13/01/2015 – 08H30 Vannes (Breizh-info.com) – En prévision des élections départementales à venir, le Vannetais Bertrand Deléon vient de lancer le site internet Independance Bretagne. Engagé dans le Parti Breton, Bertrand Deléon sera en effet candidat pour Vannes Centre. Il a bien voulu répondre aux questions de Breizh-info.
Propos rapportés suite à un entretien téléphonique.
Breizh-info.com : Pouvez-vous présenter le projet «Indépendance Bretagne» ? Qu’apporte t-il de neuf sur la scène bretonne ?
Bertrand Deléon : ce projet est honnête et sans concession dans ses propositions. Il marche dans les pas des nations en voie d’émancipation en Europe occidentale et orientale. Nous souhaitons construire une Bretagne souveraine. Le projet n’est pas si neuf que ça, l’indépendantisme est inhérent en Bretagne. Il y a déjà eu des candidatures indépendantistes en Bretagne dans le passé et à Vannes, depuis la liste municipale Forum Breizh en 2001 (6 %), je me suis présenté aux cantonales, législatives, municipales à nouveau et cette fois aux départementales. Nos préoccupations sont celles des Bretons, elles sont sociales, économiques, écologiques et répondent à l’urgence de quitter la France, sans folklore, sans rengaine, avec humanisme et coopération. C’est un projet souriant.
Breizh-info.com : Quelles sont les propositions phares développées ?
Bertrand Deléon : elles se déclinent sur 6 thèmes : économie et emploi, aménagement du territoire, social, écologie, éducation et culture et souveraineté. Tous sont intimement liés par le fait que la Bretagne gagnerait en tous les domaines à gérer ses propres problématiques : l’aménagement du territoire adapté à nos besoins et nos choix de marchés à développer est source d’emploi ; une économie à visage humain, proche des salariés et protégeant la qualité de leur travail comme la qualité des conditions de travail et de vie ; le binôme économie – culture est indissociable, c’est un savoir-faire de qualité et un atout commercial définissable géographiquement qui s’allient pour le meilleur ; l’investissement de nos impôts en Bretagne et non en Ile-de-France ou dans des choix qui deviennent les pires ennemis de notre économie ne peut être que bénéfique et sur le plan écologique, nous pourrons enfin mettre nos atouts énergétiques naturels et propres en avant, sans le frein français du lobby nucléaire.
Breizh-info.com : Y a t-il déjà des candidatures annoncées ? Ou ? Combien de candidatures sont visées pour faire de cette plateforme une réussite ?
Bertrand Deléon : Ce n’est pas une plateforme mais des candidatures indépendantistes émanant du Parti Breton en Vannes-centre (canton modifié désormais appelé Vannes 1). Des pourparlers ont lieu dans deux autres cantons par ailleurs.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous la faiblesse électorale à répétition des idées indépendantistes bretonnes ? N y a t-il pas une sorte de « complexe breton » qui consiste à se dire indépendantiste et novateur tout en voulant conserver certaines valeurs très françaises (égalitarisme, droits de l’hommisme etc ) ?
Bertrand Deléon : Les meilleurs scores bretons ont été indépendantistes et non autonomistes ou régionalistes. Nous avons tendance à l’ignorer. Maintenant, tout reste à expliquer et c’est en étant honnête et clair avec l’électorat que nous avancerons. Quant aux valeurs très françaises, je ne crois pas que la France soit un modèle en matière de respect des Droits de l’Homme, puisqu’elle compte parmi les Etats les plus condamnés par le Cour Européenne des Droits de l’Homme chaque année. Sont égaux en France par ailleurs, ceux qui se taisent et se soumettent à une République niant les identités et les valeurs populaires.
Breizh-info.com : Envisagez vous une plateforme aux régionales ? Le fait de ne pas aborder du tout la question de l’immigration – pourtant préoccupation majeure en Europe de ce début de 21ème siècle – ne risque t-il pas de cantonner à nouveau à un certain électorat bien précis ?
Bertrand Deléon : Pour l’instant, nous travaillons pour les départementales. Le travail de conscientisation est long, nous ne mettrons pas la charrue avant les bœufs.
Si le cas échéant, nous avons des propositions pour les Régionales, nous les étudierons au cas par cas.
Vous abordez la question de l’immigration. Peu de médias le font. J’ignore de quelle obédience est le vôtre et je m’attends à des retours de bâton dès que ce sujet extrêmement tabou est abordé.
Or, peu importe, un politique honnête n’a pas peur de s’exprimer sur tous les sujets et doit considérer dans le respect tous les interlocuteurs. Je vois des déferlements d’insultes sur les réseaux sociaux concernant l’actualité, les assassinats à Charlie hebdo. Le débat serein est extrêmement compliqué sur la question d’une religion issue de l’immigration.
