La disparition de Jorge Bergoglio, plus connu sous le nom de pape François, pourrait bien marquer un tournant décisif dans l’histoire de l’Église catholique. Dans une tribune remarquée publiée le 21 avril sur The European Conservative, l’essayiste Rod Dreher propose une lecture symbolique et politique des derniers instants du pontificat, soulignant l’écart grandissant entre deux visions du catholicisme.
Une rencontre hautement symbolique
Le dernier visiteur officiel reçu par le pape François avant sa mort fut JD Vance, vice-président des États-Unis, catholique converti et critique notoire des positions progressistes du pontife, notamment en matière d’immigration de masse. Pour Dreher, cette rencontre – entre deux hommes séparés par près de cinquante ans et des conceptions opposées du rôle de l’Église – illustre la fin d’un cycle. Celui d’un catholicisme libéral, tenté de séduire le monde moderne en l’imitant, et qui n’a pas su enrayer son propre déclin.
Lorsque François accéda au trône de Pierre en 2013, de nombreux catholiques progressistes espéraient voir émerger une Église plus « inclusive », moins rigide sur les questions doctrinales et morales. Mais plus d’une décennie plus tard, ces promesses n’ont pas été tenues : aucune vague de vocations progressistes, aucune reconquête spirituelle des foules. Au contraire, ce sont souvent les jeunes, attirés par la rigueur doctrinale et la profondeur intellectuelle du catholicisme traditionnel, qui se convertissent.
JD Vance incarne cette nouvelle génération. Son parcours – de l’athéisme militant à la foi catholique inspirée par les écrits de saint Augustin – témoigne d’une quête de vérité enracinée dans la vertu, l’ordre et la communauté. Il ne s’est pas converti à cause de François, mais malgré lui.
Une Église en mutation
Pour Dreher, la confrontation entre le vice-président américain et le pape défunt dépasse le simple désaccord politique. Elle illustre deux conceptions diamétralement opposées de l’amour chrétien. D’un côté, le « sentimentalisme humanitaire » du pape François, souvent perçu comme naïf, voire destructeur, face aux flux migratoires incontrôlés. De l’autre, la vision augustinienne de JD Vance, pour qui l’amour doit être ordonné – selon le principe d’ordo amoris – en commençant par ses proches, sa famille, sa nation.
En cela, Vance incarne un catholicisme nouveau, sans être pour autant un intégriste. Il ne milite pas pour le retour exclusif à la messe tridentine, mais il s’attache à une foi structurée, ancrée dans la doctrine, la raison et la tradition. Il rejoint une tendance de fond : celle d’un renouveau conservateur catholique, souvent jeune, fervent, intellectuel et enraciné.
Un renouveau discret mais réel
La montée en puissance des pèlerinages traditionnels, comme celui de Chartres en France, les conversions spectaculaires de figures publiques et l’attrait croissant pour le magistère authentique sont autant de signes que le catholicisme d’avenir sera moins libéral, moins mondain, et plus exigeant. Un retour au sérieux, à la verticalité, au sacré.
Dreher, tout en saluant la charité chrétienne du pape défunt, laisse entrevoir que le prochain chapitre de l’histoire de l’Église pourrait se tourner vers une restauration plutôt qu’une adaptation. Pour lui, les catholiques qui refusent de se dissoudre dans la modernité liquide de notre époque, pour reprendre l’expression du sociologue Zygmunt Bauman, trouvent dans l’héritage augustinien une boussole, une colonne vertébrale.
Vers une ère post-Bergoglienne ?
Si les obsèques de François célèbrent la fin d’un pontificat marqué par la confusion doctrinale et les ouvertures ambigües, elles pourraient aussi symboliser la fin du catholicisme libéral comme courant dominant dans l’Église. La nouvelle génération, incarnée par des figures comme JD Vance, semble bien décidée à ne plus faire de compromis avec l’esprit du monde.
Reste à savoir si le conclave à venir confirmera cette tendance. L’avenir du catholicisme romain pourrait bien dépendre de cette réponse.
Une réponse à “La mort du pape François : vers la fin du catholicisme libéral ?”
Le Pape a nommé 108 des cardinaux votant et est de ce fait présumé avoir préparé sa succession.
Peu de nouveautés et un maintien de la ligne georgienne (Bergoglio) sont très probables.