05/11/2013 – 09H00 Édimbourg (Breizh-info.com) – On pourrait croire qu’un jeune État comme la Croatie est nécessairement favorable à l’indépendance écossaise. Mais la récente visite de l’ambassadeur de Croatie en Grande-Bretagne a quelque peu décontenancé les partisans du « oui » au référendum de 2014. Ivan Grdesic a été reçu voici quelques jours par le parlement écossais à Édimbourg. « Les pays qui veulent adhérer à l’Union européenne sont à peu près obligés d’accepter ce qu’on leur offre » a-t-il déclaré à cette occasion. Son avis n’est pas à prendre à la légère : vingt-huitième et plus récent adhérent de l’Union européenne, la Croatie sait par quelles fourches caudines elle a dû passer.
Alex Salmond, Premier ministre écossais et leader de la campagne pour l’indépendance a toujours dit que l’Écosse adhérerait à l’Union européenne. Mais il a longtemps dit ou laissé entendre que ce serait dans les mêmes conditions que le Royaume-Uni. Celui-ci bénéficie de différentes exemptions aux règles européennes : en particulier, il ne fait partie ni de l’espace Schengen, ni de la zone euro.
L’euro est impopulaire en Écosse comme en Angleterre. Les partisans de l’indépendance en sont conscients. Ils imaginent volontiers une Écosse libre qui conserverait comme monnaie la livre sterling. Or, a rappelé M. Grdesic, tous les nouveaux adhérents sont tenu de passer à l’euro dès que leur économie répond aux critères européens – ce qui sans nul doute est déjà le cas de l’Écosse.
José Barroso, président de la Commission européenne, a déclaré l’an dernier que l’Écosse devrait présenter son dossier d’adhésion à l’Union européenne dans les mêmes conditions que les autres pays, à partir de zéro. Et comme il est notoire que la Commission refuse mordicus toute exception à la règle de l’euro, hormis celles déjà accordées (Royaume-Uni et Danemark), le sort d’une Écosse indépendante est assez clair. L’avertissement de la Croatie montre en outre que les nouveaux adhérents seront vigilants : ils n’accepteront pas qu’on accorde à l’Écosse ce qu’on leur a refusé !
À quoi bon échapper au Charybde londonien si c’est pour sacrifier au Scylla européen ? Cette question pourrait bien être la clé du référendum de septembre 2014.
Photo : Château d’Édimbourg, par Christian Bickel, licence CC via Wikimedia
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Une réponse à “La Croatie rappelle à l’Écosse qu’indépendance ne rime pas avec Europe”
[…] que l’Écosse adhère à l’Union européenne dans les conditions que celle-ci lui imposerait, comme l’a récemment rappelé l’ambassadeur de Croatie en Grande-Bretagne. Ce n’est pas du tout dans l’air du […]