Le monde du cinéma vient de perdre l’un de ses plus grands acteurs. Gene Hackman, véritable monument du septième art, s’est éteint à l’âge de 95 ans aux côtés de son épouse Betsy Arakawa, dans leur maison de Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Avec lui disparaît un acteur d’exception, dont la carrière, couvrant près de six décennies, a marqué de son empreinte l’histoire du cinéma américain.
Un talent brut révélé par Bonnie and Clyde
Né en 1930 en Californie, Gene Hackman ne se destine pas immédiatement au cinéma. C’est après un passage dans les Marines et une tentative d’étude du journalisme qu’il se tourne vers le théâtre, avant d’évoluer petit à petit vers le grand écran. C’est en 1967 que sa carrière explose, avec son rôle de Buck Barrow dans Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, qui lui vaut sa première nomination aux Oscars. Dès lors, il devient l’un des visages incontournables du Nouvel Hollywood, ce mouvement qui bouscule le cinéma américain des années 70.
L’âge d’or des années 70 : French Connection, L’Épouvantail, Conversation secrète
Si l’on devait définir l’apogée de Gene Hackman, ce serait sans aucun doute la décennie 70, où il enchaîne des performances inoubliables. C’est en 1971 qu’il décroche son premier Oscar pour son rôle de Jimmy « Popeye » Doyle dans French Connection de William Friedkin, film policier brutal et nerveux qui révolutionne le genre.
Suivent des œuvres majeures : L’Épouvantail (Palme d’or 1973), Conversation secrète de Francis Ford Coppola (Palme d’or 1974), French Connection 2, ou encore Superman (1978), où il campe un Lex Luthor cynique et burlesque, à mille lieues des méchants monolithiques du cinéma de l’époque.
Une carrière d’exception jalonnée de chefs-d’œuvre
Hackman a ce don rare des acteurs caméléons, capable de passer du thriller politique (Mississippi Burning, Ennemi d’État) à la comédie grinçante (The Birdcage, La Famille Tenenbaum), en passant par le western (Impitoyable), le film de guerre (Un pont trop loin, USS Alabama), ou encore le drame sportif (Hoosiers).
Sa collaboration avec Clint Eastwood lui permet d’entrer définitivement dans la légende : son interprétation du shérif impitoyable Bill Daggett dans Impitoyable lui vaut son second Oscar en 1993. Un rôle qui résume bien son génie : une ambiguïté permanente, un charisme indéniable, et cette capacité à incarner des personnages aussi fascinants que redoutables.
Un adieu discret, à l’image de son humilité
En 2004, Hackman décide d’arrêter sa carrière, sur les conseils de son médecin. Il quitte Hollywood sans cérémonie ni longs adieux, préférant se consacrer à l’écriture de romans, une autre de ses passions. Il restera l’un des rares monstres sacrés du cinéma américain à ne jamais revenir sur sa retraite, contrairement à d’autres légendes.
Son décès, dans des circonstances encore floues, met un point final à une carrière sans faute, celle d’un acteur inimitable, d’une présence magnétique et d’un homme qui refusait les paillettes du star-system. Il laisse derrière lui une filmographie immense, deux Oscars, quatre Golden Globes, et surtout une empreinte indélébile sur l’histoire du cinéma.
Filmographie de Gene Hackman
Années 1960 : les débuts prometteurs
- 1961 : Le Maniaque à la mitraillette (Mad Dog Coll) de Burt Balaban : un policier (non crédité)
- 1964 : Lilith de Robert Rossen : Norman
- 1966 : Hawaï de George Roy Hill : Dr John Whipple
- 1967 : Chef de patrouille (First to Fight) de Christian Nyby : Sgt Tweed
- 1967 : A Covenant with Death de Lamont Johnson : Harmsworth
- 1967 : Bonnie et Clyde d’Arthur Penn : Buck Barrow (nomination à l’Oscar du meilleur second rôle)
- 1967 : Banning de Ron Winston : Tommy Del Gaddo
- 1968 : Le Crime, c’est notre business (The Split) de Gordon Flemyng : Walter Brill
- 1969 : La Mutinerie (Riot) de Buzz Kulik : Red Fraker
- 1969 : Les Parachutistes arrivent (The Gypsy Moths) de John Frankenheimer : Joe Browdy
- 1969 : La Descente infernale (Downhill Racer) de Michael Ritchie : Eugene Claire
- 1969 : Les Naufragés de l’espace (Marooned) de John Sturges : Buzz Lloyd
Années 1970 : l’explosion au cinéma et l’Oscar
- 1970 : Je n’ai jamais chanté pour mon père (I Never Sang for My Father) de Gilbert Cates : Gene Garrison (nomination à l’Oscar du meilleur second rôle)
- 1971 : Femmes de médecins (Doctors’ Wives) de George Schaefer : Dr Dave Randolph
