Lois anti-conversion, violences communautaires, complicité policière… En Inde, les chrétiens subissent une persécution institutionnalisée, sur fond de nationalisme hindou agressif.
Alors que l’Inde se présente volontiers comme « la plus grande démocratie du monde », les faits démontrent une réalité bien plus sombre pour ses minorités religieuses, en particulier les chrétiens. Selon un rapport accablant publié par l’ECLJ (European Centre for Law and Justice), la persécution des chrétiens a atteint ces dernières années un niveau alarmant, en grande partie à cause de lois dites « anti-conversion » utilisées comme outils de répression religieuse.
Des lois liberticides utilisées contre les chrétiens
En vigueur dans une douzaine d’États indiens, ces lois interdisent toute conversion religieuse supposément obtenue par « incitation », « fraude » ou « force ». Des termes vagues et extensibles qui permettent de criminaliser des pratiques comme la prière en groupe, la distribution de Bibles ou les activités caritatives chrétiennes. Pire encore : dans certains États, une conversion au christianisme doit être préalablement déclarée aux autorités, sous peine de poursuites pénales.
Ces lois permettent à tout tiers de déposer plainte, même sans preuve, et renversent la charge de la preuve : c’est au chrétien accusé de démontrer son innocence. En revanche, les reconversions à l’hindouisme (le ghar wapsi) sont explicitement exclues du champ d’application de ces lois, révélant une inégalité juridique flagrante.
Une recrudescence des violences
Conséquence directe de cette dérive juridique, les actes de violences contre les chrétiens se multiplient. Le rapport évoque 834 incidents recensés en 2024 – soit plus de deux par jour – allant de l’attaque de lieux de culte à des lynchages publics. Des enfants, des femmes enceintes, des pasteurs sont arrêtés ou battus. En décembre 2022, dans l’État du Chhattisgarh, des émeutes anti-chrétiennes ont dévasté 20 villages. En mai 2023, les violences ethno-religieuses à Manipur ont causé plus de 200 morts et 60 000 déplacés parmi la population chrétienne Kuki.
L’exemple le plus glaçant : en août 2022, un évangéliste chrétien a été brûlé vif par sa propre famille pour avoir refusé d’abandonner sa foi.
Une persécution institutionnalisée
Cette persécution n’est pas seulement le fait de foules haineuses. Elle est alimentée, voire orchestrée, par l’idéologie du BJP, le parti au pouvoir dirigé par Narendra Modi. Proche du RSS, organisation promotrice de l’idéologie Hindutva, le BJP cherche à faire de l’Inde une nation exclusivement hindoue. Résultat : les chrétiens sont perçus comme des éléments étrangers, subversifs, et donc à éradiquer.
Les institutions sont complices : la police reste souvent passive face aux attaques, quand elle ne participe pas elle-même aux arrestations abusives. Le système judiciaire, lui, valide la légalité des lois anti-conversion malgré leur incompatibilité manifeste avec la Constitution indienne et le droit international.
L’Inde est pourtant signataire de nombreux traités internationaux, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). L’article 18 garantit la liberté de pensée, de conscience et de religion – ce qui inclut le droit de changer de religion. L’ONU, la Commission américaine pour la liberté religieuse (USCIRF) ou encore Open Doors dénoncent régulièrement la situation. En vain.
Lors de l’Examen périodique universel de 2022, l’Inde a rejeté toutes les recommandations visant à protéger la liberté religieuse, notamment celles demandant l’abrogation des lois anti-conversion. Une position qui illustre l’aveuglement, voire la stratégie assumée du gouvernement indien.
Malgré ces faits accablants, la communauté internationale reste silencieuse, préférant préserver ses relations économiques avec l’Inde. Pourtant, les chiffres sont là : plus de 200 églises détruites à Manipur, plus de 800 actes de violence en 2024, des centaines d’arrestations, des pasteurs battus, des enfants privés d’éducation. Une véritable épuration religieuse, à bas bruit.
Le silence tue. Et pendant que l’Occident détourne le regard, des milliers de chrétiens indiens vivent chaque jour dans la peur, menacés pour leur foi.
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3 réponses à “Inde. Une persécution silencieuse et massive des chrétiens, soutenue par l’État”
Les Indous défendent leur identité. Peut-on le leur reprocher ?
Tiens donc ! Mais en France, on y arrive aussi sûrement !
Bien que minoritaires, il y a des communautés chrétiennes aussi anciennes en Inde que chez nous.
Les chrétiens sont donc parfaitement légitimes et chez eux. Et s’ils n’étaient incessamment combattus, ils seraient sans doutes beaucoup plus nombreux.