Brest : Pierre-Yves Cadalen (LFI) déçoit ses amis

Nazim Yenier pourrait créer la surprise aux prochaines élections municipales à Brest. D’abord en montant une liste (55 personnes), ensuite en secouant le cocotier. Il est en effet parti en croisade contre la délinquance, question qui n’intéresse pas Pierre-Yves Cadalen (LFI)

Aux élections municipales, il y a les gens que l’on attend, mais aussi ceux qui sortent du bois tout d’un coup et que l’on ne voyait pas venir. A Brest, dans la première catégorie, à gauche, on va trouver Yohann Nédélec, Xavier Hamon, Yann Guével, Glen Dissaux… A droite, Stéphane Roudaut, Franck Desombres, Bernadette Malgorn, Jean-Charles Larsonneur… Dans la seconde apparaît subitement Nazim Yenier qui dirige un collectif dénommé “Les bergers du quartier“ ; on ne lui connaît pas de lien particulier avec les partis et, jusqu’à maintenant, son ambition ne dépassait pas les limites des « quartiers populaires ». Il s’était fait connaître en 2023 ; le 22 mars, Cécile Le Lirzin, une femme de 84 ans, était tuée rue Corot à Pontanézen, en traversant le passage piéton après avoir vidé ses poubelles. Elle était victime d’un rodéo urbain (deux jeunes de 16 ans à moto). Un an plus tard, Laurence Le Lirzin, la fille de l’octogénaire, « se dit abandonnée par les pouvoirs publics (« faux » dit la mairie), avec, pour quasi seul soutien, Nazim le berger. Lequel pointe le maintien dans le quartier des auteurs présumés, dans l’attente du jugement. » (Le Télégramme, Brest, jeudi 8 février 2024). Effectivement, Laurence Le Lirzin avait le droit d’espérer que les auteurs de l’accident ne résideraient plus dans le quartier. « Je les croise souvent, c’est difficile », dit-elle (Le Télégramme, Brest, vendredi 9 février 2025).

L’arme de Nazim Yenier : faire le buzz sur le net. En guerre contre François Cuillandre et la municipalité qui lui reprochent d’appartenir à la fachosphère : « Qui se cache derrière le masque du berger ? Entre nous, l’extrême droite turque la plus violente qui puisse exister », affirme le maire lors d’une réunion du conseil municipal (Le Télégramme, Brest, jeudi 8 février 2024). Des propos que Nazim Yenier jugent « injurieux » ; il engage donc une procédure de citation directe pour diffamation. Le tribunal de Brest condamne François Cuillandre à une amende de 1 000 euros pour injure publique (Le Télégramme, vendredi 27 septembre 2024). Evidemment, il annonce qu’il fera appel. Réponse du « berger » lorsqu’on le traite de « facho » :  « Le vrai fascisme, c’est de faire régner l’ordre par la peur. Dans les quartiers, les dealers imposent le silence aux habitants ou brûlent leurs voitures. Ce sont eux les fachos », répond-il (Le Télégramme, jeudi 8 février 2024).

Mettre de l’ordre dans les HLM

Mais voilà que notre homme déclare s’intéresser aux prochaines élections municipales. « C’est un projet embryonnaire, je ne suis pas encore candidat. Mais comme tout citoyen brestois, j’ai le droit d’y réfléchir, et en effet j’y réfléchis. Les sièges municipaux ne sont pas le bien privé de M. Cuillandre et de ses amis depuis plus de vingt ans », explique-t-il (Le Télégramme, Brest, samedi 15 février 2025) Yenier met immédiatement les pieds dans le plat : « J’ai envie d’y aller en mobilisant des personnes qui sont concernées au premier chef par l’ambiance catastrophique qui règne dans les HLM à Brest. » Si Yenier est élu maire, ça va barder : « Moi, maire de Brest, ceux qui sont condamnés par la justice pour des faits répréhensibles comme les squats, deals, rodéos, ou feux d’artifice sauvages, dégradations des bâtiments publics ou du mobilier urbain, ne feraient pas long feu dans les logements HLM. Un rappel à la loi, éventuellement, deux, et au troisième, ils dégagent définitivement. » Pas question d’envisager une alliance avec le Rassemblement national ou avec la droite. : « Moi, je suis indépendant, et je n’ai pas l’intention d’obéir à des ordres venus de Paris. » (Le Télégramme, Brest, samedi 15 février 2025)