- 1971 : Les Charognards (The Hunting Party) de Don Medford : Brandt Ruger
- 1971 : French Connection de William Friedkin : Jimmy « Popeye » Doyle (Oscar du meilleur acteur)
- 1972 : Cisco Pike de Bill L. Norton : Sgt Leo Holland
- 1972 : Carnage (Prime Cut) de Michael Ritchie : Mary Ann
- 1972 : L’Aventure du Poséidon (The Poseidon Adventure) de Ronald Neame : Révérend Frank Scott
- 1973 : L’Épouvantail (Scarecrow) de Jerry Schatzberg : Max Millan (Palme d’or à Cannes)
- 1974 : Conversation secrète (The Conversation) de Francis Ford Coppola : Harry Caul (Palme d’or à Cannes)
- 1974 : Zandy’s Bride de Jan Troell : Zandy Allan
- 1974 : Frankenstein Junior (Young Frankenstein) de Mel Brooks : Harold, l’aveugle
- 1975 : French Connection 2 de John Frankenheimer : Jimmy « Popeye » Doyle
- 1975 : La Fugue (Night Moves) d’Arthur Penn : Harry Moseby
- 1975 : La Chevauchée sauvage (Bite the Bullet) de Richard Brooks : Sam Clayton
- 1975 : Les Aventuriers du Lucky Lady (Lucky Lady) de Stanley Donen : Kibby Womack
- 1977 : La Théorie des dominos (The Domino Principle) de Stanley Kramer : Roy Tucker
- 1977 : Un pont trop loin (A Bridge Too Far) de Richard Attenborough : Major général Stanisław Sosabowski
- 1977 : Il était une fois la Légion (March or Die) de Dick Richards : Major William Sherman Foster
- 1978 : Superman de Richard Donner : Lex Luthor
Années 1980 : acteur confirmé et star du box-office
- 1980 : Superman 2 de Richard Lester : Lex Luthor
- 1981 : La Vie en mauve (All Night Long) de Jean-Claude Tramont : George Dupler
- 1981 : Reds de Warren Beatty : Pete Van Wherry
- 1983 : Under Fire de Roger Spottiswoode : Alex Grazier
- 1983 : Second Chance (Two of a Kind) de John Herzfeld : Dieu (voix, non crédité)
- 1983 : Retour vers l’enfer (Uncommon Valor) de Ted Kotcheff : Colonel Jason Rhodes
- 1983 : Eureka de Nicolas Roeg : Jack McCann
- 1984 : Besoin d’amour (Misunderstood) de Jerry Schatzberg : Ned Rawley
- 1985 : Soleil d’automne (Twice in a Lifetime) de Bud Yorkin : Harry MacKenzie
- 1985 : Target d’Arthur Penn : Walter Lloyd / Duncan Potter
- 1986 : Les Coulisses du pouvoir (Power) de Sidney Lumet : Wilfred Buckley
- 1986 : Le Grand Défi (Hoosiers) de David Anspaugh : Coach Norman Dale
- 1987 : Superman 4 (Superman IV : The Quest for Peace) de Sidney J. Furie : Lex Luthor
- 1987 : Sens unique (No Way Out) de Roger Donaldson : David Brice
- 1988 : Air Force Bat 21 (Bat 21) de Peter Markle : Lt-colonel Iceal Hambleton
- 1988 : Mississippi Burning d’Alan Parker : Agent Rupert Anderson (nomination à l’Oscar du meilleur acteur)
- 1989 : Opération Crépuscule (The Package) d’Andrew Davis : Sgt Johnny Gallagher
Années 1990 : la consécration et un second Oscar
- 1992 : Impitoyable (Unforgiven) de Clint Eastwood : Little Bill Daggett (Oscar du meilleur second rôle)
- 1993 : La Firme (The Firm) de Sydney Pollack : Avery Tolar
- 1993 : Geronimo de Walter Hill : Brigadier général George Crook
- 1994 : Wyatt Earp de Lawrence Kasdan : Nicholas Earp
- 1995 : Mort ou vif (The Quick and the Dead) de Sam Raimi : John Herod
- 1995 : USS Alabama (Crimson Tide) de Tony Scott : Cmdt Frank Ramsey
- 1995 : Get Shorty de Barry Sonnenfeld : Harry Zimm
- 1996 : Birdcage de Mike Nichols : Sénateur Kevin Keeley
- 1998 : Ennemi d’État (Enemy of the State) de Tony Scott : Edward « Brill » Lyle
Années 2000 : les adieux au cinéma
- 2000 : Suspicion (Under Suspicion) de Stephen Hopkins : Henry Hearst
- 2001 : La Famille Tenenbaum (The Royal Tenenbaums) de Wes Anderson : Royal Tenenbaum
- 2001 : Braquages (Heist) de David Mamet : Joe Moore
- 2003 : Le Maître du jeu (Runaway Jury) de Gary Fleder : Rankin Fitch
- 2004 : Bienvenue à Mooseport (Welcome to Mooseport) de Donald Petrie : Monroe Cole
Illustration : DR
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3 réponses à “Gene Hackman, un des derniers géants d’Hollywood s’en est allé”
Les Marines ne meurent pas ! Ils montent au ciel et se regroupent. Et Marines un jour, Marines toujours! RIP Brother ! Semper Fi !
Dans votre récension vous avez oublié « Les Pleins Pouvoirs » film de, et avec, Clint Eastwood dans lequel il tient le rôle (excellent) du Président, pourri et sans moral, des Etats-Unis.
je ne sais même pas combien de fois j’ai regardé missipo burning et ennemi d’état, du grand, du très très grand cinéma, comme hélàs il n’en existe plus