Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait pu s’emparer facilement de la présidence de l’UMP. Il est possible que Retailleau réussisse la même opération : Beauvau + LR.
On va donc assister au duel Laurent Wauquiez-Bruno Retailleau pour la présidence du parti Les Républicains. Si le premier a le temps de sillonner les fédérations et de boire un coup avec les adhérents les plus motivés, le second « bénéficie par sa fonction d’une tribune quasi quotidienne dans les médias pour défendre ses positions à l’occasion du moindre fait divers ou de la moindre situation de crise » (Le Journal du dimanche, 16 février 2025). Les 35 000 adhérents auront donc à choisir entre un homme qui représente la droite “de combat“ (comme Chirac) et un conservateur qui défend des valeurs traditionnelles. Mais tous les deux sont des libéraux et des membres éminents du Système.
« Une campagne interne, c’est sain. Non seulement c’est le signe d’une vitalité, l’occasion de débattre, mais c’est un formidable levier pour attirer les adhésions. Quatre-vingt-dix jours avant l’élection, cela donne le temps et l’envie d’adhérer pour participer au choix final », explique Franck Louvrier (LR), maire de La Baule (Le Journal du dimanche, 16 février 2025). L’expérience nous apprend également que, pendant la campagne, les entourages multiplient les coups bas ; comme par hasard, les vacheries, et quelquefois les “dossiers“, apparaissent ici et là – par exemple dans Le Canard enchaîné. En attendant, on attend « le très prometteur combat Wauquiez-Retailleau, qui rappelle les riches heures de l’affrontement Fillon-Copé en 2012 » (Le Canard enchaîné, 19 février 2025).
Si les adhérents se comportent de la même manière que l’ensemble des Français, on peut pronostiquer la victoire de Bruno Retailleau – c’est ce que nous montrent les sondages. Au classement des personnalités politiques (Ifop-Fiducial, Paris Match, 23 janvier 2025), Bruno Retailleau occupe la neuvième place (45 % de bonne opinion) alors que Laurent Wauquiez apparaît seulement à la vingt-et-unième place (39 % de bonne opinion). Au baromètre Verian (Le Figaro Magazine, 31 janvier 2025), 33 % des personnes interrogées souhaitent voir Bruno Retailleau « jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir » ; elles ne sont que 18 % à le souhaiter pour Wauquiez. « Si cette personnalité politique devenait président de la République en 2027, seriez-vous satisfait ou mécontent », demande Ipsos (La Tribune Dimanche, 16 février 2025). Réponse : 29 % seraient satisfaits pour Bruno Retailleau (contre 37 % de mécontents), alors que seulement 12 % le seraient pour Laurent Wauquiez (contre 51 % de mécontents). Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop, souligne la capacité du ministre de l’Intérieur « à séduire les sympathisants du bloc central et du RN » (Le Télégramme, jeudi 13 février 2025).
Tout le monde sait que les professionnels de la politique savent lire les enquêtes d’opinion ; c’est leur boussole. En Bretagne, ils sont plusieurs à avoir annoncé leur soutien à Bruno Retailleau : Laurent Dejoie (président de la fédération LR de Loire-Atlantique), Laurence Garnier (sénatrice de Loire-Atlantique), Philippe Paul (sénateur du Finistère), Alain Cadec (sénateur des Côtes-d’Armor), Agnès Le Brun (ancienne maire de Morlaix), Muriel Jourda (sénatrice du Morbihan). Reste à connaître la position de Maël de Calan (président du conseil départemental du Finistère), de David Lappartient (président du conseil départemental du Morbihan), de Corentin Le Fur (député de Loudéac), de Jean-Luc Bourgeaux (député de Saint-Malo), de Dominique de Legge (sénateur d’Ille-et-Vilaine).
Bernard Morvan
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