La Guardia Civil espagnole a mis au jour un tunnel souterrain reliant clandestinement le Maroc à la zone industrielle de Tarajal, à Ceuta. Cette découverte, qui s’inscrit dans la troisième phase de l’opération « Hadès », confirme l’existence d’un vaste réseau de trafic de drogue entre le Maroc et l’Espagne, impliquant des organisations criminelles et des complicités au sein des institutions. Un scandale de plus qui illustre l’incapacité des autorités à stopper l’industrialisation du narcotrafic en Europe.
Un tunnel utilisé pour inonder l’Espagne de drogue
D’après les informations révélées par le ministère espagnol de l’Intérieur et le journal El Mundo le 19 février, ce tunnel partait d’un entrepôt industriel abandonné, situé dans la zone de Tarajal, pour atteindre le territoire marocain, facilitant ainsi l’introduction de grandes quantités de haschisch en Espagne sans éveiller les soupçons. Les criminels ont utilisé des engins de chantier à l’intérieur du bâtiment pour creuser cette infrastructure en toute discrétion, sans que personne ne puisse s’en apercevoir.
L’article du ministère espagnol de l’Intérieur précise que la cavité souterraine découverte mesure environ 12 mètres de profondeur et que la galerie est renforcée par du bois, indiquant un travail de construction méthodique et bien organisé. La drogue était ensuite transportée dans des camions, cachée dans des compartiments secrets, et expédiée vers la péninsule ibérique via le port de Ceuta.
Cette méthode sophistiquée met en lumière la faillite des dispositifs de surveillance aux frontières, qui, malgré les moyens investis, restent poreux face à la détermination des réseaux criminels.
Un réseau criminel sous enquête, des complicités dénoncées
L’opération « Hadès », qui a permis cette découverte, est en cours depuis plusieurs mois. Elle vise des organisations spécialisées dans le trafic de drogue à grande échelle. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, 14 arrestations ont déjà eu lieu en trois semaines, dont deux agents de la Guardia Civil soupçonnés d’avoir facilité le passage des cargaisons.
L’enquête, menée par le Tribunal Central d’Instruction n°3 de l’Audience Nationale et le Bureau du Procureur Spécial Anti-drogues, ne fait que révéler l’ampleur du problème : des complicités policières auraient permis aux trafiquants d’exploiter Ceuta comme un véritable hub du narcotrafic. El Mundo rapporte que le député du parti local MDyC (Mouvement pour la dignité et la citoyenneté), Mohamed Ali Duas, ainsi que plusieurs fonctionnaires locaux sont également impliqués, aggravant ainsi le soupçon de corruption.
L’arrestation d’élus et de membres des forces de l’ordre soulève de graves questions sur l’état des institutions espagnoles dans la lutte contre le trafic de drogue.

Le tunnel entre Ceuta et le Maroc. Source : interior.gob.es
Ceuta, porte d’entrée du narcotrafic : une impuissance manifeste ?
Cette affaire rappelle une fois de plus le rôle clé de Ceuta dans les flux de drogue vers l’Europe. Située à la frontière entre le Maroc et l’Espagne, cette enclave constitue une porte d’entrée privilégiée pour les trafiquants, qui exploitent les failles des contrôles douaniers pour acheminer leurs marchandises vers le continent.
Les révélations de cette nouvelle opération antidrogue montrent l’existence d’un système sophistiqué de contrebande. Face à cela, la réaction des autorités reste d’une faiblesse inquiétante. Malgré les arrestations et les démantèlements ponctuels, le problème ne cesse de croître, alimenté par la demande massive de drogue en Europe et la corruption de certaines élites locales. Combien de temps encore l’Europe acceptera-t-elle d’être une passoire face au narcotrafic ?
Crédit photo : capture site ministère espagnol de l’Intérieur (photo d’illustration)
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6 réponses à “Trafic de drogue. Un tunnel clandestin découvert entre le Maroc et Ceuta (Espagne) ! [Vidéo]”
Le cancer de la drogue étend ses métastases et infiltre tout ( les pays européens, la corruption des instances étatiques, les financements occultes en politique etc ) Seules, des lois d’exceptions pourraient, peut-être, faciliter leur démantèlement mais le Code juridique actuel n’est plus adapté à la situation et le laxisme judiciaire voire politique ne facilite pas la tâche des policiers.
Le roi du Maroc était certainement »au courant » de l’existence de ce tunnel mais il a »fermé les yeux » car le haschisch fait rentrer des euros dans son pays…qui en a bien besoin depuis que les Français en sont partis!..
Que les espagnols rendent de petit bout de terre au Maroc , ils feront coup double en freinant le trafique de drogue et de clandestins , il leur coutent plus , qu’il ne rapporte réellement.
Les cartels sont devenus puissants. Ils peuvent corrompre des fonctionnaires au plus haut sommet de l’Etat et de l’UE. Si on ne réagit pas violemment, c’est eux qui prendront le pouvoir.
Vous affirmez que le roi du Maroc aurait été au courant de ce tunnel et qu’il aurait fermé les yeux, mais qu’en savez-vous au juste?
Ce qui est certain c’est qu’il y a des personnes corrompues parmi les autorités et les forces de l’ordre marocaines, achetées par l’argent de la drogue. Comme en France, les petits bonnets sont arrêtés mais pas les gros qui ont les moyens de payer.
Le trafic de drogue concerne le Rif, une région historiquement hostile au roi et indépendantiste, jadis espagnole. Le roi a hérité d’un problème complexe dont il n’est pas à l’origine et qu’il est difficile de démanteler. Pas évident non plus de remplacer la culture du hashish traditionnelle par autre chose dans cette région montagneuse difficile d’accès (il y a la pomme qui est réputée mais la rentabilité n’est évidemment pas la même).
Quand aux Français qui seraient partis en apauvrissant le pays, de quoi parlez-vous exactement ? Le protectorat s’est tout de même terminé il y a plus de 70 ans (après une durée de 40 ans)… Notez qu’il ne concernait pas la région du Rif, qui était espagnole.
Pour ce qui est de la période récente, il y a de nombreux Français installés au Maroc et il n’y a pas particulièrement de mouvement de départs, au contraire.
Notez que les Espagnols n’ont pas pris Ceuta au Maroc mais au Portugal qui possédait la ville depuis des siècles. C’est un peu plus complexe que ce que vous semblez en dire. Du côté espagnol il y a l’enclave de Gibraltar qui est beaucoup moins légitime et que les Britanniques n’ont aucune intention de rendre à l’Espagne…