À l’heure où l’on débat de plus en plus souvent de parentalité, de neurodivergence et de santé publique, une étude d’envergure publiée dans JAMA Network Open vient renforcer un constat que l’on croyait déjà bien établi : plus l’allaitement maternel est prolongé, plus l’enfant a de chances d’échapper à des troubles du développement. Et les données sont cette fois-ci massives.
Une étude de grande ampleur
Menée en Israël, cette recherche repose sur l’analyse de plus de 570 000 enfants, dont 37 000 paires de frères et sœurs. En croisant les données issues des cliniques de santé et des registres nationaux d’allocations pour handicap, les chercheurs ont observé une corrélation significative entre un allaitement exclusif de six mois et une réduction des troubles du langage, de la motricité ou encore du comportement social.
Des affections lourdes telles que l’autisme, le TDAH, la paralysie cérébrale ou encore des troubles graves du comportement ont été significativement moins fréquentes chez les enfants allaités plus longtemps, comparés à ceux ayant reçu une alimentation mixte ou au biberon dès les premières semaines de vie.
Des bienfaits profonds et multiples
L’étude va plus loin en explorant les mécanismes physiologiques potentiels de ces bénéfices. D’un point de vue nutritionnel, le lait maternel contient des acides gras essentiels, de la choline, ainsi que d’autres nutriments vitaux pour la construction du cerveau et la formation des synapses. Des substances bioactives, des hormones et un apport bactérien naturel (microbiote) renforcent l’immunité, tout en influençant indirectement le développement cognitif et émotionnel.
Mais l’allaitement ne se limite pas à la nutrition. Il engage aussi le corps entier de l’enfant. L’action répétée de succion mobilise muscles, nerfs, coordination motrice… autant de stimulations qui structurent la bouche, l’alignement dentaire, la respiration, et même la future clarté de la parole. Un mécanisme que les biberons, même les plus perfectionnés, ne reproduisent pas.
Enfin, le contact peau à peau, le regard, l’odeur, le rythme de succion favorisent la libération d’ocytocine, hormone clef dans l’attachement, la régulation émotionnelle et la résilience au stress.
Effets positifs à long terme : du cœur aux poumons
Parmi les autres bénéfices mis en lumière : une réduction des cas d’asthme, grâce à un microbiote nasal mieux équilibré ; moins de risques d’allergies alimentaires ou cutanées, grâce à des microARN présents dans le lait maternel (et absents du lait infantile industriel) ; ou encore une tension artérielle plus basse dès l’âge de 3 ans, ce qui pourrait prévenir les maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.
Une autre étude américaine, s’appuyant sur dix millions de naissances, démontre enfin que l’allaitement est associé à une réduction significative du taux de mortalité infantile, jusqu’à 44 % dans certaines régions.
Un appel à revaloriser l’allaitement – sans culpabiliser
Les experts rappellent toutefois que les enfants nourris au biberon peuvent parfaitement bien grandir dans un environnement attentif, aimant et bien suivi médicalement. L’important, selon les professionnels, est de permettre aux mères qui souhaitent allaiter de recevoir un soutien adapté, souvent décisif dans la réussite de cette démarche exigeante.
Ce soutien peut prendre la forme de conseils, d’évaluations du réflexe de succion, de thérapies corporelles ou de consultations avec des conseillères en lactation qualifiées.
L’allaitement apparaît comme un pilier naturel et gratuit de prévention, trop souvent négligé. Il mérite d’être revalorisé dans toutes les politiques de santé publique, à commencer par celles qui concernent les nourrissons les plus vulnérables.
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