Alors que l’année 2025 s’annonçait sous le signe de l’incertitude économique et d’un marché immobilier en tension, une étude récente de L’Observatoire Crédit Logement / CSA, publiée en février, révèle un net regain de dynamisme du marché des prêts immobiliers en France. Portée par une baisse des taux d’intérêt, un allongement des durées de prêt, et une amélioration de la solvabilité des emprunteurs, cette reprise pourrait marquer un tournant décisif pour les acquéreurs et le secteur immobilier.
Un reflux des taux d’intérêt favorable aux acheteurs
Depuis janvier 2025, les taux d’intérêt moyens ont amorcé une baisse progressive, atteignant 3,19 % en février, contre 3,22 % le mois précédent. Cette diminution, bien que légère (-3 points de base), s’inscrit dans une tendance baissière amorcée depuis le début de l’année (-13 points de base au total). Les prêts à long terme sont particulièrement concernés par ces ajustements :
- Prêts sur 15 ans : 3,07 % (-17 points de base depuis janvier)
- Prêts sur 20 ans : 3,06 % (-20 points de base)
- Prêts sur 25 ans : 3,16 % (-18 points de base)
Cette baisse est largement attribuée aux ajustements stratégiques des banques, qui ont décidé d’anticiper le redémarrage de la demande immobilière au printemps. Par ailleurs, elles se sont alignées sur la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE), dont le taux de refinancement a été réduit à 2,90 % au 5 février 2025.
Des prêts immobiliers plus longs pour améliorer la solvabilité
Autre indicateur clé de cette reprise : la durée moyenne des prêts, qui s’étend désormais à 253 mois (soit 21 ans), contre 250 mois en janvier. L’objectif est clair : réduire le poids des mensualités pour les emprunteurs, en particulier dans un contexte où les prix de l’immobilier restent élevés.
L’étude souligne un record absolu dans la part des prêts octroyés sur plus de 20 ans : 68,2 % des crédits immobiliers accordés en février ont une durée supérieure à 20 ans, contre 65,7 % en 2024. Seuls 4,2 % des prêts sont souscrits sur une durée inférieure à 10 ans, confirmant la tendance vers des financements à long terme pour rendre le crédit plus accessible.
Cette stratégie, soutenue par la Banque de France, permet aux emprunteurs de mieux absorber la hausse des coûts d’acquisition tout en sécurisant les dossiers de financement auprès des établissements bancaires.
Une solvabilité des emprunteurs au plus haut depuis 25 ans
L’un des faits marquants de cette étude est la nette amélioration de la solvabilité des emprunteurs, qui atteint son niveau le plus élevé en un quart de siècle. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance :
- Une hausse des revenus des ménages emprunteurs, qui leur permet de supporter des prix immobiliers plus élevés.
- Des conditions de crédit plus favorables, grâce à la baisse des taux et à l’allongement des durées de remboursement.
- Le retour des “seconds acheteurs”, qui vendent leur bien actuel pour en acquérir un nouveau. Plus solvables, ces acheteurs fortunés renforcent la dynamique du marché.
L’impact est concret : le remboursement mensuel moyen pour un prêt de 100 000 euros a baissé de 11,2 % depuis décembre 2023, malgré une hausse continue des prix du foncier.
En parallèle de ces tendances favorables, le marché du crédit immobilier affiche une progression notable :
- Hausse de 15,6 % de la production de crédits en février 2025 par rapport à février 2024.
- Augmentation de 10,3 % du nombre de prêts accordés.
Si la croissance ralentit légèrement par rapport à la fin de l’année 2024, la confiance des emprunteurs est de retour, notamment grâce aux banques qui assouplissent leurs conditions d’octroi.
Les efforts des établissements financiers pour relancer la demande sont donc visibles, même si les primo-accédants restent pénalisés par des prix immobiliers toujours élevés et des critères d’octroi parfois exigeants. Ce sont les ménages les plus aisés qui profitent le plus de cette embellie.
Perspectives pour le marché immobilier en 2025
À travers cette étude, L’Observatoire Crédit Logement / CSA confirme que les fondamentaux du marché du prêt immobilier sont en train de s’améliorer. La baisse des taux d’intérêt et l’allongement des durées de prêt soutiennent une reprise robuste, bien que le contexte économique global reste incertain.
Toutefois, quelques zones de vigilance subsistent :
- Les primo-accédants restent fragiles, impactés par la hausse des prix immobiliers et des niveaux d’apport élevés.
- Les incertitudes économiques et inflationnistes pourraient freiner la dynamique actuelle.
- L’évolution des politiques monétaires de la BCE sera déterminante dans le maintien des taux bas.
En conclusion, si la tendance est à l’embellie, le marché immobilier français ne retrouvera une dynamique durable que si cette reprise s’accompagne d’une stabilisation économique et d’une meilleure accessibilité à la propriété pour tous les ménages.
Illustration : DR
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