Soupçonné d’avoir organisé une escroquerie d’ampleur contre la CPAM et Groupama, un opticien de 38 ans a été maintenu en détention à Paris. Le préjudice est estimé à deux millions d’euros. Un cas loin d’être isolé en Île-de-France.
Remboursements fictifs et récidive
Dans l’Essonne, un opticien dénommé Rachid est accusé d’avoir mis sur pied, entre 2023 et 2024, un système frauduleux de grande ampleur. Depuis une boutique située dans un centre commercial d’Évry-Courcouronnes, cet individu aurait sollicité des remboursements pour des lunettes jamais délivrées, à l’aide de fausses ordonnances. Le préjudice subi par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) et l’assureur Groupama est évalué à deux millions d’euros, selon les journaux Le Parisien et L’Indépendant.
L’affaire débute début 2024, lorsqu’un responsable de la Sécurité sociale signale des anomalies. L’enquête révèle rapidement l’existence d’un réseau structuré. Déjà condamné pour des faits similaires en septembre 2024, avec les mêmes complices, le suspect avait fait appel tout en enfreignant son contrôle judiciaire. Son casier judiciaire comporte cinq mentions, dont deux pour des atteintes aux biens.
Un phénomène structurel en Île-de-France ?
Loin d’être un cas isolé, cette affaire illustre une tendance plus large. Dans le département de Seine-Saint-Denis, nous révélions en octobre 2023 la mise au jour d’une fraude massive aux audioprothèses par la CPAM, rendue possible par les failles du dispositif « 100 % santé », mis en place en janvier 2021. Ce programme, qui permet un remboursement intégral de certains équipements médicaux, a été détourné à grande échelle. Le seul département de la Seine-Saint-Denis avait enregistré à l’époque un préjudice estimé à 8,3 millions d’euros.
La directrice de la CPAM locale, Aurélie Combas-Richard, estimait que 17 % des factures d’audioprothèses analysées en 2023 étaient frauduleuses, concernant environ 360 sociétés, dont une majorité créées après la réforme. « Sur 109 sociétés d’audioprothèse en Seine-Saint-Denis, 55 ont été créées depuis la mise en place du 100 % Santé », précisait-elle. Deux plaintes pénales furent déposées pour un préjudice de 2,3 millions d’euros.
Une vigilance à renforcer face aux réseaux opportunistes
Les escroqueries détectées dans l’Essonne comme en Seine-Saint-Denis partagent des caractéristiques communes : ordonnances fictives, équipements non livrés, sociétés récentes exploitant les mécanismes de remboursement. Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance maladie, expliquait en octobre 2023 que l’extension du « 100 % santé » avait favorisé un accès accru aux soins… et donc à la fraude. Des contrôles avaient été par la suite programmés dans 130 centres à travers la France.
Alors que l’Assurance maladie reste confrontée à un déficit structurel, ces dérives rappellent la vulnérabilité du système face à des réseaux organisés. Et posent, une fois encore, la question de la capacité de l’État à assurer un contrôle réel des dépenses sociales.
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