Ce week-end, j’accompagnais ma petite fille au Kan ar Bobl de Pontivy. Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas venu à ce genre de rendez-vous de la culture bretonne. Au moins 30 ans ! Il faut dire que l’engauchisation de la mouvance autonomiste n’a pas aidé. Mais j’ai continué à suivre l’évolution du monde de la culture et de la langue bretonne, essentiellement. Car le politique est une annexe à peine gwenn-ha-du de la Gauche française, très peu pour moi.
Au Kan ar Bobl de Pondi donc il y avait foule. Toutes les écoles bilingues de Bretagne sont représentées. Des enfants partout. On entend du breton dans les allées, c’est agréable. Mon breton est un peu rouillé mais j’ai eu beaucoup de plaisir à entendre des conversations en breton, entre parents et enfants, entre adultes. Ceci étant dit, on entend surtout du français à Pondi le jour du Kan ar Bobl. Notre oreille accroche instantanément les conversations en breton mais cela ne doit pas embrouiller notre jugement.
Sur scène, les enfants chantent en breton. Ils parlent en français entre eux avant de monter, après être descendus, mais au moins sur scène c’est du breton. C’est déjà ça.
Par contre, autant comme autrefois, ce genre d’évènement était le lieu de rassemblement obligatoire des associations de cours de Breton, Diwan, Skol an Emsav, etc…. On voyait même circuler discrètement des tracts d’organisations politiques comme l’UDB. Aujourd’hui, il n’y a plus rien de tout cela. Apparemment, tout le monde doit parler breton en Bretagne car il n’y a plus besoin d’inciter les gens à l’apprendre. Aucun stand de l’Office du Breton, de Skol, rien ! Les seuls stands que j’ai pu visiter étaient ceux des… gallos ! Deux stands à eux tout seuls ! Le fameux Institut du Gallo et un stand de livres. Et ils ont la foi ! Ils organisent des jeux pour les enfants en gallo, ils distribuent des tracts, ils occupent le terrain. Exactement ce qu’on faisait pour le breton il y a 30 ans de cela !
Dans un coin, un des animateurs de France Bleue vendait des disques d’occasion. On aurait pu croire que la Coop Breizh, en grande difficulté financière, aurait proposé ses produits. Mais non… Et la Réunification de la Bretagne ? Ce serait une erreur de croire que tous les parents d’élèves des écoles bilingues sont pour la Réunification. Avec ma petite fille et ses parents, nous sommes venus en délégation du Finistère avec d’autres parents et grands-parents d’élèves et les discours sont loin d’être unanimes à ce sujet…
Autrefois, le CUAB ou Bretagne Réunie désormais aurait tenu un stand au Kan ar Bobl. Aujourd’hui, que dalle. Tiens, je vois Florian Le Teuff, le militant bon chic bon genre pour la Réunification à la mairie de Nantes. C’est drôle comme il ne ressemble pas aux « Emsaverien » d’autrefois. En même temps, ce n’est pas un mal parce qu’il y avait un trop-plein de clones de Bobby Sands… Mais je ne le vois pas trop derrière un stand, ce jeune homme. Plutôt style « réseautage » auprès des élus.
L’exemple de ce Kan ar Bobl cuvé 2025 est assez conforme à une tendance générale en fait. Plus d’Ai’ta, plus de Stourm ar Brezhoneg, Skol an Emsav embourgeoisé, Ofis ar Brezhoneg devenue une bureaucratie avec prise de rendez-vous 15 jours à l’avance. Reste la Redadeg mais ils n’étaient pas là ce dimanche eux non plus.
Les assos pour le breton, ça discute avec le préfet ou la Région maintenant, ça a le pouvoir. Alors pourquoi aller se faire plus suer à tenir des stands en plein vent pour convaincre ? Faire des festoù noz et des soirées kig ha farz pour ramasser de l’argent pour l’école, je ne dis pas, mais aller occuper le pavé dans les marchés ou même dans les fêtes bretonnes, c’est passé de mode. Je crois que j’ai une certaine nostalgie de l’époque héroïque… Celle où nous étions vraiment immergés au sein du peuple breton. Ce sont les Gallaoù maintenant qui ont repris le flambeau. Ils ont bien raison cela dit, vu qu’on est en train de coloniser leur Bretagne à eux avec nos panneaux. J’ai vu des trucs passer sur les réseaux sociaux à ce sujet. Là aussi, je ne comprends plus la logique. Mais c’est un autre débat.
