Nantes : il en faut davantage pour effrayer Johanna Rolland (PS)

Les Insoumis vont faire figure de nouveaux acteurs aux prochaines élections municipales à Nantes. Pour l’instant, ils annoncent  la création d’une liste indépendante. Peut-elle franchir la barre des 10 % au premier tour et être ainsi qualifiée pour le second tour ? Mais ils peuvent également négocier avec les écolos, voire même avec Johanna Rolland. Nécessité fait loi.

Ils étaient 3 500 (selon la police) à Nantes le samedi 22 mars ; ils défilaient pour protester contre le « racisme » et le « fascisme ». « Une trentaine de structures nantaises avaient répondu à l’appel » (Presse Océan, dimanche 23 mars 2025). A coup sûr, avec ce thème fédérateur à l’extrême gauche il y avait moyen de faire mieux en nombre de participants… Mais il faut croire que seul le noyau dur avait répondu présent – les militants et les personnes habituées à se mobiliser ; ce n’était donc pas triomphal. On peut penser que la « gauche »  au sens large ne se sentait pas concernée. L’électorat « socialiste » apprécie de moins en moins l’extrême gauche surtout lorsque Jean-Luc Mélenchon se trouve dans les parages.

Une personne rassurée : Johanna Rolland (PS), maire de Nantes. Elle sait désormais que la liste que La France insoumise présentera aux élections municipales de mars 2026 ne fera pas des miracles ; il n’y a pas eu de raz-de-marée à cette manifestation qui rassemblait le ban et l’arrière-ban de l’extrême gauche – mieux vaut 3 500 que 35 000 ! On sait que Marina Ferreruela (suppléante de Andy Kerbrat) et William Aucant (conseiller régional) ont été désignés par leur parti pour « mener la bataille des municipales » à Nantes » Objectif affiché et assumé : élaborer « un projet de rupture » afin d’opérer, en lien avec les militants, « un tournant pour Nantes » (Presse Océan, vendredi 21 mars 2025). Johanna Rolland connaît ses chiffres. Aux élections européennes de juin 2024, à Nantes, la liste de Raphaël Glucksmann arrivait largement en tête (25 234 voix, 23,77 %), devançant celle de Manon Aubry (16 373 voix, 15,42 %). En remontant aux élections municipales de 2020, on constate qu’au premier tour (15 mars), Johanna Rolland (PS) et sa liste (« Nantes en confiance ») occupent la première place (22 713 voix, 31,36 %), tandis que Margot Medkour et sa liste (« Nantes en commun ») n’arrivent qu’en cinquième position (6 479 voix, 8,95 %) – cette dernière, candidate du mouvement citoyen était soutenue par les Insoumis. Très déterminée, elle annonce immédiatement : « Nous ne ferons pas d’alliance. On ne veut pas participer à une majorité avec Johanna Rolland. Nos projets sont trop incompatibles. On ne peut pas travailler ensemble. » (Presse Océan, lundi 16 mars 2020) Effectivement, en 2020, la liste d’extrême gauche ne pouvait pas se maintenir au second tour, faute d’atteindre les 10 % des suffrages exprimés. En mars 2026, Ferreruela et Aucant seront-ils confrontés à la même situation ? Pourront-ils se maintenir au second tour ? Pourront-ils fusionner avec la liste de Johanna Rolland ?

Reste une possibilité : au premier tour, les Insoumis et les écologistes présentent une liste commune. Actuellement, Marie Vitoux, chef de file des écolos et adjointe au maire de Johanna Rolland, commence à faire monter les enchères ; car les écolos sont en désaccord avec Mme Rolland sur un certain nombre de dossiers. Par exemple la construction d’un centre de rétention administrative. « Il y a une vraie aspiration du peuple de gauche au rassemblement le plus large possible », prévient Marie Vitoux.  « Les Insoumis doivent faire partie de la majorité », poursuit-elle (Presse Océan, vendredi 21 mars 2025). Les choses sont claires… Johanna Rolland est-elle du même avis ?

