La réforme foncière en Afrique du Sud continue d’être un sujet de discorde majeur, aussi bien sur le plan national qu’international. Avec la signature d’un décret par Donald Trump dénonçant les confiscations de terres agricoles appartenant à des Blancs et l’arrêt de 440 millions de dollars d’aide américaine au pays, la question de la redistribution des terres refait surface avec force. Alors que le gouvernement sud-africain entend accélérer le processus d’expropriation officiellement pour corriger les inégalités historiques héritées de l’apartheid, des experts remettent en question la véracité des chiffres souvent avancés et alertent sur les risques économiques d’une réforme mal menée.
Une réforme foncière controversée et une loi qui divise
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a récemment promulgué une loi sur l’expropriation, permettant la confiscation de terres privées si cela est jugé conforme à « l’intérêt public ». Présentée comme une réponse à la promesse faite par l’ANC en 1994 de redistribuer la terre aux populations noires, cette loi suscite néanmoins des inquiétudes. Certains membres de la coalition gouvernementale dénoncent une atteinte au droit de propriété et envisagent de contester la législation devant les tribunaux.
L’une des idées largement répandues est que 80 % des terres agricoles seraient encore détenues par des Blancs, tandis que seulement 4 % appartiendraient à des Noirs, qui représentent pourtant 80 % de la population sud-africaine. Ces statistiques sont souvent utilisées pour justifier une politique d’expropriation massive, mais des chercheurs sud-africains spécialisés en économie agricole estiment qu’elles sont biaisées.
Une répartition des terres plus équilibrée que prétendu ?
Johann Kirsten et Wandile Sihlobo, deux économistes de l’université de Stellenbosch, contestent la vision d’une réforme foncière en échec total. Selon leurs recherches, la redistribution des terres serait bien plus avancée que ce qui est généralement admis. Contrairement à l’idée que seulement 8 % des terres agricoles ont changé de mains depuis 1994, leurs travaux montrent que ce chiffre s’élève à environ 30 %.
Ils soulignent que de nombreuses exploitations agricoles détenues historiquement par des Blancs ont déjà été acquises par des Sud-Africains noirs, soit via des programmes gouvernementaux de redistribution, soit par des transactions privées. Depuis la fin de l’apartheid, 7,2 millions d’hectares ont été transférés par le biais de politiques de restitution, tandis que 2 millions d’hectares ont été achetés par des Noirs sans l’aide de l’État.
En 1994, les fermiers blancs possédaient environ 80 millions d’hectares de terres agricoles en pleine propriété. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à environ 60 millions d’hectares. Si ces terres représentent toujours 78 % des surfaces agricoles privées, elles ne couvrent plus que 50 % du territoire sud-africain.
L’ombre du Zimbabwe plane sur l’Afrique du Sud
L’opposition et certains économistes rappellent les conséquences désastreuses de la réforme foncière radicale menée par le Zimbabwe voisin au début des années 2000. Sous la présidence de Robert Mugabe, les fermes détenues par des Blancs avaient été saisies et redistribuées à des partisans du régime, souvent sans compétences agricoles suffisantes. Résultat : une crise alimentaire majeure, une hyperinflation catastrophique et un effondrement économique dont le pays peine encore à se relever, puisque les Noirs ont été incapables de faire aussi bien que les Blancs.
La question foncière s’inscrit également dans un contexte de tensions raciales et politiques exacerbées. Les discours radicaux de partis comme les Combattants pour la liberté économique (EFF) prônent une expropriation sans compensation, attisant les craintes des communautés agricoles blanches.
L’intervention de Donald Trump et d’Elon Musk dans ce débat semble pouvoir sauver les Blancs d’Afrique du Sud. L’ancien président américain a offert l’asile aux Afrikaners blancs, estimant qu’ils étaient persécutés par l’ANC, tandis qu’Elon Musk a dénoncé les politiques de discrimination positive mises en place en Afrique du Sud comme étant « racistes ». Ces déclarations ont été vivement critiquées par le gouvernement sud-africain, qui les considère comme une ingérence injustifiée.
En choisissant la voie du racisme anti-blanc et de l’expropriation de ceux qui font la richesse agricole du pays, l’Afrique du Sud pourrait rapidement plonger économiquement, et redevenir « Un pays africain comme un autre » alors même que cette terre fût terre de prospérité économique il y a encore quelques décennies. Vouloir « Kille the Boer » comme chantent certains leaders politiques appréciés par les Noirs en Afrique du Sud, c’est une chose, encore faut-il avoir les capacités intellectuelles, physiques et matérielles, d’exploiter la terre que l’on prétend voler.
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