Zones à faibles émissions (ZFE) : la pauvreté bientôt passible de contravention ? [MAJ : bientôt la suppression des ZFE ?]

Mise à jour du 27 mars 2025 : Le texte visant à supprimer les ZFE, ces zones urbaines dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants, a été adopté en commission. Il faut encore que la loi « simplification » soit votée en séance publique.

Face à une mesure jugée aussi brutale qu’inefficace, une proposition de loi visant à suspendre pendant cinq ans le calendrier d’application des Zones à faibles émissions (ZFE) vient d’être déposée à l’Assemblée nationale. Portée par la députée de la Loire Sylvie Bonnet et le député du Rhône Alexandre Portier, et cosignée par une cinquantaine de parlementaires issus de cinq groupes politiques, cette initiative reçoit le soutien actif de la Ligue de Défense des Conducteurs, qui dénonce depuis des années une politique écologiste à la fois socialement injuste et techniquement absurde.

Des millions de Français menacés d’exclusion

À compter de 2026, dans des métropoles comme Paris, Lyon, Grenoble ou Montpellier, les conducteurs de véhicules munis d’une vignette Crit’Air 3 ou plus – autrement dit, les voitures essence d’avant 2006 et les diesels d’avant 2011 – seront purement et simplement bannis. Cette mesure frappera plus de 11 millions de véhicules dans l’Hexagone, dont 1,8 million directement immatriculés dans les agglomérations concernées. À Strasbourg, Reims, Rouen ou Marseille, déjà 3,7 millions de véhicules sont dans le viseur, même si les restrictions y sont moins sévères… pour l’instant.

Les effets de cette interdiction à marche forcée ne se feront pas attendre : pour près de 500 000 salariés, c’est leur emploi qui est potentiellement en jeu, faute de pouvoir remplacer leur véhicule « trop vieux » mais toujours parfaitement fonctionnel et homologué.

Une exclusion par le portefeuille

La proposition de loi déposée le 25 mars 2025 souligne le caractère « inobservable » du calendrier prévu, totalement déconnecté des réalités économiques des Français. « Interdire l’accès aux métropoles aux Français trop pauvres pour changer de voiture, voilà l’inacceptable conséquence des ZFE », dénonce la Ligue. Et d’ajouter avec amertume : « La pauvreté est en passe de devenir un délit », dès lors que des contraventions viendront sanctionner les plus modestes à compter de 2026.

La députée Sylvie Bonnet dénonce ainsi une obsolescence administrativement programmée de véhicules parfaitement en règle, qui ont passé sans encombre leur contrôle technique, mais qui ne correspondent plus aux normes les plus récentes décidées dans les bureaux feutrés de Paris ou de Bruxelles.

Une écologie punitive, rejetée par les territoires

Derrière cette mesure, on retrouve une écologie technocratique, punitive et hors-sol, qui frappe d’abord les classes moyennes et populaires, et singulièrement les habitants des zones rurales ou périurbaines, là où les transports en commun font souvent défaut. La situation pourrait virer à l’explosion sociale, à l’approche des municipales de 2026, si des amendes venaient à pleuvoir sur des automobilistes déjà étranglés par l’inflation.

En demandant un moratoire de cinq ans, les députés et la Ligue de Défense des Conducteurs proposent une issue raisonnable : laisser le temps au parc automobile de se renouveler naturellement, sans pressions ni sanctions, tout en poursuivant l’amélioration de la qualité de l’air en ville, qui progresse déjà depuis des années.

Les auteurs de la proposition de loi attendent désormais que Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, accepte d’inscrire le texte à l’ordre du jour d’une prochaine session parlementaire. Face à une colère qui gronde, y compris dans les rangs des élus locaux, ce débat s’annonce incontournable.

🔎 À savoir :

  • Les ZFE sont déjà en vigueur dans 11 métropoles françaises.
  • 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants doivent les mettre en place d’ici 2025.
  • La violation des restrictions pourra être verbalisée à partir de 2026, avec des amendes automatiques via radars urbains.

