Il y a des jours où le vélo cesse d’être un simple sport pour devenir une fresque homérique, où les hommes se transforment en titans et où la route n’est plus qu’un fil tendu entre la gloire et l’abîme. Ce samedi, sous un ciel chargé de promesses et de menaces, Mathieu Van der Poel a de nouveau écrit son nom en lettres de feu sur la Via Roma. Son deuxième Milan-San Remo, conquis au terme d’un final incandescent, ne vient pas seulement enrichir un palmarès déjà impérial. Il consacre, une fois encore, son statut de sniper absolu du peloton, cet homme qui, tel un faucon, ne s’abat que lorsqu’il est sûr de son coup.
Un duel d’étoiles filantes dans la Cipressa et le Poggio
La Cipressa, ce serpent sinueux de 5,6 kilomètres, fut le premier théâtre du drame. Il fallait voir Pogacar, ce forcené de l’offensive, ce poète du panache, embraser les cœurs en lançant ses banderilles comme autant d’estocades. Il voulait partir seul, comme un funambule défiant le vide, et il en avait les moyens. Mais il y avait Van der Poel et Ganna, ces deux irréductibles compagnons d’échappée, accrochés à lui comme des ombres indociles, et un peu plus loin, Romain Grégoire, qui a tenté, mais a explosé, face à des statistiques qui font frémir certains observateurs.
Ceci n’est pas du cyclisme. Ceci n’est pas du sport. C’est de l’expérimentation médicale sur des humains, normalement interdite par les droits de l’homme. #MilanoSanremo pic.twitter.com/O5ZOhnC5w1
— 🅰ntoine VAYER 📸🖋️ (@festinaboy) March 22, 2025
Dans le Poggio, la tension monta d’un cran. À chaque virage, à chaque relance, la course devint une épreuve de vérité. Pogacar frappa encore, espérant éteindre l’insolente résistance du Néerlandais. Mais Van der Poel est un diable qui se rit des flammes. Il s’arc-bouta, encaissa, attendit son heure. Les regards se croisèrent, les souffles s’accélérèrent, la course se figea un instant dans une attente insoutenable.
Incredible watts ⚡️🤯 #MilanoSanremo
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— Lukáš Ronald Lukács (@lucasaganronald) March 22, 2025
L’instinct du tueur
Puis vint le sprint, ce dernier coup de fusil tiré à 300 mètres de la ligne. Ganna et Pogacar, dans leur infinie bravoure, pensaient que l’attaque viendrait plus tard, qu’il jouerait l’épure plutôt que l’éclat. Erreur fatale. Van der Poel alluma la mèche, bondit comme un fauve libéré de sa cage et ne laissa à personne le soin de lui contester la victoire. Ganna, qui avait frôlé la correctionnelle dans la descente du Poggio, dut s’incliner. Pogacar, lui, reconnut avec élégance qu’il n’y avait rien à faire : « Il fallait y aller à fond, mais Mathieu était le plus fort ».
Sept Monuments, une ratio terrifiant : 19 participations, 7 victoires, 12 podiums, 14 top 5. Il n’y a que les Grands Tours qui semblent désormais hors de son champ de tir. Van der Poel n’est pas un homme des longs supplices de juillet, il est de ceux qui choisissent leur terrain de chasse et y font régner leur loi. Il est de la trempe des Fausto Coppi, des Merckx, de ces coureurs qui s’élèvent au-dessus du commun des mortels lorsqu’ils sentent le parfum du sacre.
À l’horizon se profile le Tour des Flandres, puis Paris-Roubaix. Mathieu Van der Poel y sera le tenant du titre, l’homme à abattre. Qu’importe, il aime cela. Dans son monde, il n’y a pas d’honneur dans la facilité, pas de gloire dans l’ordinaire. Seulement des instants à saisir, des moments de bravoure à sculpter dans la roche.
Ce samedi, il a encore tiré, et il n’a pas manqué sa cible.
Prochains grands rendez-vous, le Tour de Catalogne, la Classique Bruge-La Panne, avant le Grand Prix E3 vendredi prochain.
Crédit photo : Milan San Remo (DR)
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Une réponse à “Milan-San Remo : Van der Poel décroche un 7ème monument, après une fin de course folle..et des statistiques sidérantes”
Ceci n’est pas du cyclisme. Ceci n’est pas du sport. C’est de l’expérimentation médicale sur des humains, normalement interdite par les droits de l’homme. #MilanoSanremo
Tout est dit ….