Yannick Sauveur dénonce l’« américanisation » de la société française : un processus global et insidieux

Dans son nouvel essai L’américanisation de la société française, publié aux éditions de L’Æncre, Yannick Sauveur tire la sonnette d’alarme : la culture, les mœurs et même la langue française sont progressivement submergés par l’influence des États-Unis. Un phénomène ancien, devenu aujourd’hui structurel, global, et qui menace les fondements même de l’identité nationale.

Une domination culturelle planifiée

Pour Yannick Sauveur, parler d’américanisation plutôt que de mondialisation permet de nommer clairement la source de l’influence : les États-Unis. Celle-ci ne date pas d’hier. Dès 1925, Stefan Zweig emploie le terme, mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que le raz-de-marée commence : les GI’s débarquent avec leurs produits emblématiques — chewing-gum, bas Nylon, coca-cola, cigarettes blondes —, bientôt suivis par le jazz, le cinéma hollywoodien et le roman noir.

L’américanisation, explique l’auteur, « va de pair avec la puissance politique » et s’est accélérée avec le Plan Marshall. La culture est alors conçue comme un produit à exporter, au même titre que les biens matériels. Le politologue Zbigniew Brzezinski l’avait reconnu sans détour : « La culture de masse américaine exerce, sur la jeunesse en particulier, une séduction irrésistible. »

Une américanisation à double vitesse

Sauveur distingue deux formes d’américanisation. D’un côté, celle des élites, assumée et mimétique : familles aisées envoyant leurs enfants faire leurs études aux États-Unis, usage courant de l’anglais, adoption affichée du mode de vie américain. De l’autre, une colonisation plus insidieuse, qualifiée de « douce » par Dominique Noguez, qui imprègne les loisirs, la mode, la restauration rapide, la musique. Volontaire ou subie, chez les riches comme chez les classes populaires, l’américanisation finit par uniformiser les comportements : tout le monde ou presque se retrouve au fast-food, américain ou non.

Si la France est concernée, elle n’est pas seule. L’auteur rappelle que McDonald’s est désormais présent jusqu’à Pékin. Le phénomène touche tout l’Occident, avec des degrés variables. Le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les pays nordiques y ont basculé naturellement. La France, longtemps plus résistante, a rattrapé son retard dans les années 1980. Aujourd’hui, plus de 1500 restaurants McDonald’s jalonnent l’Hexagone. Même la Roumanie ou la Russie, autrefois francophiles ou enracinées dans leur culture, ne sont plus à l’abri. Seuls quelques pays comme l’Islande ou l’Iran font encore figure d’exception.

La langue française, première victime

Pour l’auteur, le problème le plus grave est linguistique. « Le français est en voie de disparition au profit du globish. » Cette perte de la langue entraîne selon lui un affaiblissement du niveau général d’éducation et de l’esprit critique. Le constat est sévère : une méconnaissance croissante du français, de l’histoire, et des disciplines littéraires.

Mais cette évolution ne peut être imputée uniquement aux États-Unis. Elle est aussi le fruit d’une forme de renoncement collectif, tant chez les citoyens que chez les élites. Sauveur fustige l’usage systématique de l’anglais dans les conférences scientifiques, jusque dans la bouche du président Emmanuel Macron, qui selon lui « refuse obstinément d’utiliser la langue qui fut celle de la diplomatie pendant des siècles ».

L’USAID, ou l’humanitaire à géométrie impériale

Interrogé sur le démantèlement partiel de l’agence américaine USAID sous Donald Trump, Sauveur ne se fait pas d’illusions. Pour lui, cette agence, créée sous Kennedy, a toujours été un instrument du pouvoir américain, y compris pour des opérations d’ingérence politique. Des pays comme la Bolivie ou la Russie l’ont expulsée pour cette raison. Si certains programmes financés par l’USAID – avortement, diversité, inclusion – sont mis en pause, cela ne changera rien, estime-t-il, à la stratégie d’influence globale des États-Unis, qui se poursuivra « sous d’autres noms, avec d’autres prétextes, en agitant les bons sentiments moraux ».

Au-delà des aspects culturels ou linguistiques, Yannick Sauveur voit dans l’américanisation une offensive idéologique qui s’exerce au nom de la liberté et de la démocratie, mais qui prépare surtout « les cerveaux à la guerre » contre un ennemi tour à tour nazi, soviétique, russe ou chinois. Une vision sévère, mais documentée, qui vise à éveiller les consciences plutôt qu’à les endormir.

L’américanisation de la société française, Yannick Sauveur, Éditions de L’Æncre, 310 pages, 35 €.

Crédit photo : DR

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7 réponses à “Yannick Sauveur dénonce l’« américanisation » de la société française : un processus global et insidieux”

  1. Dany dit :

    La langue française est assez riche et précise pour éviter d’utiliser des mots anglais…marre d’entendre des « challenge, » « vintage » etc…et ces nombreux autres mots qui font que souvent on ne comprend pas un texte.. ça fait « bien »…pur snobisme !

  2. Poulbot dit :

    @Dany : La loi Toubon , n’est même pas respecter dans les administrations sans pour cela que personnes ne s’en offusque , même pas le législateur.
    Ne parlons pas de l’école ni même de l’Académie qui normalement doivent défendre la langue de Molière bec et ongles contre l’agression permanente de l’anglais.

  3. Yann Amar dit :

    Et marre aussi des diminutifs Jacky, Charly …Dany ?

  4. domper dit :

    Regagner du terrain sur l’influence américaine me paraît plus réalisable que d’arrêter la chape de plomb islamique qui nous étouffe de jour en jour !

  5. kaélig dit :

    Américanisation, Islamisation, immigration, wokisation, gauchisation…décidemment la France et l’Europe sont le champs clo de toutes les invations mortifères…Une réaction peut-être, un jour dans cet espace ouvert à tous les vents ?

  6. Raymond Neveu dit :

    L’écrivain d’origine russe Volkoff avait parfaitement compris que le français était la meilleure langue pour s’exprimer avec sa richesse de vocabulaire et toutes ses nuances mais aujourd’hui l’école fabrique des abrutis pour le grand remplacement voulu par toutes les ordures yankees, une bible dans la main gauche un contrat commercial dans la main droite, les parfaits produits des cochons de Puritains qui ont quitté l’Angleterre de jadis, commerçante mais avec de vieilles Familles de jadis très souvent venues de France qui modéraient le système.

  7. Petit chat dit :

    Ce qui me sidère au plus haut point, c’est d’entendre: CE QUI FAIT SENS au lieu de CE QUI A DU SENS.
    On entend cette même horreur au Québec.

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