Crédit photo :  DR
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8 réponses à “Zones à faibles émissions (ZFE) : la pauvreté bientôt passible de contravention ? [MAJ : bientôt la suppression des ZFE ?]”

  1. Domper catalan français dit :

    Ne pas oublier que la Gauche et LFI se sont abstenus lors du vote ! La vente des voitures électriques est un fiasco et leurs mesures punitives en créant les ZFE ne vont rien changer. Les pauvres et les  » sans dents » de Hollande n’ont pas les moyens de se payer les véhicules chers ( quel jeu de mots ! ) aux écolos.

  2. Ronan dit :

    Demat, ma bagnole âgée de douze ans encore acceptée en ZFE est recalée au contrôle technique pour cause de pollution et d’une gondole avant hélas usée ou endommagée à changer ( devis en cours). Je songe hélas à la changer. Soutenons donc cette ligue même si le don n’est pas défiscalisée. Donc, article important de Breizh infos que la ligue mettra en avant pour ce faire ; en attendant le live de demain 19 heures pour le live de Florian Philippot Président des Patriotes sur sa chaîne YouTube (qui frôle les 600000 abonnés), une chanson d’Étienne DAHO « l’étrangère ». Kenavo.

  3. Ubersender dit :

    Question : le montant des amendes recueilli servira-t-il à l’octroi annuel de la subvention allouée par notre généreux pays à la Chine, pays le plus pollueur au monde mais grâce auquel les « sans-dents » « étranglés par l’inflation » peuvent encore survivre, mais jusqu’à quand ?

  4. Brun dit :

    L’absurdité écolo rejoint le mépris des Français qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule par ailleurs en parfait état, contrôles techniques à l’appui. Mais les bobos non concernés s’en fichent complètement.

  5. Jean-François Charolles dit :

    QUELLE HONTE ! Ma voiture a 67.800 km, très peu pour une diesel: elle a maintenant 12 ANS et n’a roulé qu’occasionnellement pour de longs parcours. Elle est en garage,jamais dehors, et dans un état exceptionnel. Et je ne pourrai plus m’en servir en ville ! Quelle HONTE !
    Je n’ai pas les moyens d’acheter de l’électrique, pas les moyens d’acheter du neuf même en essence.
    Quelle HONTE ! Ces salopards à Bruxelles n’en ont rien à foutre, ils ne sont pas concernés avec leurs salaires et l’argent qu’ils mettent dans la poche. Les riches non plus ne sont pas concernés.
    Cette mesure « escrologique » est la PUNITION DES PAUVRES GENS !
    C’est ça l’Europe ? l’Europe de Merde !

  6. Poulbot dit :

    Sous Mitterrand un cercle de reflexion socialo-écolo avait émis l’idée d’interdire aux particuliers la possession d’un véhicule personnel soit disant pour lutter contre la pollution ; nous y arrivons lentement. les gauches européennes ont réussi leur coup de force a Bruxelles qui a ordonné la création de ces ZFE en Europe, comme toujours les municipalités de gauche françaisece sont dépêcher de mettre cela en oeuvre par pur mépris des petits, des travailleurs.

  7. Michel dit :

    Ma voiture âgée de 23 ans pollue 3 fois moins qu’une Rolls-Royce neuve qui elle pourra toujours rouler!
    Ineptie des écolos!
    Incompétence de nos pseudos représentants.

  8. Hadrien Lemur dit :

    Effectivement, le projet de loi visant la suppression des ZFE a été voté en commission sous la houlette du RN notamment (pour une fois qu’ils servent à quelque chose !). Mais il semblerait que Panier Runacher n’ait pas apprécié et quelle veuille à tout pris maintenir l’interdiction de rouler en l’état. Comme ce gouvernement a pris l’habitude d’enjamber l’assemblée nationale comme si elle n’existait pas, les possesseurs de vieille bagnoles ont du soucis à ce faire. Pour ma part ma voiture est classée CritAir 1 mais par solidarité avec les automobilistes français punis, je n’ai pas acheté la vignette et je n’irais pas dans les villes ou les véhicules classés 3 ou plus n’ont pas accès. Que tous ces gogols d’écolos aillent se faire mettre.

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