Cette année encore, le site de statistiques Worldometer.com qui calcule les données relatives à la population mondiale en temps réel, a publié les chiffres relatifs à 2024. Le nombre d’avortements y figure parmi les causes de décès, au même titre que les cancers, les maladies cardio-vasculaires ou les suicides, qu’il devance largement. Une donnée qui a provoqué un tollé de ce côté de l’Atlantique : considérer les interruptions de grossesse comme une cause de décès est puni par la loi française et européenne.
CNews s’en souvient. En février 2024, la chaîne avait été dans la tourmente pour avoir repris les chiffres de Worldometer, l’un des meilleurs sites de référence gratuite par l’American Library Association, qui se base à son tour sur les données de l’OMS. Ce qui était reproché à Aymeric Pourbaix dans l’émission « En quête d’esprit » du 25 février, ce n’était pas quelque statistique particulière, mais le fait de comptabiliser l’IVG parmi les causes de mortalité dans le monde, comme le font sans trop y penser les Américains, les Indiens et les Chinois.
Mais c’était sans compter les Sleeping Giants qui, à l’affût du moindre écart de bien-pensance, guettent chaque faux-pas, dénoncent, saisissent. Et en effet, une pluie de saisines s’était abattue sur la chaîne honnie, contrainte de s’excuser pour ce qui n’était probablement qu’une bévue, puisque les morts volontaires sont aussi présentes dans la liste.
🚨 Signalement @Arcom_fr
CNews, 25/02/2024
En quête d’esprit, 13h
Séquence 13h15
Manquement à l’honnêteté de l’info : titre erroné (oral & infographie) d’une donnée de Worldometer.
IVG présentée comme un décès contrairement à l’avis scientifique, à la loi Française & Européenne. pic.twitter.com/3UFtodhkNT— Sleeping Giants FR (@slpng_giants_fr) February 26, 2024
En 2025, Worldometer continue de présenter les chiffres et les statistiques mondiales et confirme la tendance. De nombreux médias vont y piocher le nombre d’avortements annuel qu’ils présentent comme la première cause de mortalité dans le monde, à l’instar de la chaîne chrétienne SG News, ou The Christian Post. Selon ce dernier :
« L’avortement a été la première cause de décès dans le monde en 2024, selon les nouvelles données publiées par Worldometer, qui montrent qu’il y avait eu 45,1 millions d’avortements dans le monde l’année dernière.
Ce chiffre a dépassé les décès causés par le cancer (8,2 millions), le tabagisme (5 millions), le VIH/sida (1,7 million), les accidents de la route (1,35 million) et le suicide (1,1 million), a noté Breitbart, ajoutant que le total combiné de tous les décès sans avortement était estimé à 62,5 millions. Ainsi, les procédures ont représenté un peu plus de 42 % de tous les décès humains en 2024. »
Mais personne, en France, ne peut en arriver aux mêmes conclusions puisque la loi nous l’interdit : il n’est possible de dire seulement que l’avortement est un droit, pas une cause de décès. Et s’il est clair que titrer, comme le fait la Society for the protection of unborn children, « L’avortement est la principale cause de décès dans le monde en 2024, tuant plus de personnes que la Première Guerre mondiale » offensera les femmes qui y ont eu recours, des sentences chocs comme celle-ci lèvent le voile sur un drame planétaire dont le volume annuel est sidérant.
Chacun se fera son opinion – la liberté de pensée étant encore garantie par son caractère insaisissable – mais on pourra regretter que si les femmes occidentales sont bien informées sur ce droit, la prévention fait encore largement défaut. L’absence d’information, voire la désinformation autour des conséquences psychologiques d’une interruption de grossesse volontaire et la détresse des femmes qui y sont pour une raison ou pour une autre contraintes sont rarement évoquées. Tout est fait comme si cela ne représentait pas un drame pour la femme qui y a recours.
Peut-être que là aussi se cache un manque d’empathie et d’humanité. Que l’on soit pour ou contre l’avortement.
Audrey D’Aguanno
Crédit photo : Pexel
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