Les Bouteilles ne jette pas de poudre aux yeux. Le gastronome distrait dépasse aisément sans la remarquer sa façade grise du 11 rue de Bel-Air à Nantes. Pas grave : ce caviste proche du marché de Talensac draine plutôt un public d’initiés. En vingt ans de travail régulier sur des produits de qualité, il s’est fait une solide réputation dans la restauration « bistronomique ».
Nous avons bravé les premières giboulées de la saison pour nous installer dans sa salle aux tables de bois et au décor sobre – un adjectif peu adapté étant donné la profusion de bouteilles exposées alentour – pas moins de quinze cents références sont au catalogue. À contempler avec modération.
Dans le menu de cette fin d’hiver, nous avons d’abord opté en entrée pour une assiette de charcuteries de Toscane (15 €). Bien servi, ce classique de la maison forme une entrée conviviale qui contente trois personnes d’un coup.
Pour le vin, nous nous en sommes remis au maître des lieux. Il nous a surpris, à l’aveugle, avec un verdicchio dei castelli di jesi 2022 d’Andrea Felici. Que celui qui n’a jamais arrosé son saucisson avec un muscadet lui jette la première pierre. Ici, l’accord mets-vins se noue entre des presque voisins : droit et minéral, le blanc sec des Marches fait bon ménage avec les savoureuses cochonnailles de Toscane. Il ne dépare pas non plus la terrine de foie de volailles et aurait sûrement convenu au gravlax de saumon si tel avait été le choix de l’un d’entre nous.
En plats (18,50 €), nos choix se sont ensuite dispersés entre la volaille de la ferme de la forêt rôtie avec pommes de terre et oignons nouveaux, la daurade sauvage du Croisic avec crème de haricots tarbais aux épices et les côtelettes d’agneau, trois classiques sans trop de complication, exécutés avec maîtrise et servis avec célérité.
Pour le vin, rebelote : on nous a servi sous chaussette un rouge léger au choix de la maison. Pour rester dans la note italienne, il s’agissait d’un umbria rosso gamay 2023 – un grenache, comme son nom ne l’indique pas. Ce vin aux notes de fruits rouges, sans histoire, proche de la nature, issu d’une vigne sans traitements chimiques, est propre à accompagner sans les brusquer des plats divers, jusqu’à la daurade avec un peu de bonne volonté.
En dessert, le riz au lait a été délaissé au profit d’une ganache au chocolat du Venezuela (8 €) régressive à souhait, d’une parfaite onctuosité et peu sucrée.
Le service est à l’avenant de l’assiette : professionnel sans fioriture, réservé mais pas guindé envers des convives nouveaux venus. À 45 euros par personne, l’addition se fait tout de même sentir. Qu’importe, on se sent bien et l’on s’attarde volontiers, surtout pendant les giboulées. Ouvert midi et soir du mardi au samedi. Réservation indispensable.
Les Bouteilles, 11 rue de Bel-air, 44000 Nantes 02 40 08 27 65 https://www.lesbouteillesnantes.fr/
Crédit photos : Breizh-info.com
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