Malaise et tensions dans l’Education nationale : un professeur breton témoigne

08/06/2015 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – Professeurs désabusés, déprimés, réforme du collège incomprise, élimination progressive de l’instruction au profit du prétendu épanouissement de l’enfant cher aux pédagogues, assassinat en règle de l’histoire de France et de l’Europe, l’Education nationale va mal, très mal. Parents d’élèves comme professeurs, ils sont nombreux à s »inquiéter pour leurs enfants, pour l’avenir de ces derniers – qui seront  la société de demain.

La sirène d’alarme a été tirée depuis des années. C’est le cas d’ enseignants comme Jean-Paul Brighelli dans son ouvrage la fabrique du crétin, paru en 2005. Il en est de même d’ essayistes comme Sophie Coignard, de parents d’élèves ou de tenants d’une autre école comme Anne Coffinier. Pourtant, les élites politiques de droite comme de gauche ne les écoutent pas. L’arrivée de Najat Vallaud Belkacem à la tête de ce ministère fondamental, elle qui n’ a pourtant aucune compétence en la matière, n’aura fait qu’accélérer cette rupture particulièrement dangereuse pour l’harmonie de notre société.

Nous avons rencontré un ancien instituteur, devenu professeur des écoles. Après des années de loyaux services dans l’Education nationale, il n’en peut plus et craque. Ce Breton a enseigné durant une bonne partie de sa carrière en Ille-et-Vilaine. Nous l’appellerons Paul pour des raisons de confidentialité ( « la chasse aux sorcières règne dans l’enseignement » nous a-t-il confié). A quelques années seulement de la retraite, il ne sait plus s’il ira jusqu’au bout ou s’il quittera le navire précipitamment, « car il est devenu impossible de faire ce métier avec les inquisiteurs qui dirigent l’Education nationale ».

Entretien sans langue de bois.

Breizh-info.com : D’où vous est venue la vocation d’être instituteur ? Comment était l’Education nationale à l’époque ? Comment se passait l’enseignement ?

Paul B : Ce n’était pas une vocation mais une obligation de travail ; j’aurais préféré être professeur mais des raisons personnelles m’en ont empêché.

A l’époque la gauche était déjà fortement implantée et le pédagogisme faisait rage ;  c’était l’époque du « poisson rouge dans le Perrier » et autres stupidités ; lors de ma première inspection il m’a été reproché de « faire cours » ce qui était un comble.  » Le poisson rouge dans le Perrier  » est un livre dénonçant la pédagogie de l’essai à tout prix : a-t-on besoin de mettre un poisson dans le perrier pour savoir que cet élément ne lui convient pas ? A-t-on besoin de se tirer une balle dans la tête pour savoir qu’il peut y avoir des dégâts ? Beaucoup de temps a été perdu dans ces démarches dites d’éveil qui ne structuraient pas la pensée car pour pouvoir avancer dans la pensée il faut avoir des nourritures et des bases …

L’enseignement était orienté « éveil »  ce qui donnera un peu plus tard « l’élève au centre de la classe »

Breizh-info.com : Où en êtes vous aujourd’hui ?

Paul B : Complètement désabusé face à la casse faite par ceux qui sont en charge du système (ministre, inspecteurs généraux , recteurs …). Désabusé car ce mammouth au lieu de promouvoir l’intellect et la formation ainsi que le repérage des meilleurs prône l’égalitarisme et mène une politique de répression inadmissible vis-à-vis des enseignants qui soit sont fragiles soit veulent se dégager de la norme.

La politique à l’égard des personnels est de les faire craquer.

Breizh-info.com : Quel est votre conception de l’enseignement en primaire ?

Paul B :  Accompagner les élèves au maximum de leur potentiel ; travailler sur des projets pluridisciplinaires sans mettre à l’écart les fondements de la culture européenne ( lecture des auteurs traditionnels, Histoire et Géographie de l’Europe) ; développer la lecture de textes , pas de note.
Formation des enseignants au maximum dans une classe en compagnie de praticiens. Travail en symbiose avec le collège.

Breizh-info.com : Quelles sont les qualités primordiales pour un professeur ?

Paul B :  Culture, empathie, autonomie, responsabilité

Breizh-info.com :  Qu’est-ce qui a changé en 30 ans ? Pourquoi les ministres successifs ont échoué selon vous ?

Paul B : Les ministres de droite ont fait une politique de gauche par peur et par incapacité idéologique (la droite refuse de penser l’instruction) et les ministres de gauche ont accentué la politique de gauche : égalitarisme, égalitarisme, égalitarisme ; en même temps une politique d’intégration sans mesure  a semé la pagaille et déstabilisé le corps enseignant.

Breizh-info.com : Selon vous, le niveau a-t-il baissé ? Comment expliquez vous ce phénomène ?

Paul B : Oui malgré les dénis de la gauche ; les élèves ont changé (immigration de masse d’élèves allophones) et il n’y a plus de volonté de sélection , plus aucun élitisme républicain ; les programmes sont de plus en plus allégés .
Tout se valant, rien  n’est plus enseigné ( les « penseurs » de gauche tels Bourdieu ou Meirieu qui souhaitaient faire fi des valeurs bourgeoises ( la reproduction) ont trouvé des émules dans les corps d’inspection.

Breizh-info.com : Votre opinion sur votre nouvelle ministre de tutelle ? 

Paul B : Le surnom de « Khmer rose » lui va très bien.

