Bon, voilà qu’Eve Beauvallet, une Française, tellement de gauche qu’elle est souvent mise en boîte par Laurent Gerra, probablement armé d’un café serré et d’une plume bien affûtée, débarque en Argentine pour nous expliquer ce qui cloche dans la culture nationale sous Milei. Dans son reportage pour le quotidien d’extrême gauche Libération, elle peint un tableau dramatique : l’art argentin, jadis glorieux, serait en train de s’effondrer sous les coups de tronçonneuse du président libertarien. Alors, prenons un mate, posons-nous deux minutes, et analysons ça avec un sourire en coin, comme on sait le faire ici.
Commençons par Mirtha, le mythe, ce spectacle sur la reine de la télé argentine qui fait jaser vos amis Agustin et Martina. Oui, voir une ode à Mirtha Legrand dans une salle nationale prestigieuse, avec robes à paillettes et chute spectaculaire de l’actrice principale, ça peut surprendre. Mais soyons sérieux : est-ce vraiment un signe de la fin des temps culturels ? Pendant des décennies, l’État a injecté des fortunes dans des projets bien plus farfelus, souvent pour flatter l’ego des artistes proches du pouvoir péroniste. Ces subventions massives, c’était un peu le deal : « Tu soutiens la gauche au pouvoir, et hop, voilà un chèque pour ton prochain chef-d’œuvre. » Alors, un spectacle commercial sur Mirtha, ça change, mais ça ne mérite pas une crise existentielle.
Vous parlez ensuite de Milei qui « tronçonne » le ministère de la Culture pour en faire un secrétariat d’État. Ici, beaucoup ont applaudi, et pas seulement les fans de hard rock libertarien. Pourquoi ? Parce que ce ministère, c’était souvent une machine à distribuer des fonds à une poignée d’élus – artistes, réalisateurs, conservateurs de musées bidons – pendant que le pays sombrait dans l’inflation. Prenez l’Incaa, par exemple, ce CNC à l’argentine que défend la belle Eve. On ne va pas nier qu’il a aidé à produire des pépites, mais combien de films ont fini avec moins de 500 spectateurs, dont la moitié était de la famille du réalisateur ? Des subventions pour des films sur la « mémoire historique » ou les « ravages du néolibéralisme », ça part d’une bonne intention digne d’unePropagandastaffel bolchevique, mais quand l’argent manque pour les écoles et les hôpitaux, on se pose des questions. Milei ne dit pas que l’art ne vaut rien ; il dit juste que l’État n’a pas à jouer les mécènes éternels.
Et puis, il y a vos Agustin et Martina, ces conservateurs d’art qui pleurent leurs jobs perdus dans le secteur public. On compatit, vraiment. Mais sous le péronisme, ces postes étaient souvent des cadeaux pour les fidèles du régime, financés par le contribuable. Le centre culturel Kirchner – pardon, Palacio Libertad maintenant, ça vous fait tiquer, hein ? – était un symbole de cette époque : un gouffre financier pour faire briller la gauche au pouvoir. Milei coupe les cordons, et certains découvrent que le privé, ça existe aussi. Peut-être qu’ils pourraient y tenter leur chance, non ?
Le passage sur Milei au Teatro Colón avec sa compagne, pour voir Carmen, c’est presque comique. Vous le dépeignez en hypocrite, lui, l’ennemi de l’État-providence, qui profite d’une soirée d’opéra subventionnée. Bon, d’accord, il n’a peut-être pas sorti son portefeuille ce soir-là. Mais soyons honnêtes : les péronistes avant lui ne se gênaient pas pour squatter les mêmes loges, tout en vidant les caisses publiques pour leurs copains artistes. Milei, au moins, assume son goût pour l’opéra. On ne va pas lui reprocher d’avoir une vie, si ?
Quant à Puan, ce film que vous adorez, c’est une belle réussite, on ne dira pas le contraire. Une comédie maligne sur le monde universitaire, un succès en salles, bravo ! Mais qu’il ait été financé par l’Incaa, c’est aussi révélateur : sous l’ancien système, l’État payait pour ce genre de projets, souvent portés par des cercles militants. Les libertariens se demandent : si c’est si bon, pourquoi ne pas le laisser voler de ses propres ailes sur le marché ? Milei veut fermer l’Incaa non pas parce qu’il déteste le cinéma, mais parce qu’il pense que l’argent public ne devrait pas être une béquille automatique.
Enfin, votre tableau des artistes en « résistance », avec Contra-Campo et les réalisateurs devenus chauffeurs Uber, c’est touchant. On ne nie pas les difficultés, et l’Argentine sans subventions, c’est un choc pour beaucoup. Mais pendant des années, ce système culturel ultra-subventionné a été une vitrine pour le péronisme, un moyen de s’acheter une clientèle fidèle. Milei casse ce pacte, et forcément, ça secoue. Alors oui, certains galèrent, mais d’autres pourraient y voir une opportunité : créer sans attendre que l’État leur tende la main.
Bref, cher Eve, on apprécie votre intérêt pour l’Argentine. Mais avant de crier à la mort de la culture de ce pays, regardez un peu en arrière : ces subventions que vous regrettez, elles ont souvent servi à graisser la patte des copains du pouvoir plutôt qu’à faire rayonner l’art argentin. Milei essaie autre chose, et ici, beaucoup pensent que c’est une bouffée d’air frais. Revenez en Argentine quand vous voulez, mais avec un peu moins de drame et un peu plus de maté, d’accord ?
Balbino Katz, Envoyé spécial de Breizh info en Argentine
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
6 réponses à “Libé pleure la fin des artistes subventionnés”
idem en France
Toujours bien vu Balbino, on se poile à vous lire ! Encore plus, en imaginant Ève Beauvallet en train de lire votre article… ce que, par curiosité, nécessairement, un jour ou l’autre, elle ne manquera pas de faire. Vous la recadrez point par point, à la perfection, comme elle le mérite.
Je reviens d’un séjour à Buenos Aires, jamais vu autant de librairies, grandes avec une large offre de bouquins, très diversifiée, très fréquentées. Quant au Théâtre Colon, la représentation d’une Argentine qui fut prospère, avant les vagues démagogues des Peron et la suite … Espérons que Milei va réussir à redresser durablement ce magnifique pays. mais ça va être très dur!!
J’arrive tjs pas à comprendre qu’il y a encore des tocards pour lire ce canard de M….
Il n’y a plus !
Sauf les journalistes, qui font ainsi bouger encore un peu le cadavre…
Heu, canard de M…., vous voulez parler de feu Libération, j’imagine…
à quand la même chose en france et avec la fin des subventions aux journaux des millionnaires