes pour les lance-missiles multitubes, ou, tiens, puisqu’on parle d’Inde, les missiles et les sous-marins qui seront développés avec l’Inde) pour faire plaisir à la France ?
Au fait, comment ça se fait que les industriels russes arrivent à s’accorder avec les indiens sur la qualité de leurs hélicos, missiles et autres avions ? et ne me parlez pas du niveau super-optimal de l’industrie française, surtout. Trouvez autre chose.
Si le propos est de jouer à celui qui a la plus grosse entre la France et la Russie, sur fond de poutinophilie et de poutinophobie, alors oui, rassurez-vous Jaouen, Poutine est à la tête d’un pays qui peut compter sur une industrie de l’armement ancienne, expérimentée, performante, et d’un poids économique plus important que l’industrie de l’armement française.
Mistral, Poutine, Hollande, Obama et autres considérations politico-franchouillardes mises à part, l’industrie de l’armement française grappille régulièrement des parts de marchés, y compris sur la Russie et surtout sur les USA (cf Pologne et Egypte). Cette affaire des rafales en est symptomatique :
– L’Inde est le premier partenaire de la Russie (60 à 75% des échanges), et depuis plus d’un demi-siècle, ce qui s’est concrétiser par la création de consortiums et/ou programmes russo-indien.
– Malgré cela, Dassault a surclassé ses concurrents dans l’appel
d’offre avec son rafale. Dassault a été préféré par l’Inde. Mais Dassault a été
trop réticent concernant les transferts de technologie, et le transfert de
production s’est avéré trop couteux.
– L’appel d’offre a été annulé, c’est-à-dire que ni Dassault, ni les concurrents, qu’ils soient russes, européens, ou zoulous, n’ont été sélectionnés.
– Malgré cela, Dassault vend tout de même 36 de ses rafales clé en main à l’Inde. Pour le reste, car les indiens doivent quand même remplacer leur flotte, l’Inde se tournera peut être vers un modèle sukhoi russe, modèle moins cher et développé pour le marché indien, à moins qu’elle ne se repenche sur le cas de l’Eurofighter (concurrent direct) que l’armée de l’air indienne teste en ce moment même.
Quant à parler de sous-marins, la DCNS a signé plusieurs contrats avec l’inde pour des sous-marins de classe scorpène.
Bref, la Russie n’a pas besoin d’ « abdiquer » quoique ce soit. Les industries européennes (françaises y compris), et, dans une moindre mesure, chinoises, se débrouillent très bien pour emmerder les géants russes et américains.
le contrat des 36 rafales n’est pas signé et ne le sera jamais ; le concurrent européen aura une seconde chance, la patience paie !
Pourtant la France est à deux doigts de signer…