Le référendum, outil démocratique par excellence, suscite un large intérêt auprès des Français. C’est ce que révèle une étude Ipsos réalisée en février 2025 pour La Tribune qui met en lumière l’adhésion massive à ce mécanisme de consultation populaire, tout en soulignant les divergences selon les thèmes abordés et les appartenances politiques.
Un soutien massif à l’idée de référendum
L’étude montre que 88 % des Français sont favorables à l’idée de consulter le peuple sur des sujets clés via un référendum. Parmi eux, 44 % s’y déclarent « tout à fait favorables » et 40 % « plutôt favorables ». Ce plébiscite transcende largement les clivages partisans, bien que certaines nuances apparaissent :
- Les sympathisants de La France Insoumise (LFI) et d’Europe Écologie Les Verts (EELV) sont les plus enthousiastes (95 % et 92 % favorables).
- Les électeurs du Rassemblement National (RN) et des Républicains (LR-UDI) soutiennent également cette initiative à hauteur de 88 % et 87 %.
- Les sympathisants du parti présidentiel Renaissance-MoDem-Horizons sont légèrement moins unanimes, avec 86 % d’adhésion.
Ce consensus révèle une soif démocratique incontestable, mais il masque des différences notables sur les thèmes prioritaires.
Les sujets qui mériteraient un référendum selon les Français
Interrogés sur les sujets qui devraient faire l’objet d’une consultation populaire, les Français plébiscitent en priorité :
- La fin de vie (84 % favorables)
- La gestion des finances publiques et de la fiscalité (78 %)
- Les aspects sociaux de la politique migratoire (74 %)
- Le travail (durée, retraites, jours fériés, etc.) (74 %)
- L’introduction d’un mode de scrutin proportionnel pour les législatives (74 %)
- L’instauration d’une règle d’or budgétaire interdisant les déficits excessifs (71 %)
- L’autorisation du cumul des mandats (61 %)
- La régulation de l’usage des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants (60 %)
- La réduction du nombre d’échelons territoriaux (58 %)
La question de la fin de vie apparaît ainsi comme la priorité absolue pour les Français, dépassant de loin les autres sujets. Les questions économiques et sociales, notamment sur la fiscalité et l’immigration, sont également des préoccupations majeures, ce qui illustre un profond besoin de contrôle populaire sur les choix budgétaires et sociétaux, mais aussi un ras le bol que ce soit le Conseil Constitutionnel et quelques nantis non élus qui décident ce qui doit être changé ou pas dans le pays.
Un clivage partisan marqué sur certains sujets
L’étude souligne que les priorités varient fortement selon l’affiliation politique des répondants :
- Les électeurs de gauche (LFI, EELV, PS) sont majoritairement favorables à un référendum sur la fin de vie, la proportionnelle aux législatives, et les questions de travail.
- Les électeurs de droite et du RN privilégient nettement les référendums sur l’immigration, la fiscalité, et la dette publique.
- Le parti présidentiel et ses alliés (Renaissance, MoDem, Horizons) se positionnent comme un entre-deux, avec un soutien aux référendums économiques et institutionnels.
Ces différences démontrent que, bien que le référendum soit largement accepté, son contenu est un enjeu de polarisation politique.
Un des points les plus intéressants de l’étude est la motivation derrière le vote des Français lors d’un référendum :
- 67 % des Français affirment qu’ils voteraient avant tout sur le fond du sujet, indépendamment des considérations politiques.
- 25 % utiliseraient leur vote pour manifester leur opposition à Emmanuel Macron et au gouvernement.
- 8 % voteraient pour soutenir le président et sa politique.
Ces chiffres révèlent une part non négligeable d’électeurs prêts à utiliser le référendum comme un « vote sanction », en particulier parmi les sympathisants du RN et de LFI.
L’attrait des Français pour le référendum contraste avec sa rareté dans la vie politique nationale. Depuis l’instauration de la Ve République, seulement dix référendums ont été organisés, le dernier en date remontant à 2005 sur le projet de Constitution européenne et a constitué un bras d’honneur au peuple puisque les dirigeants sont allés contre l’avis des citoyens.
L’étude Ipsos – CESI révèle que les Français veulent être davantage consultés sur les grandes décisions politiques, avec une large adhésion au principe du référendum.
Si le référendum est plébiscité comme une voie vers une démocratie plus directe et participative, encore faut-il que le pouvoir en place accepte d’en faire un usage régulier et sincère. Un débat essentiel à l’heure où la défiance envers les élites politiques atteint des sommets.
Illustration : DR
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