Candela Sol Silva (Fratelli d’Italia) : « Il est vraiment important que tous les partis conservateurs travaillent ensemble » [Interview]

Candela Sol Silva est la responsable en Argentine de la Jeunesse de Fratelli d’Italie Argentine, le parti du Premier ministre italien Giorgia Meloni. Lionel Baland l’a rencontrée et interrogée pour Breizh-info à propos de la situation économique et politique en Argentine.

Breizh-info : Vous venez d’Argentine et vous êtes la présidente de la Jeunesse de Fratelli d’Italia dans ce pays. Comme expliquez-vous cela ?

Candela Sol Silva : J’habite en Argentine à Buenos Aires. Parmi les circonscriptions allouées aux Italiens de l’étranger, la circonscription d’Amérique du Sud dispose de deux députés et d’un sénateur. J’admire énormément, depuis 2017, Giorgia Meloni. Lors des élections législatives italiennes de 2022, j’ai été l’attachée de presse du candidat au poste de député Vito De Palma. Bien que la campagne ait été axée sur l’Argentine, des interviews pour des médias d’autres pays d’Amérique du Sud ont également été données. Cette campagne électorale a constitué une excellente opportunité pour moi.

Breizh-info : De nombreux italiens habitent-ils en Argentine ?

Candela Sol Silva : L’Argentine est le pays qui compte, en dehors d’Italie, le plus grand nombre d’Italiens. Un million de personnes qui y vivent disposent du passeport de la péninsule. Parmi les 45 millions d’Argentins, 30 millions de personnes pourraient obtenir ce document, parce que 30 millions d’Argentins ont au moins un arrière-grand-père italien.

Breizh-info : Lors des dernières élections législatives italiennes, comment la campagne électorale a-t-elle été réalisée en Argentine ?

Candela Sol Silva : Une forte propagande électorale a été mise en place dans les médias et lors de réunions politiques. Des entrevues dans les médias et via les réseaux sociaux ont été organisées et les militants se sont rendus à des événements se déroulant dans la communauté italienne, qui est énorme à Buenos Aires.

Breizh-info : Les problèmes en Argentine sont-ils les mêmes qu’en Italie ou pas du tout ?

Candela Sol Silva : Certaines difficultés rencontrées dans les deux pays sont du même type, mais d’autres sont différentes. L’Italie a une dette de 130 % du PIB et l’Argentine de 60 %. Cela constitue une grande différence. L’Italie connaît un problème d’immigration illégale, alors que, en Argentine, ainsi que dans l’ensemble de l’Amérique latine en général, nous ne rencontrons pas cette situation. Par exemple, à cause de la dictature socialiste au Venezuela, environ un demi-million de Vénézuéliens sont venus en Argentine, mais ce ne sont pas des immigrants illégaux. Ils travaillent et ne causent pas d’ennuis. Notre pays a, au cours de son histoire, intégré les immigrés. Certains viennent de Syrie, du Liban, de France, … De nos jours, nous n’avons pas beaucoup d’immigrants, car l’Argentine n’est pas un endroit qui séduit des personnes désirant un meilleur avenir économique. L’Europe, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, la France, … attirent des individus qui désirent vivre mieux, mais pas l’Argentine.

Au cours des vingt dernières années, l’Argentine a été dirigée de manière socialiste. Depuis la fin de l’année 2023 et l’arrivée à la présidence de la République de Javier Milei, un tournant à 180 degrés a été pris. Milei n’est pas un politicien professionnel, mais un économiste. Son élection à la tête du pays a constitué une grande surprise, après que, en 2021, il est devenu député national. Il est désormais, en Argentine et dans le Monde entier, une star. Il entretient de très bonnes relations avec Donald Trump et Giorgia Meloni. Cette dernière s’est rendue en Argentine pour la première fois, il y a quelques mois d’ici. Nous avons des liens culturels communs, mais les problèmes rencontrés par les deux pays sont différents.

Lorsque Javier Milei est arrivé au pouvoir en décembre 2023, l’inflation était de 25,5 % par mois et de 220 % sur un an. En octobre, novembre et décembre 2024, nous avons eu en Argentine une inflation de 3 %. Pour un Européen, 3 % d’inflation sur un mois, c’est beaucoup. Mais pour un Argentin, cela relève du miracle. Donc Javier Milei répare progressivement les dégâts occasionnés par vingt ans de socialisme. L’Italie ne connaît pas ce genre de problème.

Breizh-info : Mais quand vous dites socialisme, est-ce du péronisme ?

Candela Sol Silva : Oui, Kirchner est un péroniste d’extrême gauche. Ce n’est pas le même péronisme que celui de Juan Perón. Ce nom a été adopté car nombre de personnes se sont engagées dans le péronisme, mais les Kirchner, Néstor puis Cristina qui lui a succédé, ne l’ont utilisé que pour obtenir des votes. Mais les choses qu’ils ont décidé de faire ne sont pas les mêmes que celles que Juan Perón a réalisées.

Par exemple, Juan Perón était un militaire. Néstor et Cristina Kirchner ont été au pouvoir, un puis l’autre, durant douze années consécutives, respectivement quatre et huit. Ils ont tout fait pour affaiblir l’armée, tant sur le plan économique que culturel. Ils ont tenté de faire haïr par la population tout ce qui a trait à l’ordre, à la police et à l’armée. Et ils ont créé une structure qui n’existait pas en Argentine : des programmes sociaux qui offraient de l’argent de l’État aux personnes sans travail et sans diplôme, ce qui signifiait créer des votes captifs en faveur de la gauche.

Mais, Dieu merci, nous ne sommes pas le Venezuela. Dans ce pays, l’armée est d’accord avec Hugo Chávez et désormais Nicolás Maduro. Mais les militaires argentins n’ont jamais désiré emprunter la voie qui est celle du Venezuela. Ils n’ont jamais aimé les Kirchner et cela constitue la raison pour laquelle l’Argentine n’est pas devenue une dictature sur le modèle vénézuélien.

Breizh-info : Mais il y a peut-être d’autres péronistes en Argentine, des péronistes de droite ?

Candela Sol Silva : Oui, de nos jours, parmi les péronistes actuels, vous avez tout : la droite, le centre et la gauche. Et on ne peut pas comparer les uns aux autres. C’est complètement différent.

Breizh-info : Et les péronistes sont contre Javier Milei ?

Candela Sol Silva : Cela dépend. Javier Milei ne déteste pas Juan Domingo Perón. Il emprunte des choses positives à sa gouvernance, mais, économiquement, il est plus libertarien. Juan Perón n’était pas libertarien et Néstor Kirchner non plus, mais certains éléments sont similaires. Par exemple, Javier Milei a rendu leur honneur aux militaires. La population aime voir des événements liés à l’armée dans les rues.

Breizh-info : Et la vice-présidente, Victoria Villarruel, est-elle une péroniste ?

Candela Sol Silva :Victoria Villarruel a rendu visite l’année dernière en Espagne à la dernière épouse de Juan Perón, Isabel Perón, surnommée Isabelita, qui a été présidente de 1972 à 1974 et a été la première femme présidente au monde, à la suite de la mort de Juan Perón auquel elle a, en tant que vice-présidente, succédé avant d’être contrainte de quitter le pays, à la suite de l’avènement d’un gouvernement militaire, et de se rendre en Espagne. Victoria Villarruel n’est pas libertarienne. Elle a toujours été plus nationaliste, nationaliste de droite. Elle tente de capter les votes de cette mouvance : les péronistes qui sont d’accord avec Isabel. Certaines personnes qui soutiennent Javier Milei n’apprécient pas la rencontre qui a eu lieu entre Victoria Villarruel et Isabel Perón. Nous verrons ce que les tensions entre les adeptes de Javier Milei et ceux de Victoria Villarruel engendrent, car cette année, en octobre, nous avons des élections de mi-mandat. Ainsi, la moitié de la Chambre des députés et le tiers du Sénat sont renouvelés. En ce moment, les sondages donnent Javier Milei à de hauts scores. Je pense que cela est dû au fait que l’opposition est fortement woke et de gauche.

