Entre avril 2023 et mars 2024, la température de surface des océans a atteint un niveau inédit, dépassant de 0,25 °C les précédents records de 2015-2016. De quoi inquiéter l’opinion et relancer les discours alarmistes sur un emballement climatique. Pourtant, une étude rigoureuse publiée dans la revue Nature remet les pendules à l’heure : il s’agit bien d’un événement extrême, mais conforme aux modélisations climatiques existantes.
À première vue, la hausse brutale et durable des températures de surface des océans en 2023 et 2024 avait tout d’un signe annonciateur d’une accélération imprévue du réchauffement climatique. En réalité, selon les chercheurs de l’Université de Berne, cet épisode correspond à un phénomène statistiquement rare, mais modélisable, avec une occurrence estimée à une fois tous les 500 ans dans les conditions actuelles.
Un bond spectaculaire, mais explicable
Menée par le chercheur Jens Terhaar, l’étude démontre que cette élévation record de la température — environ 0,25 °C au-dessus des précédents pics — aurait été « pratiquement impossible en l’absence de réchauffement global », mais reste compatible avec la variabilité naturelle superposée à la tendance anthropique. Autrement dit, le climat ne se réchauffe pas de manière linéaire, et de tels « sauts » peuvent apparaître ponctuellement sans trahir une dynamique nouvelle.
Les modèles climatiques utilisés dans l’étude, couvrant 270 simulations de 35 modèles différents, confirment cette capacité à produire des sauts similaires. Selon ces simulations, un tel événement correspondrait à une fréquence de l’ordre d’une fois tous les 1 000 ans — un ordre de grandeur qui, bien que rare, ne sort pas du domaine du possible.
Un retour progressif à la normale attendu
Depuis juillet 2024, les températures océaniques sont redescendues sous leur niveau record, tout en restant plus élevées que les moyennes antérieures à 2023. Selon les modèles, un retour à des niveaux plus « normaux » est attendu d’ici septembre 2025. Si ce retour ne se produit pas, cela pourrait signifier que la sensibilité climatique actuelle a été sous-estimée, et que le réchauffement à venir pourrait s’avérer plus marqué.
En revanche, si la situation évolue comme prévu, cet épisode s’inscrira dans la catégorie des « extrêmes compatibles » avec les trajectoires connues, et non comme un changement de régime climatique.
Des conséquences concrètes, mais localisées
Ces vagues de chaleur océaniques extrêmes n’en sont pas moins préoccupantes. Elles entraînent des effets majeurs sur la faune marine (mortalités massives, blanchiment des coraux), perturbent les cycles climatiques régionaux comme les moussons, et augmentent l’intensité des cyclones tropicaux. Mais là encore, l’étude insiste sur le fait que ces phénomènes, bien que dramatiques, ne résultent pas d’un emballement du climat mais d’un pic temporaire amplifié par des conditions naturelles (notamment un fort épisode El Niño).
La plupart des modèles prévoient désormais que les températures des océans retrouveront, d’ici à septembre 2025, des niveaux similaires à ceux observés avant les records.
À l’heure où les discours médiatiques tendent à s’emballer à chaque nouvel indicateur climatique, cette étude apporte un rappel salutaire : les modèles climatiques, bien qu’imparfaits, restent des outils solides pour comprendre la complexité du système terrestre. Et tous les extrêmes ne sont pas synonymes de rupture.
Pour les observateurs lucides, cette conclusion invite à poursuivre l’analyse rigoureuse des données, sans verser ni dans l’alarmisme systématique, ni dans le déni. L’océan, vaste régulateur du climat mondial, nous rappelle simplement que le chaos apparent obéit encore à des lois que la science s’efforce de décrypter avec patience.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Températures record des océans : un phénomène extrême, mais conforme aux modélisations climatiques existantes”
Votre titre et votre chapô sont trop lénifiants. L’internaute qui se dispense de lire la suite peut en retirer l’impression fausse que tout va bien. Il faut insister davantage sur ce qu’écrivent les auteurs : « Such a jump would not have been possible without anthropogenic warming » (cette hausse brusque des températures n’aurait pas été possible sans le réchauffement d’origine humaine). Elle est explicable par les modèles existants, mais elle est quand même due au réchauffement global. En somme, il n’y a pas lieu de s’affoler dans l’immédiat (sauf si l’anomalie se poursuit au-delà de septembre) mais il reste tout à fait nécessaire de s’inquiéter.
Macron et le GIEC, vont encore dire que nous sommes foutues ! qu’il est l’heure de prendre notre pilule sans lendemain !