Après des années de mobilisation des apiculteurs et des défenseurs de la biodiversité, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, jeudi 6 mars 2025, une proposition de loi contre la prolifération du frelon asiatique. Ce texte, initié par le sénateur Michel Masset et soutenu par le groupe MoDem, avait déjà été validé par le Sénat en avril 2024. Désormais, un plan national de lutte va être mis en place pour coordonner efficacement la destruction des nids et protéger les ruches.
Un fléau qui menace les abeilles et l’agriculture
Introduit accidentellement en France il y a une vingtaine d’années, le frelon asiatique (Vespa velutina) est devenu un prédateur redoutable pour les colonies d’abeilles. Chaque année, il est responsable d’environ 20 % des pertes d’abeilles domestiques, selon la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. Son impact ne s’arrête pas à l’apiculture : il perturbe également d’autres secteurs agricoles comme l’arboriculture et l’ostréiculture, et représente même un danger pour la santé humaine.
Christian Pons, président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF), salue cette avancée législative tant attendue : « Depuis plusieurs années, nous alertons les pouvoirs publics sur l’ampleur de cette menace. Ce texte vient combler un vide législatif et permettra enfin une action coordonnée. »
Pour Patrick Granziera, apiculteur et administrateur de l’UNAF, cette loi représente une victoire majeure : « Trop longtemps, nous avons dû lutter seuls contre ce fléau. Aujourd’hui, le Parlement reconnaît officiellement ce combat. Il reste maintenant à obtenir des décrets d’application ambitieux et des financements à la hauteur du problème. »
Un plan national pour une lutte plus efficace
Jusqu’ici, la lutte contre le frelon asiatique reposait essentiellement sur les initiatives locales, menées par des collectivités, des associations d’apiculteurs et des organisations sanitaires. Avec cette nouvelle loi, l’État prend désormais la main, avec plusieurs mesures clés :
- Un plan national de lutte, qui définira les méthodes d’action, les financements et l’évaluation de la menace dans chaque département.
- Une coordination renforcée avec les préfets, qui auront pour mission d’adapter les mesures nationales à leur territoire.
- Un système d’indemnisation pour les exploitants agricoles et apiculteurs impactés par la prolifération du frelon asiatique.
Un texte ambitieux, mais encore perfectible
Si l’adoption de la loi est unanimement saluée, plusieurs élus et organisations regrettent un manque de précisions sur certains points cruciaux. Certains élus déplorent l’absence de détails sur l’organisation et le financement de la destruction des nids, estimant que la charge financière devrait être assumée intégralement par l’État.
D’autres veulent à nouveau s’en prendre aux propriétaires (indice : ils sont de gauche) en instaurant une obligation pour les propriétaires fonciers de signaler les nids de frelons présents sur leur terrain.
Malgré ces critiques, les parlementaires ont préféré adopter la version initiale du Sénat afin d’accélérer la mise en œuvre du plan national.
L’adoption de cette loi marque une avancée historique pour l’apiculture française, mais les professionnels du secteur restent vigilants. L’UNAF continue d’œuvrer aux côtés des apiculteurs et des décideurs publics pour que les décrets d’application soient ambitieux et que des moyens financiers suffisants soient alloués.
Désormais, tous les regards se tournent vers le gouvernement, chargé d’assurer une mise en œuvre rapide et efficace du dispositif. Face à une menace qui ne cesse de s’intensifier, seule une action concertée et durable pourra réellement protéger les abeilles et la biodiversité française.
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Une réponse à “Lutte contre le frelon asiatique : le Parlement adopte une loi historique pour l’apiculture et la biodiversité”
C’est bien beau mais le frelon n’a pas de frontières, quid des autres pays de l’Union Européenne s’ils ne sont pas impliqués ? Quant à l’obligation de déclarer la présence d’un nid, comment prouver sa présence et sanctionner un propriétaire ? Une loi n’est efficace seulement si elle peut être appliquée, mais le législateur l’oublie .