19/02/2015 – 07H00 Gourin (Breizh-info.com) – Vent debout contre la loi Macron – « une loi fourre-tout qui n’a pour but que de contribuer à renforcer le brouillage idéologique » – le député de la 6ème circonscription du Morbihan Philippe Noguès (PS) n’a pas digéré le recours du gouvernement à l’article 49-3 de la Constitution pour passer en force.
Sur son blog, le député socialiste dit « regretter profondément l’utilisation de cet outil anti-démocratique, symbole poussiéreux du présidentialisme dans une Vème République à bout de souffle. »
Pour Philippe Noguès «aujourd’hui les mots clés sont devenus ‘financiarisation, marchandisation, dérégulation’ (…) Après le Pacte de responsabilité qui a acté officiellement la direction, c’est maintenant la loi Macron qui est chargée de mettre en musique ces nouveaux objectifs.»
Et l’élu breton d’enfoncer le clou : « Flexibilisation supplémentaire du droit du travail, généralisation rampante du travail du dimanche, recul sur le droit de l’environnement…et comme il faut aller encore plus loin dans la dérégulation, l’Etat en profite au passage pour se désengager de structures de transports qui sont pourtant au cœur de la souveraineté du pays. Parallèlement la réforme de certaines professions réglementées est apparue au fil de l’examen plus comme un prétexte que comme un réel avantage pour les Français. »
Avec la loi Macron, estime Noguès, « un pas supplémentaire est franchi vers un autre modèle de société. Nous répétons tragiquement les erreurs de la social-démocratie européenne depuis 30 ans, en nous livrant aveuglément aux sacro-saintes lois du marché et au culte de la concurrence « libre et non faussée ». Pas sûr que ce soit les classes populaires et moyennes qui en profitent ! »
« Une vision du dimanche digne d’une authentique grenouille de bénitier »
Cette position illustre la profonde division idéologique qui traverse aujourd’hui la gauche. Dans une tribune publiée sur le site Challenge, le journaliste de gauche – tendance sociétale – Bruno Roger-Petit s’en prend ainsi aux« frondeurs » : « Aubry, Hidalgo, Hamon et les Frondeurs sont des déconnectés de la mondialisation, qui pensent la France comme un univers clos, immobile et figé. Repliés sur une ligne politique obsolète, finalement peu soutenus par l’opinion, qui voit bien que cette ligne-là est tout à la fois rétrograde et vaine, ils participent, de fait, à la destruction lente et insidieuse de la culture de gouvernement de la gauche, cette synthèse entre réalisme, mouvement et liberté, le vieux legs des années Mitterrand. Le conservatisme et l’archaïsme, alignés sur Henri Guaino, avec une vision du dimanche digne d’une authentique grenouille de bénitier, ce n’est pas vraiment le socialisme. »
Mais comme ses collègues socialistes du courant Vive la Gauche, Philippe Noguès ne devrait pas voter la motion de censure déposée par l’UMP. L’insolence a des limites.
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