Mais, tous les problèmes de l’Argentine ne sont pas résolus, bien sûr, car vingt ans de destruction engendrés par la gauche ne peuvent être gommés en seulement un an et demi. C’est impossible. Donc, la plupart des Argentins sont patients, croient en ce projet et en Javier Milei. Ils attendent donc que les choses s’améliorent chaque mois.

Breizh-info : Voulez-vous ajouter quelque chose à l’entretien ?

Candela Sol Silva : Je pense qu’il est vraiment important que tous les partis conservateurs travaillent ensemble parce que la gauche, avec le Forum de São Paulo depuis les années 1990, et toutes les gauches du monde le font. Si les conservateurs ne réalisent pas la même chose, comment peuvent-ils gagner ? Donc, mon message est que les conservateurs, les gens de droite, doivent s’unir et travailler ensemble.

Propos recueillis par Lionel Baland

Crédit photo :  DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

4 réponses à “Candela Sol Silva (Fratelli d’Italia) : « Il est vraiment important que tous les partis conservateurs travaillent ensemble » [Interview]”

  1. Gaï de Ropraz dit :

    Bien que succinte, j’ai bien aimé cette interview car elle annonce des vérités. De toutes manières, on ne peut pas nier qu’avec Milei au pouvoir l’Argentine est en voie de devenir le pays phare de l’Amerique Latine.

  2. gautier dit :

    Encore une fois c’est une femme qui se distingue ! bravo Madame, alors les mecs, on se sent pas à l’étroit dans son slip Panthère !!

  3. Raymond Neveu dit :

    MDR avec le scandale des crypto monnaies…tout change pour que rien ne change (prince Tomasi, Le Guépard). Bon cette jeune femme est une Lumière dans les Ténèbres, una Candela! Les Cons- servateurs, genre le baratineur Bayrou ( il prépare des conclaves comme à Bétharam sur tout et sur rien …cela occupera…) les autres petits péteux dont la seule ambition est de se caser…on refuse du monde!!!

  4. GNA46 dit :

    Pour ma part, ce que je vois ressortir de cet article, c’est que partout dans ce Monde, c’est bien la gauche en place, qui est le vecteur « wokiste » des situations qui font que cette idéologie mondialiste, veut avant tout, éteindre les cultures, les sensibilités, les particularités, les racines de toutes civilisations. Ils veulent « aplanir » l’humanité, et en faire un « melting pot » qui n’aurait plus aucune pensée propre, mais une pensée unique insufflée par des « bienpenseurs » qui leur diraient comment vivre, et se comporter (lire, ou relire « 1984 » d’Orwell)
    Moi je m’y refuse, et maintien que le moment est arrivé de suivre Trump qui a commencé à mettre des coups de pieds dans cette fourmilière, pour en jeter les éléments pourris qui ne veulent que notre extinction…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

International

La rançon d’un peso fort : quand l’Argentine achète le monde et vend son âme

Découvrir l'article

International

Buenos Aires sous haute surveillance : la rue verrouillée, la contestation encadrée

Découvrir l'article

International

Argentine. Buenos Aires en flammes : émeutes, justice et impunité

Découvrir l'article

International

Argentine. Les champs noyés du sud de Buenos Aires : une catastrophe ignorée

Découvrir l'article

Economie

L’Argentine face au spectre des créanciers : un litige sans fin

Découvrir l'article

A La Une, International

Pablo Javier Davoli : « D’un certain point de vue, Javier Milei est un mondialiste » [Interview]

Découvrir l'article

A La Une, International

Quand Washington lit Douguine : L’influence souterraine d’un idéologue russe

Découvrir l'article

International

L’Argentine de Milei : quand la proximité avec le pouvoir devient un argument de vente

Découvrir l'article

International

L’Argentine, un géant aux pieds d’argile

Découvrir l'article

Economie, International

La compagnie aérienne d’État Aerolinas Argentinas dégage ses premiers bénéfices depuis 16 ans

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky