Une version édulcorée du meurtre de Jean McConville ?
Dolours Price, qui faisait partie du commando clandestin de l’IRA connu sous le nom des « Unknowns », avait admis son rôle dans l’enlèvement de Jean McConville, accusée par l’IRA d’être une informatrice au service de l’armée britannique. Dans plusieurs interviews, notamment avec le journaliste Ed Moloney, elle a décrit comment elle avait transporté la mère de famille de Belfast à la frontière irlandaise, où elle aurait ensuite été exécutée.
Cependant, Martin Dillon remet en cause ce témoignage, affirmant que certaines déclarations de Price ne résistent pas à un examen approfondi et qu’elles visent à minimiser sa propre responsabilité. Il questionne notamment son affirmation selon laquelle McConville aurait été identifiée comme informatrice après la découverte d’un émetteur radio dans son appartement. « L’IRA n’a jamais produit de preuve de cet émetteur et les enfants de Jean McConville n’ont jamais vu un tel dispositif », souligne Dillon.
L’auteur évoque également les incohérences entourant le moment de l’exécution. Price a toujours affirmé qu’elle faisait partie d’un groupe de trois tireurs ayant exécuté McConville sur une plage de la côte de Louth. Toutefois, la manière dont elle relate l’événement manque de précisions, notamment sur les derniers instants de la victime. « Qu’a dit Jean lorsqu’elle a vu ses bourreaux ? Était-elle terrifiée ? A-t-elle supplié pour sa vie ? A-t-elle évoqué ses enfants ? A-t-elle prié ? » s’interroge Dillon, soulignant l’absence de détails émotionnels dans les récits de Price.
Marian Price impliquée dans l’exécution ? Un débat houleux
L’ouvrage s’intéresse également à l’accusation selon laquelle Marian Price, sœur de Dolours et elle aussi membre de l’IRA, aurait été l’une des exécutrices de McConville. Cette version est notamment avancée dans la mini-série Say Nothing, produite par Disney et inspirée du livre de Patrick Radden Keefe. Marian Price, qui nie toute implication, a intenté une action en justice contre Disney pour diffamation. « Notre cliente a été faussement liée à l’assassinat d’une mère innocente. Cette allégation est infondée », a déclaré son avocat.
De son côté, Patrick Radden Keefe maintient ses accusations, affirmant être « complètement certain » du rôle joué par Marian Price. Dillon, quant à lui, estime que rien ne permet d’authentifier formellement cette affirmation, soulignant le manque de preuves tangibles.
L’IRA a toujours justifié l’exécution de Jean McConville en l’accusant d’avoir fourni des informations aux forces britanniques. Cependant, sa famille a toujours fermement nié cette accusation.
Martin Dillon n’exclut pas totalement que McConville ait pu être contrainte par l’armée britannique de fournir des renseignements, mais il penche davantage vers l’hypothèse selon laquelle elle aurait été victime d’un climat de suspicion exacerbé au sein de la communauté nationaliste de Divis Flats, où elle vivait.
« Jean McConville était une veuve protestante d’un ancien soldat britannique et une « étrangère » venue d’une autre partie de Belfast. Elle a probablement été prise pour cible en raison de son manque de soutien à l’IRA », analyse Dillon.
Une affaire toujours aussi brûlante
Plus de 50 ans après les faits, le meurtre de Jean McConville reste une plaie ouverte dans l’histoire des Troubles. L’affaire continue de diviser l’opinion et de provoquer des tensions, notamment avec la sortie de la mini-série Say Nothing, qui remet en lumière l’un des assassinats les plus emblématiques du conflit nord-irlandais.
Les familles des Disparus – victimes de l’IRA exécutées en secret et enterrées dans des lieux anonymes – attendent toujours des réponses. La question demeure : Jean McConville était-elle une informatrice ou simplement une victime du climat de terreur qui régnait à Belfast dans les années 1970 ?
Avec la publication de The Sorrow and the Loss, Martin Dillon relance le débat et met en doute la version officielle défendue par certains anciens membres de l’IRA. Une bataille de la mémoire qui, à défaut de rendre justice aux victimes, rappelle que le passé du conflit nord-irlandais est loin d’être enterré
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches rédigée par la rédaction de breizh-info.com, parfois avec l’aide d’une Intelligence artificielle (correction, mise en forme). Dépêche libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine