À l’occasion de la Journée mondiale de la santé du 7 avril, la Fondation Recherche Alzheimer rappelle que cette pathologie, qui touche aujourd’hui plus d’1,2 million de Français, reste largement sous-financée et insuffisamment prise en compte dans les priorités de santé publique. Pourtant, la maladie d’Alzheimer pourrait concerner près de 2 millions de personnes en France d’ici 2050, selon les projections de Santé publique France.
Une maladie massive… ignorée des priorités budgétaires
Alzheimer est la première cause de dépendance en France. Le coût socio-économique est estimé à 20 milliards d’euros par an, en incluant soins médicaux, aide à domicile, perte de productivité et accompagnement des aidants .
Malgré cela, moins de 80 millions d’euros ont été alloués à la recherche sur Alzheimer en 2023, selon les chiffres de l’Inserm, soit cinq fois moins que pour le cancer ou le VIH . Une situation paradoxale, car à l’inverse de ces pathologies, aucun traitement curatif n’existe à ce jour contre Alzheimer.
Le cancer mobilise davantage de moyens, en raison de ses taux de survie en hausse, de succès thérapeutiques récents (immunothérapies, thérapies ciblées), et d’une population touchée plus jeune, souvent active. L’Alzheimer, perçu comme une fatalité du grand âge, suscite moins de mobilisation politique.
Recherche : trop peu de projets, trop peu de chercheurs
La Fondation Recherche Alzheimer indique qu’il y aurait en France cinq fois moins de chercheurs sur Alzheimer que sur le cancer. Ce ratio, bien que difficile à vérifier précisément sans données consolidées (Inserm, CNRS, universités), reflète une tendance générale.
En 2024, la Fondation a néanmoins réussi à financer 7 projets scientifiques pour un total de 4 millions d’euros, autour de thématiques stratégiques :
- Identification de nouveaux biomarqueurs pour diagnostiquer plus tôt ;
- Études sur le vieillissement cellulaire du cerveau ;
- Recherche sur les mécanismes neuroinflammatoires et vasculaires ;
- Développement de traitements expérimentaux innovants.
Ces travaux sont validés par un comité scientifique européen indépendant, composé de neurologues, psychiatres, biologistes et chercheurs reconnus.
Dépistage : un diagnostic trop tardif
En France, plus d’un patient sur deux est diagnostiqué tardivement, souvent lorsque la maladie a déjà causé des dégâts cognitifs irréversibles . Aujourd’hui, le diagnostic repose sur des tests neuropsychologiques, l’imagerie cérébrale (IRM, TEP) et, dans les centres spécialisés, des analyses de liquide céphalorachidien. Les tests sanguins de détection des protéines bêta-amyloïdes, prometteurs, sont encore en phase de validation et peu accessibles.
Selon la commission Lancet sur la démence (2020), jusqu’à 40 % des cas de maladie d’Alzheimer pourraient être retardés ou évités en agissant sur 12 facteurs de risque modifiables : hypertension, obésité, diabète, tabagisme, dépression, isolement social, surdité non traitée, pollution de l’air, faible niveau d’éducation, etc. .
Ces recommandations, reprises par l’OMS, soulignent l’importance de la prévention dès le milieu de vie, avec une hygiène cognitive, physique et nutritionnelle adaptée.
Lueur d’espoir : vers un traitement enfin efficace ?
Deux molécules – Lecanemab (approuvé par la FDA en 2023) et Donanemab (en 2024) – ont récemment suscité un espoir mesuré. Ces anticorps monoclonaux ciblent les dépôts amyloïdes, un des marqueurs de la maladie. Les essais cliniques ont montré une réduction du déclin cognitif de 27 à 32 % chez certains patients.
Mais leur diffusion reste limitée. En France, ni l’Agence européenne du médicament (EMA) ni la Haute Autorité de Santé (HAS) n’ont donné leur feu vert, en raison :
- d’un coût élevé (plus de 25 000 € par an et par patient),
- de risques neurologiques importants (œdèmes, micro-hémorragies),
- d’une efficacité jugée modeste au regard des critères européens de balance bénéfice/risque.
Le dernier Plan Alzheimer national structurant remonte à 2008-2012, lancé par Nicolas Sarkozy avec un investissement de 1,6 milliard d’euros sur cinq ans. Depuis, les gouvernements successifs se sont bornés à des annonces éparses, sans stratégie globale.
Ni les campagnes électorales, ni les réformes hospitalières n’ont véritablement pris en compte le tsunami démographique que représente la maladie d’Alzheimer. En 2023, les députés ont voté un budget de la Sécu largement silencieux sur la question.
Pour Jean-Luc Angélis, directeur de la Fondation, « la priorité nationale doit être la santé du cerveau. Sans vision stratégique, sans moyens, nous irons droit dans le mur, avec des millions de familles abandonnées à leur sort ».
Sous-financement chronique, absence de stratégie publique cohérente, réticence réglementaire face aux traitements expérimentaux : la France semble renoncer à anticiper la vague Alzheimer. Si la Journée mondiale de la santé doit servir à quelque chose, c’est à rappeler que le cerveau n’est pas un organe de luxe, réservé aux politiques ou aux chercheurs. Il est le cœur même de notre humanité.
Et sa dégénérescence, si elle n’est pas stoppée, finira par emporter tout le reste.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
4 réponses à “Alzheimer : une épidémie silencieuse face à un État impassible”
Pourquoi dans les contrées étrangères où les vieux vivent le plus longtemps il n’y a pratiquement pas de malades touchés par cette maladie dégénérative ? L’étude poussée de ces populations serait, peut-être, plus efficace, en prévention, que des essais chimiques décourageants avec son lot d’effets secondaires.
Guérir les maladies chroniques, cancer, Alzheimer et compagnie, n’y comptez pas ! D’abord parce que la médecine chimique est totalement impuissante, ensuite parce que la prévention est évacuée pour une raison bien simple; si on guérissait ces maladies ce serait un désastre financier énorme ! Médocs, malbouffe et sédentarité, voilà le combustible idéal pour acheter la Mercedes aux professionnels de santé ! Ne comptez donc pas sur eux pour oeuvrer pour la santé. La santé, c’est vivre sans maladies, pas vivre le moins mal possible avec !
quelle certitude avons nous que dans ces « contrées étrangères » Alzheimer soit inconnue ?
sur quels rapports sérieux vous basez vous ?
si c’est vrai, il faut foncer….
Mais où passe tout l’argent récupéré lors d’opérations comme le Télécacaton ou le Sidaction les 3/4 des sommes disparaîtraient ou serviraient pour des projets diaboliques!