Un cadeau pour Johanna Rolland : des Insoumis conseillers municipaux

En attendant, les Insoumis travaillent à l’élaboration d’un programme ; ils considèrent que seul le socle programmatique définira s’il y a convergence ou pas avec d’autres forces politiques. « On ne se lance pas dans la constitution d’un programme pour faire de la figuration mais pour le faire aboutir, ou en tout cas aller le plus loin possible en ce sens », souligne Marina Ferreruela (Presse Océan, vendredi 21 mars 2025). Une certitude : dès cet automne, des sondages portant sur les intentions de vote sortiront. Et ce sont leurs résultats qui détermineront les décisions des uns et des autres. Quand on n’est pas assuré d’atteindre la barre des 10 %, il est préférable de la jouer modeste et de négocier quelques places sur une liste qui, elle, est donnée comme devant être qualifiée pour le second tour. Aucant  et ses copains le savent bien… Quant à Marie Vitoux, elle a en jeu son job d’adjoint… Si elle le perd, c’est France Travail… La politique, c’est d’abord une affaire de casse-croûte…

Bernard Morvan

Crédit photo : jpjp 12/Wikimedia (cc)*
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5 réponses à “Nantes : il en faut davantage pour effrayer Johanna Rolland (PS)”

  1. Pschitt dit :

    Comme vous le notez entre les lignes, les écologistes sont probablement maîtres du jeu. En fait, leur principale faiblesse pourrait être d’avoir les dents trop longues ! Cependant, tous les partis de gauches souffrent d’un même handicap : l’enchantement est brisé. Grâce à un dircom d’exception, Ayrault avait su imposer l’image d’un jeune maire novateur, puis Johanna Rolland celle d’une continuatrice brillante. Or cette image née à la fin du siècle dernier et portée par la génération des « boomers » est en train de s’estomper. Les jeux ne sont pas faits.

  2. An dit :

    Ce n’était pas tant un dircom brillant qui a imposé JMA qu’un PS assumant la disparition d’une Nantes prolétaire, en insistant en parallèle jusqu’au délire (mémorial disproportionné) sur le passé négrier de la ville. JMA était un élément de com’ lui-même, l’homme n’a jamais brillé, même à Nantes.
    Et JR notamment doit maintenant faire avec un héritage concret: gérer le réseau de transport ayraultien (les T1 et T2 ont été décidées par d’autres, JMA a enchaîne avec l’erreur T3, mal camouflée par un « busway » -sic-), l’aménagement de l’île de Nantes qui est loin de faire l’unanimité, se débarrasser des Machines de l’Île (énorme épine dans le pied et équipement has been), gérer la population rroms, devenir une référence en matière d’espaces verts malgré un potentiel unique en France (JMA ne l’a jamais vu, de toute façon ce Maugeois n’a jamais compris cette ville, et Nantes a pris un retard énorme dans un domaine qu’elle maitrisait il y a 150 ans, pas aidée il faut dire par Paris ayant artificiellement gonflé le savoir-faire angevin en la matière, pour compenser le poids industriel de Nantes qui aurait encore plus écrasé sa quelconque voisine sans cela) etc.

    Quoi qu’il en soit, l’image des JMA et JR a surtout bénéficié d’alliés de poids: la droite nantaise. Celle-ci étant d’une médiocrité abyssale, surtout à cause d’un manque de légitimité: elle regarde toujours du côté de ce fleuve hésitant et louvoyant qu’est la Loire en oubliant l’estuaire vivant au rythme des marées, et de Paris, n’ayant pour elle qu’un abyme culturel et imaginatif qui l’amène à copier Paris, qui copie elle-même les US, pour ne pondre qu’une mentalité de petits provinciaux gérant leurs petits intérêts minables.

  3. JLP dit :

    Si Manon Aubry a rassemblé 15 % des voix aux Européennes, on peut penser que LFI passera facilement la barre des 10% et pourra soit se maintenir, soit négocier chèrement son ralliement à Johanna. D’autant que l’Affaire Kerbrat sera bien oubliée…

  4. Pschitt dit :

    @ An D’accord avec vous sur presque tout. Cependant, je maintiens que la communication a joué un grand rôle après 1989. Une fois élu maire, JMA a pu se doter d’une dircom surdimensionnée et menée de main de maître. Elle lui a construit une image qu’il n’avait pas su acquérir précédemment comme maire de Saint-Herblain. Nantes et JMA ont acquis dans les années 1990 une réputation flatteuse grâce à une communication bien menée, qui a tiré parti d’un climat très favorable à la gauche dans les médias. Et malgré l’accumulation d’échecs ou de demi-succès que vous soulignez à juste titre, cette construction médiatique a permis l’élection de Johanna Rolland. Les Nantais, comme les Rennais, sont en majorité très conservateurs, d’où la rémanence des réputations (et des sièges qui vont avec).

