Bourse : ces pays où les ménages osent encore investir – et pourquoi la France reste frileuse

 Alors que les marchés financiers mondiaux battent des records en 2025 malgré une volatilité persistante, une étude internationale vient lever le voile sur les comportements boursiers des ménages dans 32 pays. Et le constat est sans appel : les Français restent à la traîne, dans un pays où l’investissement en actions semble encore tabou pour une large partie de la population.

L’Amérique du Nord, championne toutes catégories

Sans surprise, ce sont les États-Unis qui dominent le classement mondial avec 55 % de ménages investisseurs en Bourse. Juste derrière, le Canada atteint 49 %, un taux qui s’explique par l’intégration profonde des marchés financiers dans la culture et les systèmes de retraite (notamment via les fonds de pension). L’Australie (37 %) et la Nouvelle-Zélande (31 %) complètent le peloton de tête, preuve que l’anglosphère reste une terre propice à l’actionnariat individuel.

Avec seulement 15,1 % de taux de détention d’actions, la France fait figure de pays modérément investi, loin derrière les pays nordiques comme la Suède (22 %) ou la Finlande (18,7 %), et même de la Russie (21 %), pourtant souvent caricaturée comme peu propice aux investissements privés. Si notre pays compte plus de 10 millions d’investisseurs en chiffres absolus, ce volume est peu rapporté à la population et à la richesse nationale.

Le contraste est d’autant plus marquant que le CAC 40 a affiché une performance honorable sur dix ans (+5,93 % annualisé), bien que très inférieure à celle du S&P 500 américain (+16,89 %) ou des marchés émergents comme le Brésil (+15,92 %) et l’Inde (+15,9 %).

Position Pays Taux de détention d’actions
1 États-Unis 55%
2 Canada 49%
3 Australie 37%
4 Royaume-Uni 33%
5 Nouvelle-Zélande 31%
6 Suède 22%
7 Russie 21%
8 Finlande 18,7%
9 Suisse 17,6%
10 Irlande 17%
11 Vietnam 16,4%
12 Japon 15,2%
13 France 15,1%
14 Portugal 14,5%
15 Allemagne 14,2%
16 Pays-Bas 14%
17 Afrique du Sud 14%
18 Hong Kong 13,8%
19 Taïwan 12,5%
20 Espagne 12,5%
21 Singapour 8,3%
22 Brésil 8%
23 Italie 7%
24 Chine 7%
25 Inde 6%
26 Autriche 5,6%
27 Belgique 5,0%
28 Pologne 4,9%
29 Argentine 4,9%
30 Philippines 1,5%
31 Mexique 1,2%
32 Maroc 0,5%

Une culture de la rente plutôt que du risque

Pourquoi un tel retard français ? Plusieurs facteurs se conjuguent. Tout d’abord, une culture financière historiquement faible, entretenue par un système étatique centralisé qui oriente l’épargne vers des produits défiscalisés mais peu dynamiques (livrets réglementés, assurance vie en fonds euros, immobilier locatif). Ensuite, un discours politique souvent méfiant, voire hostile, à l’égard de la finance et de l’entreprise, qui dissuade les épargnants de s’approprier les leviers de l’économie réelle.

À cela s’ajoute une fiscalité confuse et changeante, peu incitative à long terme, et un manque criant d’éducation boursière dès le plus jeune âge. Résultat : là où un Américain moyen possède un portefeuille d’actions avant ses 30 ans, le Français attend la retraite pour se poser la question… quand il n’est pas trop tard.

Position Pays Nombre total de détenteurs d’action
1 États-Unis 185 350 000
2 Chine 98 700 000
3 Inde 85 800 000
4 Russie 30 450 000
5 Royaume-Uni 22 110 000
6 Canada 19 110 000
7 Japon 18 696 000
8 Brésil 17 120 000
9 Vietnam 16 236 000
10 Allemagne 11 814 400
11 France 10 268 000
12 Australie 9 620 000
13 Afrique du Sud 8 470 000
14 Espagne 5 937 500
15 Italie 4 116 000
16 Taïwan 2 937 500
17 Pays-Bas 2 478 000
18 Suède 2 310 000
19 Argentine 2 254 000
20 Pologne 1 837 500
21 Philippines 1 755 000
22 Nouvelle-Zélande 1 612 000
23 Suisse 1 548 800
24 Mexique 1 536 000
25 Portugal 1 479 000
26 Finlande 1 028 500
27 Hong Kong 1 021 200
28 Irlande 901 000
29 Belgique 590 000
30 Autriche 509 600
31 Singapour 473 100
32 Maroc 189 500

Une tendance mondiale à l’ouverture… sauf en France ?

Le développement de plateformes d’investissement low-cost, l’essor des ETF (fonds indiciels) et la digitalisation de la finance ont pourtant permis, partout dans le monde, une démocratisation accélérée de l’investissement. En Asie, l’Inde et la Chine comptent respectivement 85 et 98 millions d’investisseurs, malgré des taux de détention encore faibles (6 à 7 %), signe d’un potentiel considérable. Au Brésil, 17 millions de ménages ont déjà franchi le pas.

Mais pendant ce temps, en France, l’idée même d’enseigner la Bourse à l’école est encore considérée comme suspecte. Et tout débat sur la réforme des retraites par capitalisation déclenche des cris d’orfraie sur les plateaux télévisés.

