Depuis la prise de Damas par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) en décembre 2024 avec l’appui de la Turquie, la Syrie sombre dans une vague de violences sectaires sans précédent. Les témoignages et images diffusées sur les réseaux sociaux décrivent des exécutions de chrétiens et d’alaouites, hommes, femmes et enfants, abattus à bout portant. Le bilan s’élèverait déjà à plus de 7 000 morts, alors que la communauté internationale reste largement silencieuse.
Un nettoyage ethnique ciblé contre les minorités religieuses
Lors d’un sermon prononcé le 9 mars, Jean X, Patriarche de l’Église grecque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, a dénoncé les atrocités commises contre les populations chrétiennes et alaouites sur le littoral syrien : « Les événements sanglants qui se déroulent sur la côte syrienne ont laissé derrière eux de nombreux morts et blessés… Des villes et villages ont été incendiés, leurs habitants contraints à l’exil avant d’être assassinés. Leurs maisons, leurs biens et leurs véhicules ont été pillés. »
Les persécutions s’intensifient, et les exécutions sommaires se multiplient. Le 8 mars, Marwan Shahda, chef du village chrétien de Mazraa, a été retrouvé assassiné à la machette. Le 11 mars, Elias Michel Asaad, enlevé à Homs, a été exécuté d’une balle dans la tête. Deux jours plus tard, Johnny Al-Sayegh, un Grec chrétien de la ville de Tratous, a été abattu alors qu’il circulait en moto avec sa fiancée.
Une Europe aveugle face au massacre
En visite à Damas les 8 et 9 mars, le député européen Nikolas Farantouris a dénoncé ce qu’il qualifie de tentative d’extermination des minorités religieuses : « Des milliers de chrétiens et d’alaouites ont été massacrés. Ces communautés, présentes dans cette région depuis plus d’un millénaire, risquent aujourd’hui de disparaître. Le nouveau régime islamiste transforme la Syrie en un État théocratique et prétend ne pas contrôler les milices paramilitaires qui massacrent des civils innocents. »
Face à cette situation, Farantouris appelle l’Union européenne à réagir immédiatement. Il critique notamment l’attitude passive de Bruxelles, qui continue de maintenir des relations avec le nouveau régime en place en Syrie. « Ni la Grèce ni l’UE ne peuvent se contenter de visites diplomatiques et de courtoisies tout en fermant les yeux sur le massacre de milliers de civils. »
Des preuves accablantes d’un génocide en cours
Selon la Convention des Nations unies sur le génocide, un acte est qualifié de génocidaire lorsqu’il vise à détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux confirment que HTS et ses alliés appliquent une politique de nettoyage ethnique contre les alaouites et les chrétiens. Un haut commandant du régime islamiste a été filmé en train d’ordonner : « Ne laissez aucun alaouite en vie, homme ou femme. »
Dans plusieurs mosquées contrôlées par HTS, des appels au jihad contre les alaouites ont été lancés via les haut-parleurs, incitant à des attaques généralisées.
L’ancien Premier ministre grec Antonis Samaras a dénoncé une idéologie néo-ottomane poussant à l’épuration ethnique en Syrie : « Ce qui se passe en Syrie est une abomination orchestrée par Ahmed al-Sharaa (chef de HTS). Son passé de terroriste n’a pas disparu sous prétexte qu’il porte un costume-cravate. L’Europe a applaudi la chute d’Assad, mais elle a simplement remplacé un mal par un autre, conduisant à des massacres de masse que l’humanité ne peut tolérer au XXIe siècle. »
L’Europe finance-t-elle indirectement HTS ?
Le silence coupable de Bruxelles est d’autant plus choquant que la Commission européenne a récemment débloqué une aide humanitaire de 235 millions d’euros destinée à la Syrie. Cette somme risque fort de tomber entre les mains du régime islamiste.
Pire encore, le 27 janvier, lors d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères, un accord de principe a été trouvé pour alléger certaines sanctions imposées à la Syrie. Une décision qui revient à reconnaître, de fait, le régime jihadiste en place.
Pourtant, Ahmed al-Sharaa, chef de HTS, reste un terroriste internationalement reconnu. Ancien cadre de l’État islamique et d’al-Qaïda en Syrie, il a dirigé Jabhat al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda. En 2013, le département d’État américain a placé sa tête à prix pour 10 millions de dollars via son programme Rewards for Justice.
L’ONU et l’Union européenne considèrent officiellement HTS comme un groupe terroriste lié à al-Qaïda et à l’État islamique. Pourtant, la Commission européenne collabore aujourd’hui avec ce régime.
Face à l’inaction de Bruxelles, des voix s’élèvent pour exiger des sanctions contre HTS. Le député grec Emmanouil Fragkos a déposé une demande de mandat d’arrêt européen contre HTS et Ahmed al-Sharaa, auprès du procureur général de l’UE.
Dans sa requête, il qualifie les massacres d’actes de crimes contre l’humanité selon l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Pour l’instant, l’Union européenne ne semble pas prête à prendre des mesures contre le régime jihadiste en Syrie. L’inaction de Bruxelles risque non seulement de perpétuer les massacres, mais aussi de favoriser l’implantation d’un nouvel État islamiste, menaçant la stabilité du Moyen-Orient et de l’Europe.
Alors que les chrétiens et les alaouites sont massacrés dans l’indifférence, il est légitime de se demander : L’Europe va-t-elle enfin agir, ou choisira-t-elle de financer encore un régime terroriste ?
Crédit photo : Swpix.com
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