Élections en Allemagne : la montée du populisme rebat les cartes politiques en Europe

Les élections allemandes de ce dimanche ont marqué un tournant majeur dans le paysage politique européen. Elles confirment une tendance de fond : l’effondrement des partis traditionnels de droite et de gauche au profit d’un courant populiste grandissant, reflet d’une exaspération populaire face aux élites en place. Si même l’Allemagne, cœur économique et politique de l’Union européenne, ne parvient pas à contenir cette révolte électorale, quelles chances ont les autres États de le faire ?

Une victoire en trompe-l’œil pour la CDU de Friedrich Merz

Le leader de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich Merz, a tenté de présenter la victoire de son parti comme « historique », après avoir obtenu 28,5 % des suffrages. Pourtant, ce score est loin d’être un triomphe. C’est le deuxième plus mauvais résultat de la CDU/CSU dans une élection nationale allemande, avec seulement 4 points de plus que son pire score enregistré lors du scrutin précédent. Quant au Parti social-démocrate (SPD) du chancelier sortant Olaf Scholz, il s’effondre à 16,4 %, son plus bas niveau historique.

Mais le véritable bouleversement vient d’ailleurs : Alternative für Deutschland (AfD), parti national-populiste de droite, arrive en deuxième position avec 20,8 % des voix, soit un doublement de son score. En parallèle, la gauche radicale progresse aussi légèrement avec 8,8 %. Cette percée de l’AfD, réalisée lors d’un scrutin marqué par une participation record de plus de 80 %, témoigne d’un engouement populaire croissant pour un changement de cap radical.

L’échec des tentatives d’isolement de l’AfD

Depuis plusieurs années, l’establishment politique et médiatique allemand s’évertue à diaboliser l’AfD, le qualifiant de parti d’extrême droite, voire de néo-nazi, et tentant par tous les moyens de l’isoler. Certaines voix ont même réclamé son interdiction. Mais plus de 10 millions d’électeurs allemands ont refusé de se plier à cette stratégie d’intimidation et ont choisi de voter pour l’AfD.

Loin des caricatures médiatiques, le parti populiste a réussi à élargir sa base électorale, séduisant aussi bien les jeunes générations que des électeurs de l’Ouest allemand, historiquement plus modérés. Ce n’est plus uniquement un vote de protestation : c’est un vote d’adhésion à une alternative politique.

Face à ce raz-de-marée populiste, les élites politiques ont préféré détourner l’attention en pointant du doigt une prétendue « interférence étrangère ». Des responsables allemands ont notamment accusé Elon Musk, patron de X et proche de Donald Trump, d’avoir favorisé la montée de l’AfD à travers ses tweets critiques du gouvernement allemand. Une tentative maladroite de nier la réalité : les électeurs n’ont pas besoin d’un milliardaire américain pour constater les effets délétères de la politique menée en Allemagne.

Les vraies causes du basculement populiste

Les résultats de l’AfD traduisent un rejet massif de deux grandes orientations politiques imposées aux Allemands ces dernières années :

  1. La crise migratoire : La CDU et le SPD, sous l’impulsion d’Angela Merkel, ont ouvert les frontières à une immigration massive, principalement en provenance de pays musulmans, bouleversant l’équilibre culturel et social du pays. De nombreux électeurs, excédés par l’insécurité et la pression exercée sur le marché du travail, rejettent cette politique.

  2. Le désastre économique du Green Deal européen : La politique de « Net Zero » imposée par Bruxelles et relayée par Berlin a provoqué un effondrement du secteur industriel allemand. La transition énergétique à marche forcée, combinée aux sanctions contre la Russie et à l’arrêt du nucléaire, a fait exploser les coûts de l’énergie et plongé des millions d’Allemands dans la précarité.

En 1990, lors des premières élections après la réunification, la CDU et le SPD totalisaient ensemble plus de 80 % des voix. Aujourd’hui, ces deux piliers de la politique allemande peinent à atteindre 44 % à eux deux. Même en 2013, Angela Merkel obtenait encore 41,5 % des suffrages avec son parti. Mais à l’époque, l’Allemagne n’avait pas encore subi les effets de la mondialisation sauvage et de l’immigration incontrôlée.

L’AfD incarne une insurrection démocratique contre un système qui n’offre plus de réponses aux préoccupations des citoyens.

Vers une coalition de l’immobilisme ?

Malgré ce séisme électoral, tout porte à croire que l’Allemagne poursuivra sur la même voie. Une nouvelle « grande coalition » CDU-SPD, éventuellement élargie aux Verts, pourrait voir le jour. Un gouvernement qui ne reflèterait en rien le vote populaire, mais qui viserait à exclure coûte que coûte l’AfD du pouvoir.

Friedrich Merz, en rejetant toute alliance avec l’AfD, montre que la CDU n’est plus un parti conservateur, mais un pilier de l’ordre établi. Une droite molle, qui préfère composer avec les Verts et les sociaux-démocrates plutôt que de proposer un projet véritablement souverainiste et enraciné.

L’Allemagne, dernier champ de bataille entre deux visions de l’Europe

Cette élection s’inscrit dans un contexte plus large : l’affrontement entre deux Europes.

  1. D’un côté, l’Europe des élites bruxelloises, prônant l’ouverture des frontières, le multiculturalisme, l’idéologie woke et les politiques économiques écologistes destructrices.
  2. De l’autre, l’Europe des peuples, où montent les revendications pour plus de souveraineté, une identité préservée et une gestion réaliste des questions économiques et migratoires.

Ce clivage dépasse l’Allemagne. L’Italie, la Hongrie, la Slovaquie et même la France voient émerger des forces politiques populistes, contestant l’ordre établi et dénonçant les ravages du mondialisme.

L’élection allemande n’est pas un simple scrutin national : c’est un nouveau chapitre de la grande révolte populiste qui redessine l’Europe.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025 dépêche libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

17 réponses à “Élections en Allemagne : la montée du populisme rebat les cartes politiques en Europe”

  1. Gaï de Ropraz dit :

    Je veux bien croire qu’il y ait une révolte populiste en Allemagne (Comme partout d’ailleurs) , mais il faut bien comprendre que l’ouverture des frontières, le multiculturalisme, l’idéologie woke et les politiques économiques écologistes que favorisent un grand nombre d’allemands est une erreur fondamentale , qui, immanquablement, entraîneront l’Europe dans le marasme.

    16
  2. Louis dit :

    Il serait temps que les peuples ouvrent les yeux, prennent les « Zélites » par la peau du cul et les foutent dehors. Un coup de tronçonneuse ! Fuera ! Fuera !

    15
  3. Jotglars 66 dit :

    Les élites et l’ Europe gouvernent à contre sens de leurs peuples avec un mépris total de leurs habitants. Il est donc normal que les partis dits  » populistes  » récoltent les voix du mécontentement général.

    8
  4. gautier dit :

    si tous les gars du monde ……. chacun regarde son ego, à la place de parler pour le bien des peuple !! De Gaulle revient vite !!

    5
  5. Mémé dit: dit :

    ça vient , ça vient , mais trop lentement pour empêcher l ‘ Europe de sombrer……….

    5
  6. Raymond Neveu dit :

    Hélas les patronats dont la vision du Monde se limite au bout de leur pif veut l’immigration! Merz que l’on surnomme Merz-cantile ne changera rien car c’est un ancien de Black Rock et il refuse une alliance avec la belle lesbienne de l’AFD.

    1
  7. Prétet Yvette dit :

    Je partage l’opinion de Gaï de Ropraz..Les  »Ecolos » représentent une minorité du peuple français et ce sont eux qu’on écoute! Ainsi, à Toulouse, une autoroute(l’A9) était presque terminée quand il fut décidé, sur les instances des Ecolos, de ne pas l’achever…Pourtant beaucoup de Français désiraient sa construction!… parmi ces Français citons notre présidente de région, Carole Delga…..sans compter le coût faramineux que la construction de cette autoroute a nécessité!……Les Ecolos ne sont bons qu’à embêter(je suis plie) le peuple français!….

    11
  8. Gaï de Ropraz dit :

    Merci Yvette ! On se rejoint kekpar, avec l’espoir ….. d’en rejoindre plusieurs !!!!

    0
  9. Gaï de Ropraz dit :

    @ Yvette : Merci Yvette ! On se rejoint kekpar, avec l’espoir ….. d’en rejoindre plusieurs !!!!

    0
  10. Michel dit :

    Taxer de populisme un vote quelconque est un non sens constitutionnel.
    Comme dans de nombreux pays , la constitution française prise en son article 3 alinéa 1 dispose que la souveraineté appartient au peuple. Et même qu’aucune fraction du peuple ne saurait s’en emparere (alinéa 2).
    Nos pseudoélites ont tout faux.
    Elles en viennent à créer un néologisme péjoratif pour discréditer de populaire on passe à populisme.

    2
  11. anonyme dit :

    Halte au feu.
    Dans la presse on peut lire qu’à la demande du futur chancelier allemand Frédérich Merz le Président français se dit prêt à «offrir la dissuasion nucléaire française» à l’Union européenne dirigée par une Allemande qui défend les intérêts de sa caste. Gaullistes où êtes-vous ?
    Là où le chancelier Otto von Bismarck, le Kaiser Guillaume II, le chancelier du Reich Adolf Hitler ont échoué il réussirait à faire passer sous commandement allemand les généraux 5 étoiles français avec à leur suite toute l’armée française. Tout l’enjeu est là.
    Ce serait une bien grande folie. Ayons une pensée respectueuse pour les millions de morts à la guerre qui n’avaient rien demandé, morts pour le pays mais morts pour rien.
    A l’heure où le vent de l’Histoire risque de se transformer en ouragan, les députés français voteront-ils les pleins pouvoir au Président comme leurs prédécesseurs l’avaient fait au maréchal Philippe Pétain en 1940 ?

    0
  12. Prétet Yvette dit :

    Je complète mon commentaire précédent en disant que  »Les Ecolos » ont fait des actions VIOLENTES pour empêcher la construction de l’A69!..Donc,en France, c’est LA VIOLENCE qui a gagné!…

    1
  13. anonyme dit :

    Halte au feu.(suite)
    La force de dissuasion nucléaire appartient à tous les Français et ne peut être confisquée par des politiques ou/et des militaires. Avant de penser à l’offrir à qui que ce soit il faut demander leur accord qui ne peut être obtenu que par référendum ; trop de feu et de sang coulé en dépendent.

    0
  14. anonyme dit :

    Donnez, donnez, Dieu vous le rendra.
    Les politiques nous ont vendu l’Union européenne comme garantie absolue de la paix des peuples.
    Les Allemands en ont pris le contrôle et l’Europe est menacée d’une guerre imminente qui risque de la dévaster.
    Se croyant dans une série de « Caméra café » entre collègues le Président français a proposé d’offrir à l’Union européenne la force de dissuasion nucléaire française.
    Rappelons que cette Union européenne est dirigée par une Allemande qu’aucun peuple n’a élu et que la force de dissuasion nucléaire a été entièrement payée par les contribuables français, pour quel coût ?
    Apprenant cette incroyable nouvelle Ursula van der Leyen, après le coup de poignard qu’elle a asséné dans le dos du Président français lors de la signature du traité du Mercosur, reste en état de sidération : Comment ces Français peuvent-ils être aussi … ?
    Nous Français, nous sommes comme cela. Tout ce que nous avons nous le donnons et quand nous n’avons plus rien à donner nous empruntons pour donner, donner encore. Cela nous donne une illusion de pouvoir.
    Dans toute relation saine, avant de donner, la seule question à se poser est : Je te donne mais si c’était toi qui devais me donner me donnerais-tu ?
    Qu’en est-il dans le cas présent ?

    0
  15. anonyme dit :

    Un amour fou.
    La force de dissuasion nucléaire française en cadeau pour les beaux yeux d’Ursula.
    Voilà un homme qui sait parler aux femmes.
    Rien que pour une telle générosité son nom devrait rester célèbre pour l’éternité.

    Pour vous détendre : lire les Yeux d’Elsa, Louis Aragon.

    0
  16. Hervé Brétuny dit :

    Nous avons l’impression d’être gouvernés par des gens qui ne nous représentent absolument pas .
    (France UE)
    et ils font tout pour confisquer le pouvoir avec des alliances « anti », de peur que le peuple prenne le pouvoir
    la question est : vont ils finir par s’écrouler ? ou va ton les laisser nous mener dans l’abime (guerre nucleaire ou plus surement en tout cas appauvrissement généralisé par ideologie woke et ecologie fondamentaliste ???

    0
  17. anonyme dit :

    A vot’ bon coeur.
    A l’école, nous avons tous appris que les guerres étaient la cause de grands malheurs pour les peuples et la ruine des pays.
    Nos dirigeants n’auraient-ils rien retenu ?
    Alors que notre pays est criblé de dettes, 3 000 000 000 000 euros, ils veulent se lancer dans la guerre en Ukraine.
    Avec quel argent ?
    Avec celui épargné par les Français parfois sur plusieurs générations,
    ou en continuant à emprunter, mais les taux d’intérêts grimpent à des sommets dissuasifs lorsqu’on est pauvre,
    ou en monnayant ce qui a de la valeur comme la force de dissuasion nucléaire,
    ou en devenant un état voyou en volant les avoirs russes ruinant ainsi la crédibilité du pays.
    Voilà où nous en sommes avec nos pointures politiques. Mais que restera-t-il de ce pays exsangue au-dessus duquel tournoient déjà des vautours affamés ?

    0

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

International

Elections en Allemagne. Vote par âge, par sexualité, par religion, par région…que retenir ?

Découvrir l'article

A La Une, International

Élections allemandes 2025 : Victoire des conservateurs, percée historique de l’AfD et fracture persistante entre Ouest et Est

Découvrir l'article

A La Une, International

Matthias Helferich et la recomposition politique allemande : enjeux et perspectives avant les élections du 23 février

Découvrir l'article

International

L’Allemagne face à la menace terroriste islamiste : une décennie de violences et d’échecs politiques

Découvrir l'article

International

Allemagne : un ministre vert s’en prend à Musk et Trump, plaidant pour plus de censure

Découvrir l'article

Immigration, International, Politique, Sociétal

Munich (Allemagne). Après l’attaque d’un Afghan ayant fait 2 morts, l’AfD privée de commémoration par les gauchistes et la police [Vidéo]

Découvrir l'article

Ensauvagement, Immigration, International, Sociétal

Munich (Allemagne). Un migrant afghan fonce dans la foule en voiture : 28 blessés [Vidéo]

Découvrir l'article

International, Politique

Offensive des Patriots for Europe à Madrid : vers une nouvelle ère pour l’Europe ?

Découvrir l'article

International

Allemagne : Merkel refuse de reconnaître sa responsabilité dans le chaos migratoire

Découvrir l'article

International

Élections en Allemagne. Sahra Wagenknecht (BSW) s’attaque au Green Agenda et à l’immigration de masse

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Clicky