Investir en actions, c’est aussi financer les entreprises, participer à la croissance, préparer sa retraite et affirmer une forme d’indépendance vis-à-vis de l’État-providence. À condition bien sûr de bénéficier de règles claires, stables et d’une incitation fiscale assumée.

Crédit photo : DR

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5 réponses à “Bourse : ces pays où les ménages osent encore investir – et pourquoi la France reste frileuse”

  1. DOMPER dit :

    Si nos banquiers, conseillers, étaient un peu plus performants dans leurs conseils, les français joueraient en bourse. J’ai pris juste, avec mon feeling, des actions EDF et ADP( Aéroport Paris ) qui m’ont fait gagner un peu de sous mais en écoutant les conseils de mon banquier, mes actions Natixis sont passées de 20€ à 1€ !
    Les conseillers bancaires touchent des commissions pour  » caser  » certaines actions mais sont assez nuls sur le Trading financier favorable aux clients !

  2. Ronan dit :

    Demat, j’ai un Plan d’Épargne en Actions (PEA) et je le surveille et m’en sors pas si mal avec les conseils avisés de la banque en prônant la prudence mais une partie des fonds sont en risque modéré ; (discutez en avec votre banquier mais n’investissez pas dans les entreprises dépendant des fonds de l’Etat) ; mais les frais sont trop importants et décourageants alors je préfère mon livret A mais je ne participerai en aucun cas au livret « défense pour la guerre contre la Russie » étant pour la paix et pour la restauration des États Nations chères au Général DE GAULLE ; rassurez vous. Kenavo

  3. mouchet dit :

    Rien de plus normal en France ou les salaires sont dérisoires, comparés à la masse des charges fiscales, 11’000 normes dans tous les secteurs, impôts et charges en hausses de partout, inflation de plus de 50% en comptant les tarifs des énergies électricité ou les hausses sont de 90%. Qui voulez vous qui fasse confiance envers nos institutions dans un contexte économique utopique. Notre état démesurés, nos 1200 agences d’état qui coûtent 81 milliards, nos déficits de partout 1200 milliards en 6 ans budget et commerce, nos dettes engagements déficits récurrents depuis 7 ans de 8600 milliards incommensurables. C’est surtout sur les impôts des dividendes de revenus mobiliers. Même dans l’Immobilier les charges sont tellement énormes avec des normes ubuesques les unes par dessus les autres. L’Etat est pantagruélique en ruinant le pays de partout. Il fait même des lois illégales par dessus les bilatérales France Suisse pour les 320’000 frontaliers et faire des charges pour les retraités déjà imposés par forfait. Une faillite chaque semaine de société à bout de souffle voyez Vencorex aujourd’hui 400 emplois supprimés et repris par la Chine. C’est à vous dégoûter et à vous décourager d’invertir car l’extrême gauche caviar champagne est partout détruisant l’économie systématiquement. Les multinationales rachètent tout ou font plier les sociétés, pertes de 1 million d’emplois en 15 ans. Le reflet de cela est à 100 % dans le secteur boursier ou on taxe vos dividendes. Donc rien d’étonnant nous allons vers l’effondrement à la fois financier avec nos dettes insolvables coût 7 euros par personne par jour pour payer les intérêts de la dette de 100 à 110 milliards, soit 320 millions par jour. Pour chaque françaises et français sur une base de 50 millions d’habitants c’est 50 euros semaine et 200 euros par mois. Puis économiquement une déroute par le manque de conviction avec impôts et taxes de partout, notre balance commerciale déficitaire de 100 à 130 milliards chaque année. Nos taxes impôts sont heureusement médaille d’OR mondiale surtout depuis 7 ans sous la politique de l’UE qui veut devenir fédérale et non fédéraliste avec la souveraineté des états.

  4. kaélig dit :

    Plutôt d’accord avec Mouchet quant à l’état économique et financier catastrophique de notre pays.
    Joueur invétéré y compris au boulot où je changeais de boite tout les 3/4 ans à coup de concours externes (facile avec Bac + 5), je me suis mis évidemment à la bourse pendant 25 ans, avec au final une perte de 20 000 € consécutive à mon goùt du risque pour les start-up pharmaceutiques en particulier dont les 3/4 coulent au bout d’un an, sans parler de carnage du genre ORPEA (maisons de retraite) dont la valeur à été divisée par 40 en 2 ans suite à la parution d’un bouquin y dénonçant la gestion.
    La prudence conseille de jouer les grosses entreprises genre Total Energie, les Assurances, et de suivre les tendances telles l’armement en ce moment (Thales, Safran…);
    J’ai stoppé cette hémorragie boursière pour me concentrer sur mon immobilier à la rentabilité de plus en plus réduite malgré ou à cause du coût de plus en plus exorbitant des logements neufs du privé à la durabilté de plus en plus réduite because les produits biodégradables employés pour leur réalisation « imposés » par le lobby de la Pétrochimie (Avis aux Ecolos !)

  5. Raymond Neveu dit :

    En 1988 les escrocs des banques ont augmenté scandaleusement les frais bancaires pour pousser les jeunes investisseurs à prendre les produits bancaires pourris qui ne profitaient qu’aux banques, certaines années les frais étaient plus élevés que le taux de rentabilité! La banque appartient à ses clients et le bon sens est près de chez vous!

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