Nantes : le général Retailleau a reconquis du terrain

Une visite du ministre de l’Intérieur et tout s’arrange miraculeusement : coup de peinture, réparation des boîtes à lettres cassées depuis de longs mois, porte d’entrée réparée… Les habitants des Dervallières aimeraient voir Bruno Retailleau plus souvent…

Le front ukrainien ne se porte pas bien. Les médias nous apprennent que l’armée russe avance, s’emparant  d’un village, puis d’un autre ; elle « grignote » du terrain, nous dit-on. Autant dire qu’il lui faudra plusieurs années pour arriver à Kiev !

Sur le front nantais, la police procède de la même manière. Plusieurs quartiers sont gangrenés par le trafic de drogue. En particulier celui des Dervallières avec le célèbre 38 rue Watteau, haut lieu du « commerce » nantais. Alors, avant la visite – vendredi 28 mars – de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur,  « ces dernières semaines, les descentes de police se sont multipliées au 38, rue Watteau afin de chasser définitivement les charbonneurs et leurs sacoches » (Presse Océan, samedi 29 mars 2025). Il fallait que tout soit nickel : « Dans la nuit de jeudi à vendredi, la police a maintenu une présence continue devant le hall, afin d’éviter que le ministre n’assiste à une transaction, en flagrant délit » (Presse Océan, samedi 29 mars 2025). Ce qui permet à un Retailleau triomphant de se faire photographier dans le hall du 38, en compagnie de Johanna Rolland (PS), maire de Nantes. Et de déclarer : « Ce point de deal est repris. On a reconquis le terrain. Chaque matin, les forces de l’ordre inspectent l’ensemble de l’immeuble » (Ouest-France, Nantes, 29-30 mars 2025). Mais ce n’est pas tout : « Je peux vous dire que depuis quelques semaines, jamais, ici à Nantes, il n’y a eu un déploiement aussi important de forces de l’ordre. On a des résultats. » (Ouest-France, Nantes, 29-30 mars 2025). Napoléon a fait Austerlitz, Retailleau a fait le 38…

Des policiers en camping au 38

Mais il ne faut pas se faire des illusions sur le – petit- succès remporté par Retailleau. C’est ce qu’explique une locataire de l’immeuble : « Les dealers étaient encore là hier, la police a passé la nuit sur place pour les tenir à distance et quand elle va repartir ce soir, le trafic va reprendre » (Presse Océan, samedi 29 mars 2025). On sait que cette cage d’escalier était le « principal point de deal de Nantes ayant généré jusqu’à 20 000 € de chiffre d’affaires par jour » (Ouest-France, Nantes, 29-30 mars 2025).

Retailleau  est donc content de lui : « On a reconquis le terrain, on a repris le point de  deal le plus lucratif de la ville » (Presse Océan, samedi 29 mars 2025). Les Russes grignotent, Retailleau a reconquis du terrain… Mais le 38 rue Watteau ne peut constituer qu’un début… En effet, à Nantes, on compte 44 points de deal (Ouest-France, mardi 18 mars 2025). Retailleau a donc de quoi s’occuper ! Pour empêcher les dealers de se réinstaller au 38, il existe une solution efficace : des policiers nationaux ou municipaux s’y installent 24 h/ 24, sept jours sur sept… Ils peuvent bivouaquer, comme les soldats de Napoléon ! La population leur apporterait à boire et à manger… Ils seraient populaires car on ne peut pas faire mieux  dans le domaine de la police de proximité…

Bernard Morvan

Crédit photo : Flickr (cc)
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