Il y a des décennies de cela, j’ai vendu « Pobl Vreizh », la version en breton du Peuple Breton de l’UDB, sur les marchés de Quimper et de toute la Cornouailles. Je crois que ce temps-là est révolu ou, au moins, entre parenthèse. Le mouvement breton, l’Emsav, est dans des basses eaux car rongé par le gauchisme et les subventions. Et puis les jeunes d’aujourd’hui croient militer en likant sur Instagram. Tu ne les feras pas se lever un dimanche matin pour aller à l’autre bout du pays afin de porter la bonne nouvelle.
J’ai repris le mini-van avec ma joyeuse troupe de Finistériens. On est passé par le centre de Pontivy…Oulàlà… Biskoazh c’hoazh ! La population a bien changé… ou alors le soleil tape fort sur le Morbihan !
Yann-Vadezour Le Mentec
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7 réponses à “Kan ar Bobl : les associations pour le breton aux abonnés absents [L’Agora]”
J’ai eu le même ressenti, Le Kan ar bobl n’est plus ce qu’il était. Même pas un tee-shirt à acheter,rien…quel dommage pep tra a dremen.!!! Une organisation « brouillon ». Grosse déception. Kenavo.
Un des problèmes est que les associations ont du mal à avoir des membres actifs prêts à s’investir. Emglev an Tiegezhioù qui ne peut pas être accusé de gauchisme et encore moins de wokisme propose à ses membres de promouvoir leurs propres combats mais en breton. Nous devrions en eeffet être présents à ces évènement. Ledan eo an dachenn : « Stourm war bep tachenn » eo hor ger stur, met rouez-mat eo al labourerien evit un eost fonnus da serriñ a-raok na vo re ziwezhat. Piv a glevo ar c’halvadenn-mañ. Unvaniezh a ra nerzh ! https://emglev.wordpress.com/about/
« Stourm war bep tachenn » ya a-dra sur ! Met, siwazh re « gozh » eo an Emsav ! Ezhomm ‘zo eus un Emsav nevez ha yac’h.
Merci beaucoup Yann-Vadezour Le Mentec pour ce compte-rendu nostalgique, à raison, de votre voyage à Pontivy.
Malheureusement, le constat est le même partout. Que ce soit en Bretagne ou en France, la Foi n’est plus au rendez-vous, et ce ne sont en effet pas quelques ersatzs d’échanges sur Instagram qui vont nous remettre en ordre de bataille.
Cela étant dit, aussi peu que nous soyons, à rester les yeux ouverts, déterminés à transmettre nos valeurs, demeurons de bons veilleurs, preux chevaliers, prêts à enfiler l’armure et partir au combat.
Montrer l’exemple n’est jamais inutile. Voilà ce que me dit votre article !
Salud d’an holl!
Que de manifs (jusqu’à 40 000 personnes) de banderolles, panneaux et de collages d’affiches ai-je pu faire sur le terrain de 2004 à 2014 ! Et tout celà pour RIEN.
Pas étonnant quand on voit le temps fou que mettent « nos » zélus pour voter une loi efficace telle reguler l’immigration et le droit du sol, statuer sur le régime des retraite…
Par contre pour nous pondre des lois sociétales, wokes ou de restriction des libertés (lois Pléven, Gasot, Taubira…) alors là çà marche à donf.
J’ai bien apprécié cet article qui constate la véritable et triste vérité…le breton a disparu du Guilvinec au cours de la décennie 1990 lorsque les vieilles femmes ont disparu. Aujourd’hui ce n’est plus qu’un dépotoir à touristes lors des vacances. Jusqu’en 1990 on n’entendait que du breton en ce lieu. Toutes les subtilités de la langue ont disparu. Et c’est vrai que la gôchiastitude a contribué à tout polluer. Puis les réseaux sociaux, l’Inéducation Nationale, l’Eco-bobo enfin les trouducs bourgeois, la déconfiture de l’Etat…
Ben oui à Pontivy le soleil tape très fort . Bientôt le swahili, le bambara et le mahorais seront proposés. Étudier les langues forment la jeunesse. ( hahaha ) Laissons le breton aux gauchistes rennais puisque tous s’en foutent et se contentent de panneaux …