Cette fois, c’est officiel : LFI fera bande à part aux élections municipales. « L’orientation est de porter partout des listes autonomes, sauf exception », a annoncé à Brest Jean-Luc Mélenchon (Le Télégramme, jeudi 20 mars 2025) ; on ne peut pas dire que ce soit une surprise pour les maires socialistes sortants : François Cuillandre (Brest), Johanna Rolland (Nantes), Nathalie Appéré (Rennes) et David Samzun (Saint-Nazaire). Une liste composée uniquement par des militants insoumis ne peut espérer l’emporter. Alors les gens de LFI discutent actuellement avec les écologistes pour monter des listes d’union dès le premier tour ; il n’est pas certain que ces derniers soient gagnants en abandonnant leur alliance avec les socialistes. En 2020, les écolos sont devenus adjoints… ce qui donne à réfléchir.
François Cuillandre (PS) pour un cinquième mandat ?
« A Brest, le canal de discussion est ouvert. Mais, à ce stade, la question principale, c’est le programme sur lequel nous travaillons », explique Pierre-Yves Cadalen (LFI), député de Brest. « Quelle que soit la configuration, on sera présents, en portant une alternative positive et de rupture, notamment sur le plan des usages démocratiques », poursuit-il (Le Télégramme, jeudi 20 mars 2025). A défaut d’emporter la mairie de Brest, les Insoumis peuvent très bien faire élire quelques conseillers municipaux puisque leur liste autonome sera qualifiée pour le second tour. En effet ils disposent d’une base électorale importante : au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, Jean-Luc Mélenchon y avait obtenu 17 033 voix (28,17 %) ; mais aux élections européennes de juin 2024, la liste conduite par Manon Aubry était tombée à 5 390 suffrages (12, 14 %), n’arrivant qu’en quatrième position derrière Raphaël Glucksmann (22,08 %), Jordan Bardella (21,06 %), Valérie Hayer (13,87 %). Et si, aux législatives de 2024, Pierre-Yves Cadalen (LFI) parvient à se faire élire, c’est d’abord grâce à l’alliance électorale du Nouveau front populaire qui en fait le candidat unique de la gauche dans la circonscription de Brest ; au premier tour, la ville de Brest lui donne 16 202 voix (38,05 %) et 18 918 suffrages (44,09 %) au second dans une triangulaire. Bien sûr, tous ces résultats ne sont pas automatiquement transposables aux élections municipales. Et il faut tenir compte du fait que la municipalité socialiste est solidement implantée ; certes demeure l’incertitude du maire : est-ce que François Cuillandre (PS) repart pour un cinquième mandat ?
Réchauffer le “front républicain“
En réalité, les choses sérieuses apparaîtront quelques mois avant les élections lorsque les sondages portant sur les intentions de vote donneront la température. Si les enquêtes montrent que la situation de la liste socialiste et de la liste insoumise est inquiétante, alors que la liste droite-centriste se trouve en bonne position et que la liste du RN effectue une percée, la gauche brestoise sera contrainte d’en tenir compte. Ce qui signifie liste unique au premier tour ou fusion au second. Plus question de parler de « listes autonomes » mais de réchauffer le “front républicain“ et de “faire barrage au Rassemblement national“ – des recettes qui ont fait leurs preuves.
Bernard Morvan
Crédit photo : Antoine BRUNET/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Les socialistes et les Insoumis ne partiront pas en vacances ensemble”
Mais où est donc passé le formidable Nouveau Front Populaire ? Qu’on se rassure, aux élections, les LFI se désisteront pour les socialos ou macronistes comme la dernière fois !