Autrefois, il était de coutume de dire que tout ce qui se passait au USA mettait dix ans à traverser l’Atlantique. Et c’était véridique ! La contre-culture hippie commence en 1965 aux Etats-Unis et connaîtra « la fin de l’innocence » dès 1969 avec le drame d’Altamont (concert des Rolling Stones durant lequel un jeune étudiant noir de 18 ans se fait tuer par un Hells Angels) et surtout la « nuit de l’horreur » durant laquelle les adeptes de Charles Manson assassinent Sharon Tate. Etrangement, c’est dans le courant des 70’s que la mode hippie arrivera en France et donner naissance aux babas cool.
La Bretagne sera l’un des fers de lance de cette mode baba cool et la gardera même plus longtemps que les autres, le mouvement breton étant largement composés de chevelus à la Alan Stivell jusque dans les années 80 alors même que l’ensemble du monde dansait sur la new-wave et le métal anglais.
Il est gravé dans le granit de la forêt de Brocéliande qu’une mode, quelle qu’elle soit, mettra toujours 10 ans à traverser l’Atlantique et 10 ans de plus à arrêter de traverser le Couesnon.
Vous l’aurez compris, quand une fantaisie a disparu partout ailleurs, elle persiste 10 ans de plus dans le monde de la culture bretonne.
Le wokisme est en train d’être éradiqué d’Amérique, d’ici quelques années, il devrait commencer son reflux en Europe, mais au sein du monde culturel breton, il persistera 10 ans de plus. Pour nous rendre bien ridicule…
Dernière victime en date de cette malédiction : Emilie Quinquis. La chanteuse et musicienne de Ouessant au talent incontestable et novateur sur bien des points s’est entiché du breton, langue familiale, et a livré son dernier album, « Eor« , en brezhoneg. C’est ici que la malédiction est arrivée : pour son titre phare « dec’h », Quinquis a fait un clip où des drag-queens font un séjour à Ouessant, marchent dans la bouse et finissent par réveiller le potentiel jubilatoire de la jeune chanteuse qui joue, dans la vidéo, une sorte de taxi tirant la gueule en voyant débarquer toute cette froufrouterie.
Personne n’a osé dire à la merveilleuse Quinquis que les drag queens sont devenus les souvenirs les plus monstrueux de ces années woke qui s’éteignent partout dans le monde. Sauf dans le monde culturel breton apparemment. Qui fera vivre la flamme pendant encore quelques années.
Mais Quenquis a d’autres cordes à sa guitare et sa faute de goût s’oubliera bien vite. Contrairement aux autres artistes qui chantent en breton et qui ne comprennent pas pourquoi ils galèrent autant.
Pourtant, il existe toute une ribambelle de groupes, de chanteuses, de chanteurs, de troubadours qui chantent en breton ou s’inspirent de la culture bretonne, mais ils sont tous woke. Tous. Plus ou moins. Il y en a plus atteints que d’autres, mais on trouve toujours de wokisme pénible quelque part. Le dernier en date, c’est Kaolila. Distingué aux prizioù cette année. Style « protest song »… bon… Mais Bob Dylan, quand il commence avec sa guitare et son harmonica en 60-61 dans Greenwich Village, c’est un vrai rebelle qui chante. Ses textes étaient novateurs et révolutionnaires. Faire des protest song sur le féminisme, les migrants, les sorcières, les « résistantes d’Afrique » et compagnie en 2025 ce n’est pas du « protest song », c’est du « à la mode song », voire déjà du « ringard song ».
Et le summum a été atteint récemment avec un artiste dont le nom m’échappe qui a commis un album chanté avec un… auto-tunes ! Alors là, c’est la quintessence faite note. Les années 80 avaient le saxo, les années 2010, 2020 auront l’auto-tunes comme monstruosité indépassable, véritable marqueur de la scène de ces années Skyrock…
Je ne reviendrai pas sur les radios en breton, Breizh Info en parle régulièrement… Ni sur Ya! le seul hebdomadaire entièrement en breton qui atteint, de numéro en numéro, des sommets de wokisme. Ces médias ne peuvent pas se plaindre d’être marginalisés, ils se marginalisent eux-mêmes par suivisme, par moutonisme, par gauchisme canal hystérique.
Et pourtant, ce n’est pas que la scène bretonne de style ou de langue, dans son sens le plus large, est médiocre. Bien au contraire ! Elle est juste moyenne. Et, qu’on le veuille ou non, l’emploi du breton reste encore un obstacle au niveau national. Emezi vaut largement Fishbach, Gwennyn, Nolwenn Korbel ou Faustine Audebert valent également d’autres chanteuses néo-folks ou sautillantes. En matière de métal, Brieg Guervenno fait des morceaux qui ne dépareillent pas sur la scène mondiale et Alvan & Ahez ont été parfaits en 2022 dans le registre post-ados électro worldy avec orientalades bubble-gum intégrées.