Voilà un discours auquel on n’est pas habitué – même les gens du RN n’oseraient pas en dire autant de peur d’être traités de “racistes“. Le plus “surprenant“ est l’absence de réactions chez les élus de gauche après de pareils propos. Mais s’attaquer à ceux qui foutent le bordel dans les quartiers dits “populaires“, c’est s’en prendre à des immigrés. Donc pas de protestations provenant de l’hôtel de ville (PS), pas de hurlements du côté de LFI. Pierre-Yves Cadalen (LFI) nous a habitué à mieux… On l’a connu plus réactif… Toujours prêt à défendre les immigrés… Il a un faible pour les taulards ; il veut « veiller à la protection des droits humains qui doit aussi s’exercer ici », déclare-t-il au cours d’une visite de la prison de Brest (Le Télégramme, Brest, samedi 21 septembre 2024). Malheureusement la situation de Laurence Le Lirzin ne l’intéresse pas – c’est une Bretonne… Quant à Nazim Yenier, il est “intouchable“ ; en effet il est Turc (né à Izmir, naturalisé français en 2014), ce qui lui fournit une armure protectrice et empêche le lobby immigrationiste brestois de lui faire sa fête.

Les Insoumis feraient de bons conseillers municipaux d’opposition

En 2020, Pierre-Yves Cadalen était tête de liste LFI. Au premier tour de ces élections municipales, sa liste « Brest à venir ! » avait obtenu 2 189 voix (7,13 %). Résultat peu brillant puisqu’il arrivait en cinquième position alors que la liste conduite par le maire sortant François Cuillandre (PS) faisait la course en tête (8 146 voix, 26,54 %). « Claque aussi pour l’Insoumis Pierre-Yves Cadalen, avec 7,13 %. » (Le Télégramme, lundi  16 mars 2020) ; en effet n’ayant pas atteint les 10 % des suffrages exprimés, il ne peut pas se maintenir au second tour. Le cumul maire-député étant impossible, il se contentait d’affirmer il y a trois  mois : « Ma priorité, c’est le mandat de député que les habitants m’ont confié (…) Il y a 55 noms sur les listes à Brest, et je serai présent à la façon dont le collectif le décidera. » (Le Télégramme, Brest, mardi 22 octobre 2024). Avec le « collectif », peut-être envisageait-il une liste “Nouveau Front populaire“ avec les socialistes et les écologistes. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts puisque, pour Jean-Luc Mélenchon, il n’est plus question de poursuivre l’association avec le PS : « Ce ne sont plus nos alliés (…) Nous devons tourner la page d’une alliance toxique. On ne peut avoir pour alliés des gens qui ont pour activité principale de nous tirer dans le dos. Je me suis lourdement trompé sur un point : les socialistes n’ont jamais eu l’intention d’être des partenaires. Ils voulaient juste profiter de nous. » (La Tribune Dimanche, 16 février 2025) Dans ces conditions, Cadalen et ses copains devront faire cavalier seul aux prochaines élections municipales. Certes Cadalen peut expliquer qu’il est « membre d’un mouvement porteur des idéaux inscrits dans notre devise républicaine » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 18 janvier 2025), mais ça ne suffit pas pour gagner les élections municipales.

Même si nous avons affaire à deux compétitions différentes, on peut tout de même noter qu’aux élections européennes de juin 2024, à Brest, la liste conduite par Manon Aubry (LFI) n’occupait que la quatrième place (5 390 voix, 12,14 %), derrière Raphaël Glucksmann (9 807 voix, 22,08 %), Jordan Bardella (9 350 voix, 21,06 %) et Valérie Hayer (6 159 voix, 13,87 %). Voilà qui n’est pas encourageant. D’autant plus que la locomotive Méluche manque de carburant en ce moment. A la question « Si cette personnalité politique devenait président(e) de la République en 2027, seriez-vous satisfait(e) ou mécontent(e) ? », 15 % des personnes interrogées répondent “satisfaits“ et 70 % “mécontents“ (Ipsos, La Tribune Dimanche, 16 février 2025).

Bernard Morvan

Crédit photo : DR
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