Le pape est mort : rien que des paroles

Le pontificat du pape Bergoglio est terminé. Il aura duré un peu plus d’une décennie, et aujourd’hui, on assiste à un concert de lamentations sur sa disparition, comme s’il avait laissé derrière lui « une Église ouverte », sous-entendant qu’elle aurait été fermée pendant deux mille ans.

Pour notre part, nous acceptons sa mort, mais nous ne la pleurons pas.

Lorsqu’il fut élu, nous écrivions déjà un article intitulé Un pape argentin : mamma mia, où nous avancions que sa mission, en raison de sa formation davantage sociologique que théologique, serait essentiellement politique. Jetons donc un œil à ce qu’il a (ou n’a pas) accompli dans ce domaine.

  1. Il est allé en Chine pour réintroduire le catholicisme, dans la lignée du jésuite Matteo Ricci. Échec. Pire, il a reconnu comme légitime l’Église nationale chinoise, contrôlée par le Parti communiste.
  2. Il s’est rendu en Israël pour promouvoir la solution à deux États et mettre fin au massacre des Palestiniens par les Israéliens. Échec. Toujours pas d’État palestinien et plus de 51 000 morts.
  3. Il a appelé à la fin de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Échec.
  4. Il a visité l’Amérique du Sud, prêché la nouvelle évangélisation. Échec : les évangéliques y pullulent comme des lapins.
  5. Il est allé en Afrique pour défendre les chrétiens persécutés par les musulmans. Échec : on continue à les tuer comme des chiens.
  6. Il a visité l’Asie… et on se demande encore pourquoi.
  7. Chaque dimanche, pendant treize ans, il s’est adressé à la foule depuis la fenêtre de la place Saint-Pierre pour appeler à la paix. Personne ne l’a écouté. Échec.

À sa décharge, il faut dire qu’il n’a pu s’appuyer sur aucun chef d’État catholique, ni sur des évêques véritablement conscients de leur rôle de guides, et encore moins sur des missionnaires en nombre pour porter l’Évangile.
Il s’est cantonné aux prêtres des quartiers pauvres, dont le discours est aussi « progressiste » que celui de journalistes bavards mais incultes, relayés par les médias de masse. En somme, il s’est pris dans les filets des mots.

Que laisse-t-il donc derrière lui ? Comme le chantait Mina : parole, parole, parole. Che cosa sei, che cosa sei, che cosa sei…
Son pontificat restera dans les mémoires comme un ni fait ni à faire, un immense gâchis de temps.

À son arrivée, nous n’espérions que le sauvetage du monde profane. Même cela, il ne l’a accompli que partiellement, en ouvrant la communion aux divorcés et à quelques personnes transgenres. Du sacré, il ne fut jamais question.

C’est pourquoi il est juste que les médias déversent aujourd’hui des flots de paroles : le semblable attire le semblable, comme l’enseignaient Empédocle et Platon.
Le pape François est passé sans gloire ni disgrâce. Que Dieu lui vienne en aide.

Alberto Buela, Philosophe catholique 

Ci-dessous, un texte d’Alberto Buela, de 2013

Un pape argentin : mamma mia (2013)

Alberto Buela

Les Argentins sont connus dans le monde entier pour leur orgueil sans limites. Alors que va-t-on dire maintenant ?
Après Maradona, Messi, Fangio, Gardel, Perón, Evita, le Che Guevara, Borges et la Reine Máxima des Pays-Bas, nous pouvons désormais ajouter à la liste… un pape.

C’est aussi le premier pape américain, bien que certains journalistes incultes le présentent comme le premier non européen, oubliant au passage saint Pierre lui-même, et bien d’autres.

Mais cette élection a-t-elle une signification ?
D’abord pour notre pays, ensuite pour l’Amérique du Sud, enfin pour l’ensemble du monde ibéro-américain… et peut-être pour le monde entier ?

Il est toujours délicat de faire des prédictions, car la connaissance de l’avenir nous est interdite depuis que ce don a été enfermé dans la boîte de Pandore.
Avec cette prudence, et en assumant notre rôle de simples amateurs d’opinions, osons quelques observations.

Pour l’Argentine, avoir l’un de ses fils élu pape implique un engagement catholique accru, tant du peuple que, surtout, de ses gouvernants. Il doit y avoir une certaine proportion entre ce que nous sommes et ce que nous prétendons être.
Sinon, nous donnerons raison à ce vieux mot d’esprit : « Le meilleur business au monde, c’est d’acheter un Argentin pour ce qu’il vaut, et de le revendre pour ce qu’il pense valoir. »

Or, cette élection signifie que les Argentins « valent beaucoup ». Eh bien, si c’est vrai, à nous d’en être à la hauteur par des actes concrets, à la mesure du prestige que nous confère un pape de notre nationalité.

Pour l’Amérique du Sud, c’est un renforcement symbolique de la région. Le pape en connaît les réalités, les peuples, les besoins. Il est un porte-voix privilégié, avec une connaissance directe et vécue, non médiatisée, du continent.

Pour l’écoumène ibéro-américain, François incarne une vision intégratrice, à la manière de Bolívar, San Martín, Perón, Vargas ou, plus récemment, Chávez.
Cela ne signifie pas qu’il soit péroniste, mais qu’il comprend profondément ce phénomène politique.

Concernant le reste du monde, on pouvait espérer qu’il entame une grande campagne d’évangélisation, notamment en Afrique et dans les ex-républiques soviétiques. Qu’il dénonce les persécutions antichrétiennes, comme les 105 000 chrétiens tués en 2011, principalement dans des pays à majorité musulmane.

Son profil culturel

Jésuite formé à l’époque du Concile Vatican II, il a été éduqué dans une période de déclin pour son ordre. Peu de formation théologique, mais une dominante sociologique, suivant les directives de l’époque.
Le prêtre n’était plus appelé à « faire le sacré » mais à militer et agir politiquement. Les jésuites sont devenus plus sociologues que prêtres. L’ordre s’est effondré en une décennie.

Quand le père Bergoglio fut provincial (1973–1979), il céda partiellement la gestion de l’Université jésuite du Salvador à des protestants (Pablo Franco, Oclander, etc.), pendant qu’il conseillait spirituellement et politiquement le mouvement Guardia de Hierro, une sorte de filiale argentine de Communion et Libération — un groupe politique-religieux à deux têtes : progressiste en Argentine, conservateur en Italie.

Son élection comme Pater inter pares — acronyme du mot pape — a rassuré la curie romaine. Fils d’immigrés italiens, né à Buenos Aires, cette mégapole que l’historien Franco Cardini appelait la plus grande ville italienne du monde, François est un « cousin germain » des Italiens.

Sa proximité émotionnelle avec la communauté juive argentine, la troisième plus importante au monde après Israël et New York, a aussi rassuré le Vatican : aucune secousse catholique inattendue à craindre de lui.
À Buenos Aires, tous les rabbins — sauf le journaliste Horacio Verbitsky, diffamateur professionnel — ont célébré son élection.

En tant qu’archevêque de Buenos Aires puis cardinal primat, il s’est toujours montré proche des pauvres, dans la ligne de Jean-Paul II et Benoît XVI. Il partage aussi avec eux une certaine orthodoxie (notamment son opposition à l’avortement).

Il s’est opposé aux gouvernements de Menem (libéral) et des Kirchner (social-démocrates), non tant pour des raisons idéologiques — tous se prétendent progressistes — mais parce que deux figures, l’une profane, l’autre religieuse, s’estimaient être les seuls vrais interprètes du peuple pauvre.

Que pouvons-nous espérer ?

Que François Ier suive la voie ouverte par Vatican II, Jean-Paul II et Benoît XVI, sans chamboulements majeurs.
Rome restera le centre de l’Église, mais sa fille préférée ne sera plus l’Europe, mais l’Amérique ibérique, où vivent la majorité des catholiques… et où les sectes protestantes yankees agressent avec brutalité.

Depuis tous les centres de pouvoir mondain, relayés par les « analphabètes bavards » (les journalistes), on exige que l’Église change sur tout : avortement, euthanasie, mariage gay, prêtres homosexuels, femmes prêtres, bioéthique, etc.
Et le pire, c’est que le monde catholique lui-même accepte cela comme inévitable.

On oublie que le christianisme est, avant tout, un savoir de salut, pas une doctrine sociale.

De François, il faut attendre un message terrestre plus que céleste, en raison de son fort engagement social.
La tradition dans l’Église n’aura aucun rôle sous son pontificat.

Et le sacré, alors ?
La sacralité de l’Église, l’actio sacra, la soif de transcendance du peuple, le retrait de Dieu, le crépuscule du divin ?

Ah… non. C’est en demander trop à un pape argentin.
Contentez-vous du sauvetage du monde profane.

Alberto Buela, Philosophe catholique

Illustration : DR
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