Breizh-info.com : Comment réformer selon vous l’Education nationale ?

Paul B :  La détruire ! Créer un ministère de l’Instruction publique intégrant le ministère de la « Culture » ; régionaliser au maximum ; travailler au plus près du terrain avec les acteurs du terrain que sont les enseignants .
Dans le primaire par exemple, il faudrait supprimer les inspecteurs et intégrer les écoles au collège de secteur ( créer un adjoint au principal chargé du primaire).
Enfin, supprimer les inspections des enseignants et revoir le recrutement ( la licence suffirait) tout en supprimant les programmes nationaux pour conserver un cadre minimal ; faire confiance aux établissements rénovés.

Breizh-info.com : Qu’est ce qui pousse des instituteurs, des professeurs, à être si désabusés aujourd’hui ?

Paul B : Ils ont de plus en plus de tâches à faire , des intégrations de n’importe qui et aucune reconnaissance de la part des autorités.
Par ailleurs ils ne savent plus ce qui leur est demandé et ont conscience que la société se désagrège sans pouvoir y faire grand chose .

Breizh-info.com : Aujourd’hui, comment percevez vous les nouvelles vagues de professeurs qui arrivent ?

Paul B : Les pauvres … Je ne souhaiterai pas être à leur place. Beaucoup de compétences vont être gâchées par ce monstre mammouth.

Breizh-info.com : Les enfants d’aujourd’hui étant les responsables de demain, comment voyez vous l’avenir en France ?

Paul B : Ceux qui auront les moyens financiers pourront accéder à la Culture (classique) , au pouvoir , ou partir s’exiler quand ce pays ne pourra plus se redresser ; les autres seront des laissés pour compte et devront se contenter de la barbarie qui règnera au quotidien.

Crédit photos : DR
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11 réponses à “Malaise et tensions dans l’Education nationale : un professeur breton témoigne”

  1. la teigne dit :

    @YVESCAU Une colère gronde a l EN!

  2. Fred dit :

    N.V-Belkacem est young leader de la French American Foundation. Elle applique le programme prévu : multiculturalisme, suppression des cultures et histoires européennes, nationales et régionales, promotion tout azimut des allogènes arabo-maghrébo-africains et de leur culture, obligation de mixité, nivellement par le bas pour s’adapter aux allogènes et fournir au grand marché mondial des individus formatés quasi analphabètes et dénués de culture générale (autre que mac do) et d’esprit critique (inutile pour acheter des nike), privatisation de l’éducation/destruction de l’Ecole publique, etc

    (FAF page 6/10: http://www.partiradicaldefrance.com/qui_gouverne_la_france.pdf)

  3. Cadoudal dit :

    Fred a tout compris.

  4. Pierre Daiou dit :

    La qualité première du professeur des écoles, c’est quand même la patience. La patience devant des élèves de plus en plus turbulents. La patience devant la fatuité des parents qui pensent mieux faire le travail que vous. La patience devant les collègues qui donnent dans la condescendance. La patience devant les inspecteurs qui vous allument. La patience devant les changements perpétuels de programme et d’emploi du temps. La patience de devoir fournir des kilomètres de fiches de préparation, de journaux de classe, de progressions, de documents pédagogiques, de séquences…qui vous occupent toutes vos nuits et vos week-end, détruisant votre vie sociale. Le pire métier qu’il m’ait été donné de faire.

    • BAROIN dit :

      en clair………….faire tout et n’importe quoi………….surtout pas : enseigner, apprendre, faire aimer la connaissance dans tous les domaines – J’ai 2 filles prof et 1 fils animateur socio-culturel………..tous les trois par passion de leur métier mais je les entends parler de leur vie au quotidien et je suis effarée ! ! !

      • disqus_nl40Swp1lf dit :

        Je suis de votre avis: l’école a cessé d’être le lieu où l’enseignant poursuivait sa mission sans subir les pressions ni mêmes les influences du monde extérieur. Ses objectifs pouvaient n’être que pédagogiques.

  5. cémoi dit :

    Le peuple qui a les meilleures écoles est le premier peuple: s’il ne l’est aujourd’hui, il le sera demain.
    Discours du 10 janvier 1920 dans les Aphorismes du «Progrès civique» (1922)
    François-Jules Suisse, dit Jules Simon
    Références de François-Jules Suisse, dit Jules Simon
    NV BK devrait méditer dessus, sauf si elle veut que son pays soit le « Der des Ders » !!!

  6. Charlie dit :

    Les français d’après-guerre ont été instruits de bonne façon et sont devenus trop intelligents, et donc moins malléables pour des « élites » politico-financières imbues d’elles-mêmes et de leur puissance.

    Cette caste dirigeante n’a eu de cesse, depuis une vingtaine d’années, que de rabaisser ce niveau intellectuel général qui leur pose problème.

    Ils sont en passe de réussir, malgré la résistance des anciens, de moins en moins nombreux…

  7. Charlie dit :

    Les français d’après-guerre ont été instruits de la bonne
    façon et sont devenus trop intelligents (et donc moins malléables) pour une
    élite politico-financière imbue d’elle-même et de sa puissance.

    Depuis trente ans, cette caste oligarchique n’a eu de cesse
    que de rabaisser un niveau intellectuel global qui lui pose problème.

    L’éducation nationale n’est qu’un de leurs outils de sape
    pour y parvenir ; ce qu’ils sont en passe de réussir malgré la résistance
    des anciens, de moins en moins nombreux…

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