  5. An dit :

    @Pschitt
    Moui.
    Encore une fois (et comme toujours), c’est Paris qui a décidé de tout.
    Ayrault a été porté par le PS national pour être un objet de com: jeune et bel homme. Facile à manipuler, car n’étant pas Nantais mais sans paraître parachuté parce qu’ayant des attaches familiales et son poste de prof (d’ailleurs, s’il n’avait pas fait de la politique, il n’aurait jamais dû se retrouver à enseigner là où il le voulait), il devait faire oublier Chénard qui était encore trop lié au monde ouvrier (et qui avait essuyé un échec, il faut le reconnaître).
    Et si on peut éventuellement mettre au crédit de JMA la com sur « Nantes et la culture », « effet côte ouest » et « Atlantique » à toutes les sauces auront fait long feu.
    Cela n’a pas pris même si le but premier, effacer la Bretagne, a été atteint en brouillant les identités (la Région PdL aura aussi énormément dépensé en com, plus que la plupart des régions, pour l’interne, pas à l’extérieur).
    Mais l’attractivité de Nantes aura été le périph + le TGV. On aurait mis un singe trisomique à la place de JMA que le résultat aura été le même.
    Reste que sa mollesse et son manque de vision le rendait assez malléable pour être un maire adoré de la droite locale, lui assurant des réélections, et donc plaçant son système pour assez longtemps et que JR en profite.
    Nantes est devenue la capitale des bobos de province plus parce que l’époque le voulait que par une quelconque vision ou habilité de JMA et son équipe.
    En 1993 (!), les Simpsons proposait déjà un épisode sur les anciens docks industriels de Springfield reconvertis en parc d’attraction, bars et restaurants. C’est dire à quel point la politique et la com urbaine de cette mairie était éculée au point d’être parodiée avant même d’être appliquée.
    JMA et son équipe n’ont fait qu’appliquer une feuille de route éprouvée.
    Non, objectivement JMA et sa clique n’ont rien de « maîtres ». Ils ont simplement surfés sur une vague de médiocrité de leurs soi-disants opposants et la naïveté, si ce n’est la niaiserie, des Nantais, loin d’être irréprochables, petits provinciaux flattés que les media parisiens leur disent qu’ils vivaient dans la meilleure ville de l’univers. Et si la Nantes des années 90 était en effet extrêmement agréable à vivre, il suffisait de voir ailleurs pour comprendre que ça allait vite sentir mauvais: au plus tard à l’inauguration de l’escroquerie des Machines, mais les Nantais se sont précipités pour mettre de l’éléphant à toutes les sauces, éléphant qui n’est devenu qu’un symbole accessoire, la réalité ayant remis le Château, la Grue Jaune, la tour de Bretagne dans le jeu, ainsi que la tour LU (très favorisée par la com JMA).

    Sinon, comme vous dites, les Nantais et Rennais, en bons bretons, sont conservateurs. Ou disons plutôt en décalage du reste de l’Hexagone. D’où le risque Ecolo pour les PS locaux, vu la vague aux dernières municipales dans d’autres métropoles. Mais scrutin faussé il faut dire par le covid. Et plus ça va, moins les spécificités locales sont marquées. Quant au gauchisme des capitales de Haute-Bretagne, il peut aussi souffrir de l’image de LFI au niveau national.
    Mais au jour d’aujourd’hui, si je devais parier sur le résultat des municipales nantaises, je mettrais encore JR gagnante. Par ce conservatisme justement. Et parce que l’écologie politique et l’islamo-gauchisme sont dans le creux de la vague au niveau national. Et bien sûr, la médiocrité abyssale de la droite nantaise pour une bonne part constituée de semi-débiles.

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