Mais il faudrait que tous ces troubadours la ferment un peu sur les réseaux sociaux et gardent leur wokisme pour leurs soirées entre potes, en fait. Aujourd’hui, si un chanteur accroche votre attention, vous irez regarder sa page wikipédia, son profil sur les réseaux sociaux. Et tous nos chanteurs bretons sont parfaitement identiques. Parfaitement wokes. Désespèrement wokes. Donc « next » comme on dit de nos jours.
Parce que les ploucs, les fachos qui votent RN ça devient la moitié de la population et ça achète des disques aussi.
Le monde de la musique bretonne a connu trois grandes sensations : Alan Stivell (des débuts, car après il n’a rien fait de transcendant), Ar re Yaouank qui a révolutionné le fest-noz et le premier album de Denez Prigent (le virage électronouille étant déjà ringard à son époque). Dans les marges du monde culturel breton, on peut y ajouter l’immense Yann Tiersen qui construit une oeuvre complète album après album.
Sorti de ces quatre originalités, tout le reste a été et reste plutôt moyen. Moyen-moyen ou moyen-bien. Yann Tiersen peut penser woke comme sa femme et le dire dans Libé mais puisqu’il est génialissime et que le piano acoustique ne formule pas encore clairement la demande de régularisation de tous les sans-papiers, surtout les trans-genres alobinaires, son wokisme ne s’entend pas.
Le monde de la culture bretonne pleure actuellement la fin des subventions. Et la mort de Coop Breizh. La Coop Breizh meurt parce qu’elle n’a pas su se renouveler. Et qu’elle est restée un peu bloquée à une époque glorieuse. Pour les artistes bretons, c’est la même chose. Il va falloir trouver autre chose que de surfer sur les vagues du moment. Et surtout de reprendre, de façon ultra-caricaturale, les idéologies les plus crétines de l’instant. L’apogée à ce sujet, a été la petite protestation de ces dames qui trouvaient qu’il n’y avait pas assez de femmes sur les scènes de festoù-noz. Comme si un organisateur de fest-noz avait déjà hésité à programmer un groupe de femmes ou une chanteuse en en raison de leur sexe ! Ridicule ! Le mouvement culturel breton voulait aussi son petit quart d’heure féministe, il l’a eu… Pour faire comme à Paris…
Une chanteuse bretonne dans les années 70 et 80 aurait écrit un manifeste pour la liberté de la Bretagne et elle aurait été seule contre tous. Aujourd’hui, elles font leur cirque pour le féminisme, comme 10000000000 autres sur toutes les scènes du monde. Qu’elle époque navrante ! L’âge du mouton.
Le monde de la culture bretonne est malade de son wokisme. Et est en train d’en crever. Mais il faudra encore au moins 10 ans pour qu’il en prenne vraiment conscience.
Mathurin Le Breton
Illustration : Copie d’écran clip dec’h Quinquis
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2 réponses à “Le monde de la culture bretonne malade de son wokisme [L’Agora]”
complètement d’accord ..à 100%
les seules pages que je lisais dans Ya! étaient les pages de Fabien Lécuyer sur les langues du monde . le reste n’était que féminisme, immigrationnisme , lgbtisme etc…
le nationalisme breton n’existant vraiment pas ……
les radios bretonnes sont désormais inécoutables , je ne prend pas plaisir à écouter une artiste de 1980 des fins fond de l’afghanistan, ou nouvelle mode de ces radios une espece de nostalgie de la musique des années 1930-1950 (chanson française revisitée), les musiques dites bretonnes sont aussi influencées soit par cette nostalgie soit par des musiques du maghreb ou des balkans .
a l’origine si je veux écouter ce genre de musique l’offre est pléthorique, si je cherche un eradio bretonne c’est pour du breton ! ce qu’elles étaient dans les années 1990. C’est bien fini.
regardez les cercles celtiques : c’est west side story .
Bref très peu pour moi, si ça plait tant mieux .
pas sur que les cercles irlandais tombent dans ce genre de theatralité .
Oui la Bretagne est caricaturale dans les modes en retard . la seule mode qui ne marche pas car il faut du courage c’est celui du nationalisme breton .
La Bretagne procède lentement, c’est vrai en matière artistique comme en matière politique : elle est devenue gaulliste, puis socialiste, puis écolo-gauchiste avec quelques années de retard sur le reste de la France, et il est en train de se passer la même chose avec le RN. Elle cessera bientôt d’être « woke ». Bien entendu, il serait désirable qu’elle soit à l’origine des mouvements plutôt qu’à la remorque !