Pour vous répondre, il n’est pas vrai que ce sujet n’est pas abordé. Il convient de rappeler qu’il est question des départementales, les sujets abordés de manière encore non développés sur nos communications et site sont liés aux compétences du Conseil Général, tout en envisageant sa probable fusion avec le Conseil Régional. Lors de mes précédentes candidatures, je disais bien que l’immigration était une question cruciale, que de ne pas en parler, c’est laisser la place à d’autres formations politiques qui en récolteront les lauriers, quelle que soit la tenue de leurs propos. Cette fois, nous intervenons sur le fond.
La bonne question est de comprendre pourquoi ce sujet est devenu central et de trouver une réponse à ses sources. L’actualité ne peut que remettre cette question sur le devant de la scène. Je pense que vous parlez de l’immigration nord-africaine. Pour autant, les conséquences premières de flux migratoires sur notre littoral breton ne trouvent pas d’origine dans cette immigration. Ici, les familles doivent s’exiler face à la flambée de l’immobilier par l’achat de migrants venus de France, il s’agit d’une immigration européenne. Certains arrivent avec le pouvoir et l’argent, nous devons fuir et laisser une autre culture derrière nous. De même, notre économie est par conséquent en profonde mutation. Les centres-villes deviennent moribonds, une économie saine et diversifiée laisse la place à une politique de l’emploi précaire, de services exclusifs ou de tourisme. La Bretagne attire, beaucoup de retraités viennent ici car ils aiment la Bretagne mais il arrive un moment où il faut bien comprendre que les actifs ne peuvent plus s’exiler sans faire mourir le pays.
L’inquiétude sur l’immigration nord-africaine repose sur des faits médiatiques de société que nous ne pouvons occulter : le choc des cultures ; le fanatisme religieux, qui n’a rien à envier à celui du passé en Europe mais avec des moyens plus modernes ; les actes de délinquance et notamment la proportion non négligeable des personnes issues de l’immigration dans des les prisons ; sur le plan économique, le dumping social qui fait que des personnels qualifiés sont remplacés par des personnes sous-payées, acceptant des conditions de travail difficiles alors que d’un autre côté, une population bretonne, de souche ou installée depuis longtemps, se voit paupérisée et rejoindre elle-même le cortège des chômeurs issus de l’immigration. Il y a une règle mathématique infaillible, lorsqu’il n’y a pas de travail pour 2, il y en aura pas pour 4 !
Il ne s’agit même plus de tergiverser sur les fondements ou non de ces inquiétudes mais d’œuvrer à y mettre un terme. Regardons les moyens colossaux qui ont été mis en œuvre pour arrêter M. Merah ! Un seul islamiste. Il n’est pas étonnant que ce genre d’événement suscite une crainte dans la population. Cela ne doit pas pour autant faire des immigrés des coupables, restons bien clairs là-dessus. Le vrai problème, c’est l’économie de marché, le post-colonialisme et le centralisme français. La combinaison des trois malmène des populations, a besoin de pauvres, voire de très pauvres pour exister. En s’asseyant sur l’Afrique, on déplace des populations, on casse des acquis sociaux en Bretagne, on crée le chômage et l’exil là-bas et ici.
En même temps, la Bretagne comme d’autres territoires subit le génocide culturel de la France mené depuis des siècles et se trouve placée en périphérie européenne. Elle est ainsi livrée aux aléas d’une économie de marché des plus radicales, sans pouvoir pour y remédier, sans défense. Or, pour survivre, la Bretagne n’a pas d’autres choix que d’aller dans le sens de cette économie destructrice, on pensera par exemple à la politique de la terre brûlée pour devenir la première région agricole d’Europe. On a donc une identité muselée, une économie fragile, une population s’exilant, et parallèlement une machine France à nourrir et financer. Enfin, en gommant les cultures, le centralisme français participe au clonage du consommateur modèle de demain. Dans ce contexte, il apparaît que beaucoup d’immigrés sont de meilleurs défenseurs de leur identité que nous… sauf qu’au-delà de la Bretagne, nous n’avons pas de base-arrière pour exister.
Breizh-info.com : Comment imaginez vous la Bretagne en 2050 ?
Bertrand Deléon : Un territoire où il fait bon vivre, non surpeuplé, prospère, dans une économie à visage humain, respectueuse de l’Homme, une voix indépendante dans le concert des peuples européens, brisant tout impérialisme économique ou religieux des Etats actuels, développant un commerce équitable avec nos partenaires à travers le monde.
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